Cet homme n'a qu'un mot à la bouche : valorisation. Cela exige une double identification dûment chiffrée : celle des carences infrastructurelles et procédurales, impliquant un effort d'adaptation de l'environnement économique, social…et psychologique, et celle, aussi laborieuse sinon davantage, des potentialités. Et cela veut dire qu'il faut travailler dur jusqu'à en oublier le temps. Mohamed Brahimi est wali de la Région de l'Oriental et gouverneur de la Préfecture d'Oujda Angad. Une fonction gratifiante ? Bien sûr, bien sûr. Mais elle s'apparente chez ce serviteur exceptionnel de l'Etat à un sacerdoce. Le « m'as-tu vu » et les coups d'état…d'âme lui sont plus qu'étrangers. L'ancien directeur très général des collectivités locales se shoote au boulot, c'est tout. « Si mes compatriotes de l'Oriental ne saisissent pas l'opportunité de la nomination de l'ex-directeur de cabinet du Premier ministre à la tête de leur Région, s'investissant et investissant, ils attendraient probablement longtemps avant de rencontrer pareille chance », nous dit Farid Chourak, directeur du CRI. De cet engagement sans répit, sont sortis 118 projets structurants qui touchent à la quasi-totalité des aspects de la vie des «Orientaux».En vérité, je vous le dis, M.Brahimi semble appartenir à une race profilistique extrêmement rare où le plaisir de transposer les projets sur le terrain prévaut sur le carriérisme. Certes, la carrière est là ; mais elle ne se nourrit point de courbettes et de mondanités. Elle tire les moyens de son évolution d'un volontarisme foudroyant, sans concession aucune. Ni aux hommes ni même au temps. Tout à l'image d'une ère qui ne s'embarrasse plus des susceptibilités narcissiques pour mieux camper l'essentiel. L'Homme sait ce qui l'attend, ce qu'il veut, ce qu'il faut pour y arriver et ce qu'il doit épouser comme méthode. En effet, la priorité des priorités est bien évidemment celle du désenclavement – ô combien vital ! d'une région longtemps zappée du humus national. Pour cela, les télécommunications, l'eau, l'électricité et le transport des hommes et des marchandises doivent pouvoir y remédier. « Je suis convaincu que le TGV ne tardera point à relier Oujda à d'autres villes. Ce n'est pas une vue de l'esprit, mais un rêve qui est à notre portée », nous dit-il. D'ores et déjà, les tous prochains semestres verront la distance entre la «Rose de l'Oriental » et la cité de Moulay Driss II ramenée à quatre petites heures. Tanger et Rabat cesseront également de donner du dos. Désenclavement donc par route et par rail. Mais cela ne suffit pas. Faut-il encore définir et mettre en route les moteurs de la croissance. Ils sont au nombre de quatre : D'abord le tourisme dans une région qui abrite tous les types de reliefs que le Seigneur ait pu créer ici-bas : montagne (Beni Znassen), mer (côte méditerranéenne), plaines, désert…etc. Pourquoi, Diantre ! avons-nous si longtemps négligé un tel don précieux ? Une révolution se passe dans le tourisme, avec les 30.000 lits de la Fadesa, dans l'agriculture avec 10.000 ha à concéder, dans les centres de services avec des milliers de positions sur le point d'être créées. Tout cela est bien beau, mais où ira-t-on chercher l'argent pour promouvoir les investissements privés ? « Aucun souci à cet égard : Logée à la deuxième position après Casablanca, la Région engrange 34 milliards de dirhams en termes de dépôts. Cela équivaut, à quelques millions près, à la somme des transferts des MRE ». Lorsqu'il vous décrit les projets structurants, vous avez envie de les toucher. Lorsqu'il parle des réalisations, il raccroche son ego. Mais lorsqu'il vous vante les atouts de l'Oriental, il vous ensorcelle. C'est que notre énarque ne s'est jamais contenté de ses diplômes ou de ses responsabilités antérieures. Le terrain de la chose publique locale lui est connu comme son nom. Depuis qu'il était chef de cercle il y a près de trente ans. Le sens de l'analyse et de la synthèse lui viennent probablement de ses responsabilités à la tête de la direction des affaires juridiques, des études et de la coopération et celle des collectivités locales. Mais c'est peut-être la direction de cabinet du Premier ministre qui lui procura cette faculté sereine de mettre en perspective les concepts, les projets et les process. A cinquante-cinq ans, Mohamed Brahimi est au faîte de son énergie. “A 22h55, la voiture wilayale est encore stationnée devant l'édifice. Ce n'est qu'à 23h passées que Brahimi quitte les lieux”, assure un collaborateurs. « Le Marocain (que je suis) est passager. Le Maroc demeure », doit-il se dire chaque matin devant sa glace. « Où étaient les gens de sa trempe depuis quarante ans ? », me questionna le chauffeur de taxi. « Nous sommes les enfants d'aujourd'hui », lui répondis-je. Mohamed Brahimi en quelques dates - Naissance le 3/10/1951 à Cheggag (Province de Sefrou) - 1972 : Postes et Télécommunications - 1978 : Chef de cercle (Ministère de l'intérieur) - 1979 : Directeur-adjoint des Collectivités locales - 1991-1998 : Directeur des affaires juridiques, études et coopération - 1998 : Gouverneur de la Préfecture d'Inezgane-Aït Melloul - 2000 : Directeur des collectivités locales - 2002-2005 : Directeur du cabinet du Premier ministre Driss Jettou - Juin 2005 : Wali de la Région de l'Oriental, Gouverneur d'Oujda-Angad M.Brahimi est également enseignant universitaire et a écrit plusieurs ouvrages et articles d'analyse qui font autorité.