Les premières bases de la coopération entre le Maroc et la Russie (EX-URSS) ont été jetées lors de la visite officielle de feu SM Hassan II dans l'ex-URSS (24-28 octobre 1966), marquée par la signature de plusieurs accords bilatéraux portant sur la coopération économique, scientifique, technique et culturelle. La coopération bilatérale dans le domaine économique et commercial allait se renforcer davantage par la signature d'accords de coopération lors de la visite à Moscou du premier ministre, Ahmed Osman (9-13 mars 1978). Les deux parties avaient alors conclu un accord à long terme de coopération économique et technique dans le domaine des phosphates et un protocole d'échange de produits. Deux protocoles d'application de ces deux accords ont de même été signés. Les changements économiques intervenus en Russie à la suite de l'abandon de l'économie planifiée, suivie du temps de l'ex-URSS et l'adoption d'une économie libérale ont eu pour conséquence un net recul du volume des échanges commerciaux entre les deux pays qui a atteint 250 millions de dollars en 1997. Ce volume demeure insignifiant même si le Maroc est le second partenaire commercial de la Russie dans le monde arabe après l'Egypte. De nos jours, la coopération économique bilatérale connaît une évolution positive. Le niveau des échanges commerciaux a enregistré un volume global de 2,07 milliards de DH au cours des six premiers mois de l'année en cours. Ces échanges se font néanmoins au désavantage du Maroc qui a importé de la Russie, au cours de la même période, pour un montant de 1,63 milliards de DH contre des exportations de l'ordre de 438 millions de DH, selon des chiffres de l'Office des Changes. Au cours de 2001, considérée comme une année record, les échanges commerciaux entre Rabat et Moscou avaient réalisé un volume global de 4,8 milliards de DH, toujours favorable à la Russie. Le Royaume avait importé au cours de cette année l'équivalent de 4,2 milliards de dirhams, mais n'avait exporté que pour 608 millions de dirhams. Durant les six premiers mois de 2002, le Maroc a notamment importé de la Russie de l'huile brute du pétrole pour une valeur de près de 760 millions de dirhams, du fer et de l'acier (232 millions de dirhams) et du blé (230 millions de dirhams). Les importations marocaines de Russie étaient également constituées de souffre brut, de l'orge, des engrais naturels et chimiques en plus d'autres produits. Au cours de la même période, le Maroc a exporté vers la Russie notamment des agrumes (près de 400 millions de dirhams), des pommes de terre (près de 16 millions de dirhams), de la farine et de la poudre de poisson (13 millions de dirhams). Les exportations des tomates fraîches marocaines arrivaient en quatrième position avec un total de 11 millions de DH au cours de la même période. En 2001, les importations marocaines de Russie ont totalisé plus de 2,44 milliards de DH pour l'huile brute de pétrole, près de 441 millions de dirhams pour le fer et l'acier, 237 millions de DH pour les produits chimiques, suivies des engrais naturels et chimiques (205 millions de DH), du blé (142 millions de DH) et de l'orge (82 millions de DH). Parmi les exportations marocaines à destination de la Russie en 2001, la part du lion est revenue aux agrumes avec près de 490 millions de DH, suivies des farines et poudre de poisson avec 50,7 millions de DH, des tomates fraîches avec plus de 27 millions de DH, les minerais de zinc avec près de 6 millions de DH et les pommes de terre avec 3,5 millions de DH. En 1998, le marché russe avait absorbé 36 pour cent du volume global des exportations des produits agricoles marocains se situant en deuxième position après l'Union européenne. L'importante place qu'occupe en effet le secteur agricole dans la coopération économique maroco-russe s'est renforcée en 1999 par la signature d'un accord de coopération dans le domaine de l'agriculture, notamment en matière de recherche agronomique, de forêts, d'irrigation et de maîtrise de l'eau. L'accord, le premier du genre au cours des dernières années, prévoit également l'encouragement de l'initiative privée en vue de promouvoir le partenariat et les échanges commerciaux de produits agricoles. S'agissant de la coopération en matière de pêches maritimes, le Maroc a signé avec la Russie depuis 1987 plusieurs accords dans le domaine des pêches. La Russie a souhaité vivement poursuivre la coopération dans ce secteur. Plusieurs rencontres entre experts marocains et russes ont eu lieu à Rabat et à Moscou pour examiner les possibilités qu'offre le Maroc dans le cadre de sa nouvelle politique en matière de gestion de ses ressources halieutiques. Un accord cadre sur la coopération dans ce domaine, qui tient pleinement compte de la nouvelle stratégie marocaine, a été finalisé. Cet accord contribuera au développement de la filière pêche au Maroc tant sur le plan économique (valorisation de la ressource et commercialisation) que sur le plan social (création d'emplois). A l'occasion de la visite à Moscou en janvier 2002 du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Mohamed Benaissa, les deux pays avaient souligné l'excellence de leurs relations politiques et exprimé le souhait de développer leurs échanges commerciaux. La partie russe avait notamment salué l'entrée en vigueur des accords maroco-russes sur la protection réciproque des investissements et la non-double imposition. Moscou espère en outre mettre à profit, dans sa coopération avec le Maroc, son expérience en matière de construction des barrages. A rappeler que la Russie a octroyé au Maroc un crédit de 100 millions de dollars destiné au financement du complexe hydro-électrique du barrage Al wahda. Le remboursement de ce crédit a été réalisé dans le cadre d'un mécanisme de compensation par des exportations marocaines. Après l'achèvement du barrage, un reliquat de 40 millions d'euros s'est dégagé. Le Maroc a présenté aux autorités russes une requête dans laquelle il propose l'affectation de ce reliquat au financement du barrage Wirgane sur l'oued N'fis dans le bassin du Tensift (le coût global du projet est estimé à 650 millions de dh). En matière de télédétection spatiale, l'agence spatiale russe "russian aviation and space agency" et le "centre royal de télédétection spatiale" marocain coopèrent dans le domaine de la haute technologie spatiale et ont livré le satellite Maroc-Tubsat le 18 octobre 2001 qui a été lancé le 21 novembre de la station Baikonour, au Kazakhstan. La réussite de cette expérience a amène l'organisme étatique "ROSAVIACOSMOS" à proposer au Maroc de coopérer dans divers domaines tels que la construction des systèmes de sondage à distance par satellites, la liaison spatiale avec les objets de l'infrastructure cosmique et terrestre etc... La signature de cet accord ouvre de nouvelles voies de coopération dans un secteur de haute technologie où le partenariat maroco-russe peut se développer avec des perspectives prometteuses. Eu égard à son statut de deuxième partenaire de la Russie dans le monde arabe en matière d'échanges commerciaux, le Maroc a de tout temps manifesté sa volonté de renforcer davantage sa coopération économique avec la Russie. L'association du secteur privé des deux pays à cette oeuvre est jugée par les experts comme de nature à donner un nouvel élan à la coopération économique et commerciale.