Prévue pour vendredi dernier, une réunion dans l'urgence de la «widadiya hassania», l'Ordre des magistrats marocains à été reportée pour ce lundi. Ordre du jour : les déclarations de Abass El Fassi, le ministre d'Etat et le chef du PI. Du jamais vu ! Surtout que le bras de fer porte sur la moralité des juges vue sous le prisme de la moralité des politiques. Analyse. Sous d'autre cieux, cela aurait déclenché une vraie crise politique. Mais ce qui est en train de se passer actuellement entre des partis de la majorité et le département de la justice a l'allure d'un jeu où l'obscure le dispute au flou. De quoi s'agit il en fait ? Abbas El Fassi, ministre d'Etat et chef du PI n'a pas trouvé les mots assez durs pour traiter la justice dans ce pays. On lui fait dire, par presse interposée, que «la justice au Maroc n'est pas indépendante» Plus, «c'est une justice sous commandes et sous les ordres». Des propos qui, on ne le devine que trop, ne saurait passer sous silence. Les réactions, souvent critiques se suivent et se ressemblent. La plus marquante n'en demeure pas moins celle de l'Association des magistrats, «al widadia alhassania», l'Ordre, en quelque sorte des professionnels de la justice. Tournant De mémoire d'observateurs, jamais l'ordre des magistrats n'a été tout aussi preste et virulent à réagir. Et pour cause, c'est la première fois qu'un ministre d'Etat est dans son collimateur. Il est prévu que l'association tiendra ce matin même du lundi 25 décembre une réunion où elle statuera sur la question. Une source bien informée a déclaré à LGM que la réunion «prévue initialement pour vendredi dernier a été reportée au lundi, mais, elle se tiendra immanquablement sous le signe de l'escalade». Un bras de fer est à attendre dans les prochains jours sauf… intervention divine. En attendant, cette épreuve de force procède en fait d'un malaise bien plus profond et d'un imbroglio et l'affaire Abass El Fassi n'en est que le signe le plus significatif. Retour en arrière : suite à une décision conjointe entre les départements de la justice et de l'Intérieur, une circulaire est éditée pour contrecarrer les fraudes électorales notamment l'achat des voix lors du renouvellement du tiers de la chambre des conseillers, le 8 septembre dernier. Une chasse aux véreux est enclenchée, et des candidats ou autres conseillers tombent comme des fruits mûris par le… ver ! S'ensuit un épisode de chienlit et de surenchère, mais aussi des procès, et des verdicts qui ont pris de court la classe politique, habituée aux arrangements paraît-il. Des partis, et non seulement parmi ceux de l'opposition sont montés au créneau et ont, suite logique ! crié au complot ou à la sélection. Tristement ! A la fois cruellement atteints et notoirement affaiblis, certains partis de la majorité ont en fait un malheur, car croient ils savoir, les poursuites ont été entreprises dans un esprit clanique, sinon strictement partisan. Du coup, le socialiste Mohammed Bouzoubâa est pointé de l'index ! Crise Nous sommes a Salé, un week-end de politique. Abass El Fassi est venue parler aux siens de l'actualité. Elle est marquée, évidemment par ce remue-ménage qui oppose classe politique et justice. Le secrétaire général du plus vieux parti nationaliste du pays ne mâche pas ses mots, ou c'est du moins ce que rapporte la presse, unanime. Assahifa, Al Massae et autres rapportent, le mardi dernier ses propos, à la lettre près. Les plus durs ne sont pas ceux que l'on croit, c'est-à-dire ceux ayant rapport avec l'indépendance de la justice. Outre l'accusation, jamais formulée par un membre du gouvernement, encore moins par un ministre d'Etat ? Abass Fassi a explicitement demandé «l'annulation des résultats de cette opération au lieu d'intenter des procès aux élus». En d'autres termes, le chef d'un parti de la majorité appelle à une réélection dans les règles de l'art ! Paradoxalement, c'est cet aspect, politiquement très coûteux qui n'a «accusé» aucune réaction. De personne ! Calculs Trois jours après le meeting du SG du parti, Al Alam, l'organe du PI publie un compte rendu exhaustif de la communication de Abbas El Fassi. Fait de politique : rien de ce qui a été rapporté par les autres journaux n'est mentionné.Omission volontaire ? Une chose est sûr, le parti a beau jeu de dire que je n'assume pas les propos publiés ailleurs. «Le parti de si Allal El Fassi, note cet observateur, ne peut tolérer un déshonneur à quelques encablures des prochaines législatives, d'autant plus qu'elles se joueront sous le signe de la moralisation». Alors, il tente de limiter les dégats, et il n'est pas le seul à avoir intérêt à le faire.