D'autres faits viennent enfoncer le clou dans une ville où les dérapages dépassent de très loin tous les moyens mis en place pour les contrer. La ville marocaine occupée par l'Espagne est un bastion de la drogue, une plate-forme des réseaux de l'émigration clandestine et «un centre de formation et de recrutement des islamistes radicaux». Depuis plus de deux semaines, Sebta est au centre de la tourmente après les révélations sur le rôle joué par la ville dans les préparatifs des attentats de Madrid. Jamal Ahmidan, l'un des « artificiers des attaques de Madrid « y avait vécu, les frères Benyaïch, Rafa Zouheir, le confident de la Guardia Civil, les frères Oulad Akcha, Abdennabi Kounjaâ, Amer El Azizi, Lahcen Ikassieren, Pierre Robert, «l'émir aux yeux bleus», Abou Abderrahmane, Saâd Houssaïni et d'autres en ont fait un lieu de passage, une cachette et leur zone franche… C'est la ville-tampon pour les candidats au jihad, aux medersas coraniques de Peshawar et à la clandestinité en Europe. On s'en souvient encore de la décision de ce juge espagnol de mettre en détention pour appartenance à une organisation terroriste islamiste, le ressortissant marocain Redouane Ben Fraima, l'un des deux reclus de la prison de Sebta interpellés par la police espagnole dans l'enceinte du pénitencier en relation avec le terrorisme. Un coup de filet «intra muros» qui rappelle d'autres intervention comme l'opération Nova 1 et Nova 2 à Madrid et ses environs et dans plusieurs prisons en Espagne où beaucoup d'originaires de Sebta croupissent depuis longtemps. Selon une source proche de la direction des prisons en Espagne, le nombre des convertis de Sebta, après des peines allant jusqu'à trois ans pour trafic de haschich est «hallucinant». Dans cette même affaire, le deuxième détenu est un Espagnol d'origine marocaine, Redouane Ahmed Ali. On l'avait libéré dans un premier temps avant de réintégrer la prison de Sebta où il était incarcéré pour une affaire d'immigration clandestine. La boucle est bouclée. Drogue, immigration clandestine et radicalisme religieux. Et cela se passe à Sebta, dans l'enclave occupée par l'Espagne. Encore de quoi faire réfléchir le gouvernement espagnol devant cette connexion forte entre trois réseaux clandestins qui sont le plus grand danger qui guette la péninsule ibérique et par delà les frontrières, le voisin du Sud, le Maroc. Il était clair que les réseaux de trafiquants de drogue allaient se faire rattraper par d'autres activités criminelles. Sebta étant un terrain de jeu très apprécié, les narcotrafiquants se sont très vite rendus à l'évidence qu'il fallait partager ce même terrain de jeu avec d'autres formations criminelles pour, d'un côté, éviter les désagréments causés par la rivalité, d'un autre se payer les bonnes grâces des groupes islamistes qui fermeront l'œil sur le trafic de drogue. Il faut ajouter que les nouvelles alliances promettaient de faire fructifier les capitaux douteux du trafic. Sans oublier la raison principale qui réside en fait dans le grand projet du Maghreb concocté par les lieutenants de Ben Laden avec le Groupe islamique des combattants marocains et le Groupe islamique des combattants libyens visant à instaurer un grand émirat musulman allant du Maroc à la Libye. Dans la logique des trafiquants, en cas de victoire des islamistes et des groupes terroristes, ils auraient assuré dans la durée de bons rapports avec les nouveaux maîtres des lieux. Ce qui est une logique déjà expérimentée en Afghanistan où la culture du pavot avait ouvert les vannes du pouvoir au régime taliban. Sur le même registre, le trafic des émeraudes avait déjà financé les campagnes militaires contre l'armée rouge lors de la première grande guerre d'Afghanistan. Ceci n'étant pas le privilège des islamistes d'Al Qaïda, cette démarche est l'apanage de tous les groupuscules pseudos politiques qui préparent dans l'ombre des révolutions et autres cataclysmes géopolitiques. L'argent du haschich fructifié à Sebta se transforme selon plusieurs agents de la Guardia Civil en trafic de voitures. L'argent sert à la falsification des documents, l'achat de faux passeports, l'envoi de jeunes candidats vers l'Europe où ils sont très vite intégrés à des réseaux dormants. La suite de cette affaire fera sortir de vieux dossiers, nous dit-on du côté de l'audience nationale espagnole. D'abord, un décompte de tous les cas de détrenus pour drogue qui ont pu se convertir au radicalisme en prison. Selon les statistiques de la direction des prisons, ils sont nombreux à avoir tourné casaque au conatct d'autres détenus de droits communs. Il faut aussi, assure-t-on, coordonner avec d'autres polices dans d'autres pays pour centarliser les informations sur les recherchés dans le cadre du 16 mai et du 11 mars, les deux attentats qui ont frappé le Maroc et l'Espagne. Et surtout revoir les copies sur les accointances aujourd'hui avérées entre trafiquants de drogue et terroristes en puissance. Sans oublier un dernier point crucial, désenclaver les quartiers pauvres de Sebta et de Melilla pour éviter cette montée de rage qui est aussi le premier pas vers la radicalisation et la criminalité.