C'est l'incarnation de ce qu'une ville peut exprimer en termes d'extension urbaine. Le quartier Maârif a une histoire qui chemine parallèlement à celle de Casablanca. La petite bourgade suburbaine est devenue, en un siècle, une ville à part entière et un centre important de Casablanca. Après avoir évoqué dans le numéro 511 les origines de cette aventure urbaine, nous vous proposons aujourd'hui de faire une pause pour décrire la vie telle qu'elle s'était développée durant les premières décennies. Les différentes allusions faites au quartier Maârif font état d'une véritable vie à la méditerranéenne. Plusieurs textes ont rendu hommage au Maârif, et ce sont d'anciens habitants qui ont décrit la bourgade d'antan comme les quartiers bariolés de Naples ou de Sicile. Ceci pour la grande communauté italienne qui a été à l'origine de la naissance du mythe Maârif. Les Espagnols, eux, le comparent à certaines zones de Barcelone. La même vie de village, autour d'un petit centre, le même esprit de voisinage qui en fait une conglomération presque indépendante. D'ailleurs, l'évolution du quartier en a fait aujourd'hui un centre à part entière qui se suffit à lui-même. Un axe bien défini Car l'une des particularités de la genèse du quartier Maârif est le soin qui a été mis pour en définir à la fois la naissance et l'évolution. Le Maârif existait déjà en 1912. Il est donc l'un des premières zones habitées de la ville en construction. Le plan Tardif, conçu par le géomètre Albert Tardif indique une route qu'il nomme route du Maârif, qui part de la Gare de Berrechid face au camp militaire 1, et près du parc de fourrage. Les archives laissées par Albert Tardif nous montrent que sur cette route se trouvait aussi le camp des Zouaves. Ce plan est la première esquisse du boulevard circulaire avant la construction du parc Lyautey. En 1922 cette route sera appelée avenue Guinemer. Elle s'étend jusqu´au croisement avec la rue du capitaine Hervé (cette dernière s'appellera rue d'Alger par la suite) à l'emplacement exact du Consulat d'Espagne aujourd´hui. À cette date, le quartier Maârif est bien tracé et le plan de voirie déjà en cours. Après la toute première migration provisoire, et à la suite du plan d´assainissement (le Maârif étant un marais insalubre au moment des pluies, ce que certains appelaient aussi la Venise de Casablanca) le peuplement se fit d'abord avec les premiers déménagements d'Espagnols et Italiens venus du quartier nommé la «Ferme Blanche» (Camp Espagnol, avant 1912).