Ismail Ahmed descend d'une grande famille de caids des Doukkala, les Khattabi. A Rabat, il rejoint à 14 ans l'orchestre « al ittihad arribati » de Abdennebi Jirari. Flairant ses potentialités artistiques, le maître l'oriente. Il s'inscrit au conservatoire La mamounia où il passe deux ans à s'initier au violon sous la direction d'un professeur allemand. Cet apprentissage académique de la musique classique internationale ne l'empeche pas de continuer de puiser dans le riche et foisonnant patrimoine marocain. Avec ses amis Mohamed El Wali, Mustapha Lamdaouer et Abdelmaksoud Ben Azzouz, il ne ratait pour rien au monde les soirées de musique andalouse et du Melhoun, organisées tous les jeudis à Salé. « Elles nous réunissaient avec l'ecrivain, le poète et l'artisan. Nous discutions, nous apprenions, nous donnions et nous recevions, surtout au cours des Nezahas, pique -niques printaniers des rives de Bouregreg qui se prolongeaient jusqu'à l'aube. » En 1952, il intègre l'orchestre moderne de Radio-Maroc, dirigé par Ahmed El Bidaoui et en 1954 il s'envole pour le Caire. Au conservatoire de la musique arabe, il fréquente les plus grandes vedettes et musiciens égyptiens. Il s'essaie à la composition avec « ha abaat lahou jawab », interprétée par le regretté Maâti Benkacem. Pour célébrer le retour du roi Mohammed V de son exil, il compose et chante « al oum ana farhan », paroles empruntées a son ami Mohamed Lamzgaldi. La chanson patriotique est enregistrée avec l'orchestre de la radio syrienne. A Damas, où il séjourna de 1957 à 1966, il enseigne le violon aux élèves de l'Institut Libre de la Musique Orientale tout en collaborant à la radio. De retour au Maroc, il rejoint sa famille artistique de l'orchestre moderne. Compositeur et grand virtuose du violon, Ismail Ahmed n'a commencé à chanter que par le pur des hasards. « Au cours d'une tournée de Noujoums al masrah, sorte de radio crocher, le candidat qui devait chanter Touba de Abdelhalim Hafed avait fait défaut. Pour calmer le brouhaha du public, on propulsa sur scène Ismail Ahmed qui sauva la face en interprétant Le morceau d'une manière magistrale. Un grand chanteur est né. », se souvient Abderrahman Kronbi. « hajrak kassi », « habibi lamma aad », « mrrakech ya ourida », « oudkouri »….la discothèque de la radio lui conserve pas moins de 335 chansons, dans différents thèmes, concoctées avec la complicité des grands paroliers et compositeurs à l'instar des Mohamed Belhoucine, Abdelakader Rachedi, Ali haddani, Mohamed Benabdessalam, Fathallah Lamghari, Abdenebi Jirari, Ahmed Tayeb Laalej et autres Abderrahim Sekkat. Il dirigea un temps l'orchestre national et on lui confie en 1985 la direction du service de musique, mission qu'il ne quitta jusqu'a sa retraite. Ismail Ahmed, l'élégant, le généreux, l'humaniste s'est éteint le 11/04 /1997 nous léguant des refrains éternels. Fredonnons les en guise de prière.