Trafic des êtres humains, cyber-criminalité et terrorisme ont été au centre des débats de l'Assemblée générale d'Interpol. Le rôle du Maroc dans la lutte contre le crime a été souligné. Interpol devrait entériner aujourd'hui, à Marrakech, la décision de renfoncer le rôle des centres régionaux de lutte contre la criminalité. Une telle mesure qui est sans doute la décision la plus importante de la 76ème session de l'Assemblée générale de l'organisation, permettra aux 185 pays membres de mieux coordonner leurs efforts en matière de lutte contre la criminalité. Le Maroc est directement concerné parce que touché par trois des plus importantes formes de criminalité au centre du débat de cette rencontre. Le pays est devenu non seulement une plate-forme de trafic d'êtres humains mais aussi une destination de l'émigration clandestine. Il est également touché par la cyber-criminalité et le trafic de drogue. En ce sens, déclare Ralph Markert, officier de renseignement criminel au secrétariat général de l'Interpol, l'organisation «collabore étroitement avec le Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine notamment via le BCN de Rabat». L'expert mondial a affirmé, par ailleurs, que «le danger que représentent ces réseaux criminels dépasse le simple cadre de l'immigration clandestine, puisque ces clandestins sont souvent exploités par d'autres réseaux à des fins diverses, dont la prostitution, la pédophilie et le crime organisé». «Le Maroc a, à ce jour, acquis une large expérience en matière de lutte contre le trafic de l'émigration», souligne Mohamed Mzabi, porte-parole de la DGSN. «Le pays a réussi, dans une large mesure, à réduire les flux de l'émigration vers l'Europe. Interpol peut compter, à cet effet, sur l'expérience et la collaboration marocaines en le domaine», affirme-t-il. Et d'ajouter que «l'expérience l'a montré, les principaux réseaux du trafic de l'émigration clandestine se trouvent en Espagne, sont gérés depuis l'Espagne et ont des ramifications dans les pays du Sahel et de l'Afrique subsaharienne». L'autre champ de criminalité qui préoccupe particulièrement le Maroc et dans lequel sa collaboration avec Interpol a été, à maintes reprises, mise en avant est celui du trafic des stupéfiants. Le pays est devenu au fil de ces dernières années un point de transit pour les drogues dures qui proviennent des pays de l'Amérique Latine, débarquent en Afrique de l'Ouest et transitent par le Maroc, pour être acheminées vers l'Espagne et l'Europe. «Les trafiquants de drogues dures ont essayé de faire du Maroc un passage vers l'Europe et d'y installer une base de transit, explique M. Mzabi. Mais grâce à l'expérience marocaine, nous avons réussi à démanteler plusieurs réseaux en collaboration avec Interpol». L'organisation s'emploie, en ce sens, à «renforcer cette lutte grâce notamment à son système de communication l'e-24/7», explique M. Mzabi. L'autre point sur lequel le Maroc entretient une coopération très étroite avec l'organisation mondiale et avec les polices de pays voisins, reste celui du terrorisme. Thème sur lequel la collaboration du Maroc avec l'organisme mondial est qualifiée d'exemplaire. Les trois sphères de criminalités s'entrecroisent souvent. Ainsi comme le souligne M. Markert, un autre danger réside dans le fait que les réseaux criminels du trafic de l'émigration clandestine «peuvent fournir à des organisations terroristes les documents volés et falsifiés dont ils peuvent disposer». Et d'ajouter qu'Interpol «veille en permanence sur cette question à travers sa base de données accessibles à ses membres où sont répertoriés quelque 15 millions de documents volés ou falsifiés». À noter que dans le cadre de cette organisation, une collaboration intensive a été instaurée avec les voisins et partenaires européens. Ainsi et à l'issue d'en entretien avec Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur, son homologue française Michèle Alliot-Marie a souligné l' «exemplarité» des relations entre les deux pays. «Le terrorisme est une préoccupation quotidienne pour nous, ainsi qu'à la lutte contre la criminalité organisée et le trafic de drogues», a-t-elle expliqué. Le Maroc dont la situation géographique l'y prédispose se trouve donc dans la ligne de mire de ces organisations criminelles et, de ce fait, a décidé de s'inscrire pleinement dans cette politique mondiale de lutte contre la criminalité. Pour l'heure, il apparaît dans les débats de cette assemblée générale qu'Interpol ne veut plus traquer la criminalité transnationale, mais l'anticiper.