Les Hornacheros sont les derniers Andalous restés en Espagne après la chute du royaume de Grenade. Originaires d'un petit village au sud-ouest de l'Espagne du nom de Hornachos, ils sont chassés par le roi Philippe II suite au décret stipulant « qu'aucun membre de la nation morisque, ne peut résider sur le territoire espagnol, sous peine de mort ». Redoutables et hautement disciplinés, les Anglais les surnomment les « bandits de Salé ». Pour leurs frères musulmans, ils sont dignes de respect car ils mènent une guerre sainte. On les surnomme les « Al-Ghuzat", titre réservé aux soldats qui s'étaient battus aux côtés du prophète Mohamed. Hornacheros et Moriscos se fixent sur la rive gauche du Bou-Regreg avec le dessein d'assouvir leurs ambitions autant que leur haine de l'Espagnol et du Portugais. Alliés au Marabout Sidi Al Ayachi (1), ennemi juré du sultan, ce sont eux qui forment un gouvernement indépendant. Arrivés au Maroc, les poches pleines de ducats, ils deviennent aussitôt les grands animateurs du Jihad. Les Andalous, ayant appris en Andalousie l'usage et la fabrique des armes,sont pour eux, de précieux collaborateurs. Les richesses et l'esprit d'entreprise des Hornacheros, alliés à la conviction des Andalous, et aux techniques guerrières des Marocains, permettent aux Salétins, de mettre sur pied une véritable armée. Les Hornacheros constituent un gouvernement sur le mode de celui d'Hornachos. Leur république ploutocratique est administrée par un Diwan de 14 membres, présidé par un "Grand Amiral". Les finances sont alimentées par les revenus de la douane, les taxes de port. Face à l'Europe absolutiste où se développent des états de plus en plus centralisés, les corsaires de Salé ressuscitent un modèle républicain proche de celui des villes italiennes du Moyen Age. Ils fortifient le Château qui, garni de cinq canons, se situe sur l'embouchure de la rivière. (1)Sidi Mohammed Al-Ayachi, marabout vénéré par les marchands d'esclaves de Salé, est habile en politique. Il inspire une loyauté farouche à ses disciples, lesquels apprécient sa haine du christianisme.