Avec ses dix siècles d'existence, la ville de Salé qui reflète sur le Bou-Regreg ses blanches maisons est un véritable musée. Ses vieux remparts, masqués par les jasmins odorants renferment en leur sein mille et une pages d'histoire du Maroc. En y édifiant sa Médersa, le Sultan noir lui offrait l'éternité… Au XI ème siècle, des princes, les Banu'Ashara s'installent à Salé. Leur cour rivalise avec celle des rois d'Al Andalous. Grands mécènes, les Banu'Ashara sont particulièrement généreux avec les intellectuels, les poètes et les musiciens. Ibn Toumert, le futur fondateur du mouvement almohade est hébergé dans leur palais. Suite à la prise de la ville par les Almohades, Salé connaît une grande prospérité agricole et commerciale. C'est le port marchand et l'entrepôt commercial le plus important de la côte occidentale. Ses habitants, les Salétins sont réputés pour leur courtoisie et leurs aptitudes commerciales. Ils attirent des marchands chrétiens de la Méditerranée, des Flandres et d'Angleterre. Ils vendent des peaux, des laines, des tissus, des tapis, de l'ivoire, de la cire et du miel. Ils importent de l'huile de Séville, achètent des draps et des objets manufacturés aux marchands génois, catalans et vénitiens. À cette époque dit-on «les navires de Séville et de toutes les villes maritimes d'Andalousie, y jettent l'ancre… ». Salé devient ainsi tout naturellement l'objet de convoitises. Elle est d'ailleurs la première cible marocaine des Castillans qui la mettent à sac. Pour prévenir de nouvelles incursions, Yacoub le Mérinide, fait élever des fortifications côté mer en y édifiant la grande porte : Bab al Mrisa.