Une comédienne en apparence calme et... docile, mais à la la réplique spontanée et tranchante lorsqu'il s'agit de camper le rôle de la femme “méchante” qui dégaine à tout bout de champ les expressions de circonstance et qui ne se laisse pas intimider ou marcher sur les pieds ! Et c'est ce qui fait la particularité de Nezha Regragui qui a, depuis un quart de siècle, évolué au sein d'une même Troupe, celle du Théâtre national, affiliée au Théâtre Mohammed V. Avec Mohamed El Jem, elle a toujours formé un duo de choc sur scène. Auprès de lui, que ce soit dans “El mer'atou ellati” ou “Errajoulou elladi”, Nezha a toujours trouvé chaussure à son pied. Afin de connaitre davantage l'invitée de cette semaine, nous lui cédons de suite la parole : L. G. M : Nezha, peut-on dire que vous êtes contente de votre sort d'artiste ? Nezha Regragui : “Al hamdou lillah”, je n'ai absolument pas à me plaindre de ce côté-là. Dans ce contexte, n'avez-vous jamais flairé une odeur de sabotage ou de jalousie après l'interprétation et la réussite de l'un de vos rôles ? De temps en temps ! Mais, c'est humain. Vous savez, quand vous réussissez dans un domaine ou dans un autre, il se trouve toujours des mécontents qui essaient de vous mettre les bâtons dans les roues. C'est normal. Toutefois, cela ne m'empêche pas d'avancer. Lorsque les gens se mettent à vous dévisager avec curiosité lors de votre passage dans la rue, cela vous dérange-t-il ou bien vous passez votre chemin sans attribuer à ce comportement la moindre attention ? En ce qui me concerne, cela me fait énormément plaisir de voir que le public me donne cette importance. Il faut savoir que les gens qui ne s'intéressent pas à vous passent leur chemin et ne daignent même pas poser sur vous le moindre petit regard. Dans votre vie artistique, comme dans la vie de tous les jours, l'échec vous fait-il peur ? Dans ma vie artistique, tout comme dans la vie en général, comme vous dites, l'échec me fait beaucoup peur. Alors, je fais de mon mieux pour ne pas tomber entre ses griffes. Pardonnez-vous facilement à ceux qui vous découragent, à ceux qui vous dénigrent et à ceux qui tentent de vous saboter ? En un mot, êtes-vous rancunière ? Je pardonne, mais selon le degré du mal que ces gens me font. Si c'est minime, je ferme les yeux. Mais, si c'est blessant et exagéré, alors là je me révolte et je me défends. C'est une question de dignité. Vous entreprenez assez fréquemment des tournées artistiques et vous animez beaucoup de Soirées, que ce soit au Maroc ou à l'étranger. Côté matériel, cela vous rapporte-t-il gros ? Sur ce point, détrompez-vous ! Reste que je mène une vie normale et je n'ai pas à me plaindre. Avec ce que je gagne, j'essaie de tisser la toile de mon bonheur en famille. Avez-vous une dent contre ceux qui vous adressent des critiques gratuites et non fondées dans la presse ? Franchement, j'ai beaucoup de respect pour les gens des médias, et c'est réciproque. D'ailleurs, je ne fais rien de mal ou de mauvais pour être la cible de ce gendre de critiques. Lorsque vous vous trouvez embarrassée par quelqu'un ou par une situation déterminée, préferiez-vous vider les lieux ou rester sur place et affronter l'imprévu ? Selon la personne en présence. Enfin, il n'y a pas mieux que de faire la sourde-oreille. C'est plus reposant. Dites-nous, Nezha, quel est votre plus grand regret dans la vie ? Dans ma vie, il n'y a rien que je puisse regretter. Tout ce que j'entreprends, je le fais après mûre réflexion et après une inébranlable conviction. Avez-vous un jour été déçue par une amitié trahie ? Et quel sentiment avez-vous ressenti à ce moment-là ? Cela arrive à chacun de nous. Mais, l'inacceptable et la plus tragique des déceptions, c'est lorsque cela provient de quelqu'un qui est proche à votre coeur et qui bénéficie de toute votre confiance. Mais, la nature de certaines gens est comme ça... On n'y peut rien ! Quelle définition donnez-vous à ces cinq mots : -- Célébrité -- Echec -- Naïveté -- Folie des grandeurs -- Méchanceté ? La célébrité : qui parmi nous ne l'aime pas, mais qu'elle soit respectable. L'échec : c'est la fin douloureuse d'un beau rêve. La naïveté : de nos jours, elle n'a plus raison d'être. La folie des grandeurs : c'est une folie tout court qui amuse les autres ! La méchanceté : c'est l'arme des faibles. Quel est le plat que vous appréciez le plus et que vous aimez toujours déguster en famille ? Et, à propos, êtes-vous une bonne cuisinière ? Incontestablement, c'est le couscous. Bonne cuisinière, je le suis dieu merci. Pour le grand bonheur de mon mari et mon fils. Toujours à propos de bouffetance, si vous entrez un jour à la maison, qu'il n'y a rien à se mettre sous la dent et que vous êtes pressée, quel est le plat le plus rapide que vous songez concocter pour «sauver la situation», si l'on ose dire ? Pour sauver une situation de ce genre, viande hâchée et oeufs frais sont un plat tout indiqué. Dans le domaine artistique, avez-vous un bon souvenir que vous gardez toujours jalousement dans un petit coin de votre mémoire ? C'est lorsque j'ai été félicitée par feu Sa Majesté Hassan II après avoir joué devant le Souverain la pièce “Saâ mabrouka”. Sa Majesté a apprécié mon rôle dans la pièce et m'a prodigué beaucoup de conseils. Un tel événement, je ne l'oublierai qu'à ma mort. Supposons que vous devenez subitement très riche, quel serait dans ces belles conditions le premier rêve que vous allez concrétiser avec tout cet argent ? Créer une association de bienfaisance que je dirigerai moi-même. Dans ma nature, j'aime bien aider les gens, me porter à leur secours, alléger leurs souffrances moralement ou matériellement. Car la vie passe, seules les bonnes actions demeurent... Les gens trop jaloux de votre réussite dans le domaine artistique, celà vous inspire quoi au juste ? Tout simplement, de l'indifférence, “oullah yehdihoum !” D'ailleurs, je me demande toujours, à quoi ça avance de jalouser les autres ? Etes-vous dépensière en ce qui est de la mode, côté habillement ? Pas du tout ! J'essaie de m'habiller d'une manière élégante et logique afin d'avoir un aspect vestimentaire respectable. Il y a le public qui regarde et juge, même à travers la façon de s'habiller. Dans votre vie artistique, y a-t-il suffisamment de temps libre pour votre petite famille ? Bien entendu. Tout ce qu'on fait, c'est pour la rendre heureuse, et le temps libre qu'on lui consacre n'a vraiment pas de prix. Quelle est la devise qui vous est chère et que vous adoptez dans la vie ? Ne jamais se lasser de semer le bien autour de soi. Pour terminer, dites-nous en toute franchise qu'elle est la question qui vous dérange et à laquelle vous avez échappé lors du présent entretien ? La question qui aurait pu me déranger est la suivante : “Est-ce qu'il vous arrive de demander à votre mari, le chanteur Bachir Abdou, de répondre à votre place au téléphone ?” car, moi, je ne suis pas de ce genre de personnes qui se cachent stupidement (excusez le terme) derrière les autres !