Les Etats-Unis n'avaient jamais accepté de jouer le rôle de l'intermédiaire sérieux et neutre entre les pays arabes et l'Etat hébreu. Ce, dans le but d'arriver à une solution juste, globale et durable au problème du Moyen-Orient ; plus particulièrement au conflit israélo-palestinien qui a commencé en 1948 suite à la création de l'Etat d'Israël. Washington n'a également jamais pris en considération les conseils de ses amis de par le monde la mettant en garde contre le soutien inconditionnel et injuste à Tel-Aviv. Aussi contre son indifférence à l'égard des droits légitimes du peuple palestinien, et envers ceux d'autres pays arabes. Ce qui devra selon les conseils de ses amis entacher l'image des Etats-Unis et, par là, menacer leurs intérêts aussi bien que ses sujets dans la région et partout ailleurs. Il est fort probable que son rejet à ces conseils est dû à ses convictions par rapport à la suprématie militaire et technologique d'Israël sur ses voisins arabes et, à la nécessité de la préserver quelles que soient les circonstances. Ou bien parce que Washington est convaincu que l'impuissance des Arabes face à Israël continuera indéfiniment. Il est encore possible que cette décision américaine provienne de l'influence du Lobby juif au sein des institutions américaines ; notamment, celles qui dessinent les politiques relatives à la région du Moyen-Orient. Cette position américaine pro-israélienne a permis sans doute à Tel-Aviv d'occuper toute la Palestine en 1967 ainsi que d'autres territoires en Egypte, en Syrie, au Liban et en Jordanie. Mais, est-ce qu'un tel soutien aveugle était-il positif pour les Etats-Unis ? La réponse logique est bien sûr que non. La première puissance mondiale qui est sortie victorieuse après une guerre froide qui avait perduré plusieurs décennies avec l'Union Soviétique est aujourd'hui confrontée à un grand danger qu'elle appelle le terrorisme international. Ce dernier est mené par des courants islamiques, fondamentalistes et salafistes, certains sunnites et les autres chiites. Elle fait face maintenant à ce danger en s'enlisant militairement sans aucun succès, jusque-là, ni en Irak ni en Afghanistan. La gravité de cette confrontation réside dans l'existence d'un monde musulman qui compte environ 1,4 milliard de personnes ; et du sentiment anti-américain de sa majorité. Ces musulmans de par le monde estiment que l'Amérique mène contre eux une croisade ; d'autant, qu'elle avait laissé la Palestine et ses lieux saints entre les mains des non-musulmans. Reste à savoir maintenant quel est le danger que courent les Etats-Unis et leurs intérêts en raison de ces services rendus aveuglément aux Israéliens ? Les aspects de ce danger sont nombreux, cependant deux demeurent principaux. Le premier, c'est le soutien des peuples musulmans sunnites aux mouvements radicaux, très actifs contre Washington. Ce qui pourrait «révolutionner» dans l'avenir le monde musulman au point de changer certains de ses régimes. A ce moment, la radicalisation consommée se transformera en une adversité totale contre les Etats-Unis avec tout ce qu'elle comportera comme répercussions négatives sur leur sécurité et intérêts connus. Plus précisément dans le cadre du retour des conflits d'influence, même s'ils sont jusqu'ici froids entre eux et les autres grands Etats comme la Russie et la Chine. Le 2ème aspect, la résistance du système islamique chiite en Iran et sa capacité à surmonter les difficultés émanant de sa guerre avec l'Irak dans les années 80 ; et, par là, l'établissement d'un Etat fort, près à posséder l'énergie et voire l'arme nucléaire. Egalement, sa réussite à créer trois fronts directs avec Israël dans le cadre de son conflit avec Tel-Aviv et, par là, avec les Etats-Unis. Force est de souligner dans ce contexte que le régime iranien possède aujourd'hui une base solide au Liban. Dans les deux cas de figure, cela nuira aux intérêts américains. D'autant que la Syrie est devenue elle aussi une base totale, sans compter la Palestine de 1967. La République islamique d'Iran a ainsi placé l'Amérique de Bush devant les deux choix suivants : ou bien, elle sera obligée de négocier avec elle et accepter, de ce fait, ses revendications et ses ambitions régionales ; ou, faire monter la tension pour aboutir à une confrontation militaire directe. Ce, tout en prenant en compte que cette deuxième option pourrait être très coûteuse pour l'Iran au cas où elle sera une réussite pour les Etats-Unis. Néanmoins, cette éventualité n'est pas assurée. De là, nous remarquons la réticence de l'administration Bush, même si elle fait savoir que ce dossier est toujours à la tête de ses priorités. Dans cette foulée, Washington craint en plus le rôle perturbateur que Téhéran pourrait jouer en Irak. Ce qui menace ses troupes au cas où la confrontation serait totale. La concentration de Washington sur le règlement du conflit israélo-palestinien pourra-t-elle mettre fin aux dangers auxquels elle est confrontée ? Il est certain que cette initiative n'est pas la seule et unique issue. Mais, elle pourra sans doute créer un climat positif dans les deux mondes, arabe et musulman, à aider les régimes en place à coopérer avec les Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme ; et par là, séparer le concept de la guerre religieuse de cette lutte. Les Etats-Unis seront-ils capables d'adopter une politique radicale de ce genre ? La réponse n'est pas si facile ; en prenant en compte que toute réticence dans ce sens pourra mettre la région face à deux choix, soit le déclenchement des guerres tous azimuts qui entraîneront le démantèlement de plusieurs régimes de la région… soit, l'entrée dans l'ère iranienne.