Alors qu'il est incarcéré pour une affaire de drogue qui a fait trop de bruit, plus que celle de Mounir Erramach en tous les cas, Mohamed El Kharazz, dit Chrif Bin Louidane, n'a pas perdu de son prestige pour autant. Il serait un détenu de luxe au pavillon 6 (celui des étudiants) à la prison d'Oukacha de Casablanca nous ont déclaré quelques détenus de droit commun qui l'ont croisé dans les couloirs de l'établissement pénitencier. «Il reçoit de la visite, et de la nourriture, tous les jours et mène une vie de VIP en prison…». Arrêté par la gendarmerie royale, le 25 août 2006 à Ksar Sghir, Mohamed El Kharraz n'a pas trop résisté pour balancer ses complices, dont Abdelaziz Izzou, l'ex-préfet de police de Tanger, incarcéré également à Oukacha, mais dans de mauvaises conditions. Mais qui est Chérif Bin Louidane ? Tout d'abord son âge. Il est né en 1959 dans un village qui porte le nom de Tlat Taghremt dans la région de Ksar Sghir. Dans ce petit patelin, Mohamed El Kharraz, qui ne sait ni lire, ni écrire, s'occupera du bétail de la famille, avant de se convertir à l'âge de 20 ans à la contrebande. C'est dans cette activité que Mohamed El Kharraz se crée petit à petit sa propre biographie et devient, en quelques années, l'un des riches contrebandiers de la région. Vers la fin des années 80, Chrif Bin Louidane s'installe loin de son patelin, sur une falaise qui porte le nom de Alhouma à l'entrée de Ksar Sghir. Petit à petit, il s'intéressera au trafic de drogue et choisira de s'acoquiner avec des barons de drogue avec qui il apprendra toutes les ficelles du métier. Arrêté et incarcéré en 1996 à Tétouan, il écopera d'une peine de deux ans de prison ferme et sera relâché aussitôt. En 1997, Chrif Bin Louidane deviendra le baron incontesté et incontestable de toute la région du Nord. Il faisait la pluie et le beau temps, ses désirs devenaient des ordres, la force publique disparaissant, se transformant en partenaire ou fermant les yeux. Il poussera sa générosité à l'extrême et se proposera, au début de l'année 2000, pour rénover le siège de la Sûreté nationale de la ville de Tanger. La saga du baron, qui a duré pendant une dizaine d'années, allait pourtant prendre fin un vendredi 25 août 2006. Confronté aux charges retenues contre lui, le parrain du nord décide, par souci de vengeance, de tout déballer. L'affaire a pris des proportions phénoménales avec l'arrestation d'une bonne brochette d'ex-hauts responsables de la police, des FAR, de la Gendarmerie royale, des FA, et de la Douane.