La prise de l'estuaire du Bouregreg par les Alaouites met fin à l'histoire agitée de la région. Moulay Rachid s'empare de la kasbah dès 1666. Le site devient une forteresse du Makhzen et ce, jusqu'au Protectorat français. La kasbah est sous les ordres d'un caïd assisté d'un caïd du port. Tous obéissent aux Chérifs qui font régner le calme, malgré les pirates qui écument activement les rives du Bouregreg. C'est aussi la période des grands travaux. Moulay Rachid prolonge les remparts et y ajoute deux bordjs massifs. Il entame la construction de la résidence princière donnant sur les deux rives. Afin de lutter contre les invasions chrétiennes, Sidi Mohamed ben Abdellah aménage l'enceinte de la kasbah et le port y attenant. Des travaux de restauration du système défensif et de renforcement du port sont ainsi effectués. La plus importante réalisation militaire de Sidi Mohamed ben Abdellah demeure néanmoins, la construction de Borj Squala connu aussi sous le nom de Bordj al- khanzira et dont l'architecte n'est autre que Mohamed al-Inglizi. Le sultan Moulay Yazid (1790-1792) effectue d'autres travaux au sein de la kasbah, notamment aux entrepôts de Moulay Yazid dominant la plate-forme du Sémaphore. La kasbah des Oudayas marie la culture méditerranéenne et les aspirations océanes. Avec toutes ses couleurs chatoyantes, et l'architecture de ses maisonnettes, elle évoque les villages grecs. Tout ici rappelle aussi l'Espagne! Les rues étroites sont délicieusement fraîches. Les maisons sont bien entretenues et magnifiquement fleuries.Peintes à la chaux en bleu et blanc, elles datent de l'époque des premiers souverains alaouites. Musée des Oudayas Créé au début du Protectorat, ce musée ethnographique est installé dans un jardin andalous. Musée des arts marocains, il expose des objets, des ustensiles traditionnels, des bijoux berbères et citadins, des astrolabes, des collections de tapis, des pièces de dinanderie, céramiques, instruments de musique et armes, recueillis dans toutes les régions du pays. Une salle du musée est une parfaite reconstitution d'un intérieur marocain traditionnel. Une autre pièce est totalement consacrée aux costumes provenant de régions situées entre le Rif et le Sahara. Une magnifique collection de bois sculpté et de pièces funéraires sont aussi exposées. Aujourd'hui Depuis l'annonce du grand projet d'aménagement de la vallée de Bouregreg, la kasbah des Oudayas est devenue l'objet de convoitises . Les agents immobiliers affluent de toutes parts. Des maisons sont détruites et reconstruites en béton, de «nouveaux» propriétaires surélèvent leurs nouvelles acquisitions sans respect pour l'architecture et les matériaux d'origine. D'autres murent la ruelle face à leur porte d'entrée et ce, en toute impunité. Des graffitis se font sans respect sur les murs des remparts. Il semblerait que les autorités ne se soient intéressées aux Oudayas qu'après 1995, date de l'organisation du Printemps des Oudayas. Un autre problème: la kasbah se trouve sous l'autorité de plusieurs intervenants étatiques qui ont du mal à accorder leurs violons. L'esplanade des canons (d'où les canons ont disparu !) dépend du ministère du Tourisme et de l'Artisanat. Le jardin andalous et le musée des arts traditionnels reviennent au ministère de la Culture. D'autres lieux dépendent de la mairie, de la wilaya... Aujourd'hui, les Oudayas sont néanmoins devenus un havre pour les artistes. Ils sont de plus en plus nombreux à investir les lieux, séduits par la beauté du site autant que par sa quiétude apaisante. Et en passant par la rue Bazzo on peut s'arrêter au café Maure qui offre une vue imprenable sur Salé et le Bouregreg et permet de goûter au silence des lieux.