Football La liste des cadres techniques nationaux au chômage ne cesse de s'allonger et, fait plus grave et alarmant, au terme de plusieurs limogeages ils sont oubliés sinon carrément rayés. Et ce traitement dur et souvent injuste intervient à un moment où leurs deux associations se battent pour la réhabilitation de l'entraîneur marocain. Baddou Zaki à peine confirmé dans ses fonctions d'entraîneur de la sélection nationale que l'Amicale de la corporation se fendait d'un communiqué enflammé pour se féliciter de la confiance de la FRMF placée dans le cadre technique du pays. Seulement, dans la même semaine, un autre coach de renom, ancien DTN engagé par le WAC, était remercié avant même le démarrage du championnat. Il était même débarqué le soir de sa première victoire avec son nouveau club avec une qualification en demi-finale de coupe d'Afrique à la clé. Au coup de sifflet de ce match, les dirigeants du Wydad, réunis en urgence prononçaient à une majorité écrasante sa déchéance. Devant la ferme volonté du comité de procéder à ce limogeage, le président du WAC, Nasreddine Doublali essayait d'atténuer le “choc” de cette éjection en offrant un poste à Rachid Taoussi dans l'encadrement technique du club. Mais personne n'est dupe. Taoussi a été “sacrifié” pour faire taire la meute des mécontents qui se recrutent chez les supporters, les adhérents et les… dirigeants. Explications. Alors que le coach étranger bénéficiera toujours de la confiance de cette même frange de mécontents, rien n'est pardonné à l'entraîneur marocain, catalogué rapidement “incompétent” à la première déconvenue. Et dans le cas de Rachid Taoussi, les reproches ont porté sur ses insuccès (à cause de penalties ratés) dans plusieurs matches (Coupe du Trône, tournoi Antifit et Coupe d'Afrique en match aller). Il n'en fallait donc pas plus pour lui infliger tous les camouflets malgré le soutien et la solidarité des joueurs. Déjà remercié par les FAR il y a deux saisons, le sympathique Rachid Taoussi est sur la voie de garage à perpétuité. Comme deux de ses illustres devanciers, Abdelkhalek Louzani et Abdallah Ajri dit Blinda, tout deux ex-entraîneurs des Lions de l'Atlas et coaches des plus grands clubs nationaux. Les deux techniciens précités, à forte personnalité, ne sont plus sollicités parce que craints par les dirigeants en quête, quand il s'agit d'un entraîneur local, d'un personnage docile et malléable pour accepter de composer quand il s'agit de prendre des recommandations pour des consignes strictes. Le coach étranger n'est pas soumis à ce genre de contrainte car il est perçu comme le sauveur, celui qui apporte sa science et sa connaissance dans un football sous-développé géré par des amateurs. Et c'est ainsi que l'on a vu toute sorte de techniciens charlatans débarquer et faire carrière dans le football national. D'aucuns ramènent cette attitude des dirigeants à un vieux réflexe de colonisés en béatitude devant des êtres appartenant à des nations civilisées donc forcément supérieures (sic). Depuis trois décennies, les grands clubs marocains (WAC, Raja, FAR, MAS) ne “fonctionnent” plus qu'avec l'entraîneur venu d'ailleurs. De même la sélection nationale si l'on veut bien excepter les intérims de circonstance assurés par des cadres locaux. Le dernier en date, Baddou Zaki n'a dû sa nomination qu'aux conditions actuelles politiques avec les élections législatives et donc de la crainte de la FRMF d'offrir l'occasion à un parti de sauter sur l'occasion pour en faire un sujet de campagne. N'a-t-on pas dit (et écrit) que le successeur du Portugais Humberto Cuelho était déjà trouvé en la personne d'un coach français, en l'occurrence Roger Lemerre, celui-là même qui avait conduit les Tricolores au Mondial 2002. Paraît-il que ce n'est que partie remise après les éliminatoires de la CAN 2004. A ce moment-là, Baddou Zaki ira grossir les rangs de la légion des laissés pour compte et les chômeurs.