Les marchés, les partenariats, les investissements et les perspectives régionales ont été au centre de la troisième rencontre maroco-allemande sur les énergies renouvelables. Le Maroc peut-il profiter de l'expertise et de la législation allemandes en le domaine pour réduire sa dépendance du pétrole et des autres énergies fossiles, lui qui dispose du soleil et du vent à profusion ? Après la première en octobre 2004 et la deuxième en avril 2005, la troisième rencontre maroco-allemande sur les énergies renouvelables (ER) qui a eu lieu à Casablanca, le 7 juin 2006, s'est focalisé sur les marchés, les partenariats, les investissements et les perspectives régionales. «Les entreprises allemandes sont en tête au niveau mondial dans la recherche et le développement des énergies renouvelables. Elles ont été aidées en cela par une politique fiscale très favorable», souligne Mazen Sowan, président de la Chambre allemande de commerce et d'industrie du Maroc. Dans ce domaine, le Maroc et l'Allemagne peuvent concrétiser énormément de projets ensemble. Transfert de technologies Si le premier dispose à profusion du soleil et du vent, le second peut se vanter de son expertise et de sa législation en le domaine. Tout est, donc, potentiellement disponible pour que les deux parties développent leur coopération à ce niveau. D'autant plus que le marché marocain pourrait être très rentable pour les entrepreneurs allemands. Pour Mazen Sowan, cette rencontre est un «tremplin au service du transfert de technologies entre les deux pays». À cet égard, lors de cette rencontre, ont été programmés entre entrepreneurs marocains et allemands quelque 50 entretiens. Normal que les deux parties s'attellent à trouver des solutions à leurs problèmes énergétiques. Les deux pays sont de grands importateurs d'énergies. Pour ne parler que du cas du Maroc, en 2005, sa facture pétrolière a atteint 40 milliards de dirhams, soit une hausse de 50 % par rapport à l'année 2004. Et si les pouvoirs publics avaient investi dans les énergies renouvelables ? En tout cas, actuellement, on semble disposé à aller dans ce sens. «Le Maroc a besoin d'un investissement de 1 milliard d'euros par an dans le secteur des énergies renouvelables pour atténuer sa dépendance des autres sources d'énergies que sont notamment le pétrole et le gaz», a indiqué, pour sa part, Youness Maamar, directeur général de l'ONE. La tenue de la troisième rencontre maroco-allemande sur les énergies renouvelables s'inscrit dans cette logique. Et, comme l'a si bien dit un responsable de la GTZ allemande, «le développement des énergies renouvelables augmente la sécurité d'approvisionnement, réduit les importations et améliore la balance de commerce». L'effet sur l'environnement et la santé se ressent nettement, car elles ont le mérite de ne pas être polluantes. Agriculture et énergies renouvelables À l'horizon 2012, les prévisions tablent sur un productible cumulé des énergies renouvelables estimé à plus de 2700 GWh, soit 15 % de la consommation marocaine par an qui monte à 18.000 Gwh/an. Dans le domaine de l'agriculture, un groupe de travail sera constitué pour rendre son résultat en fin 2006. L'objectif est de développer l'utilisation de l'énergie renouvelable dans les activités agricoles au lieu du butane actuellement. Lors d'une rencontre à Rabat, en mars 2006, sur le même thème entre les deux parties, le ministre marocain de l'Energie, Mohamed Boutaleb, avait déclaré : «Quoiqu'en deçà de nos espérances, les énergies renouvelables représentent, aujourd'hui, près de 4 % du bilan énergétique national. Notre objectif serait d'élargir les perspectives de croissance de la valeur ajoutée de ce secteur et de favoriser les conditions de création d'emplois à travers l'impulsion de l'investissement public-privé, qu'il soit national ou international». Ce souhait doit être appuyé par une libéralisation du secteur de l'énergie. Sinon, il sera difficile d'augmenter la quantité consommée des énergies renouvelables. Selon le directeur du CRI de Meknès-Tafilalet, nombreux sont les opérateurs étrangers qui veulent investir dans la production des parcs éoliens et solaires ; mais, hélas, ils sont aussitôt découragés d'apprendre qu'au Maroc, ils ne peuvent le faire que si la quantité à produire ne dépasse pas 10 MW. Pourtant, c'est un des meilleurs moyens de procéder pour protéger les ressources forestières de cette région où les populations recourent au bois de chauffe pour subvenir à leurs besoins. Quoi qu'il en soit, beaucoup d'actions sont programmées sur la période 2006-2012 pour augmenter l'utilisation de l'énergie renouvelable au Maroc. Il s'agit notamment de la réalisation des parcs éoliens totalisant 450 MW à l'horizon 2012, dont 200 MW (60 à Essaouira et 140 à Tanger) sont en cours de construction. Une centrale thermosolaire de 230 MW, à Aïn Beni Mathar, avec 30 MW, et dont la mise en service est prévue en 2007. Le ministère de l'Energie et des Mines annonce que d'autres centrales solaires de 200 MW chacune sont programmées entre 2008 et 2012 si leur faisabilité technico-économique est prouvée. Pour le photovoltaïque, notamment dans le cadre du PERG, qui s'achèvera en 2007, l'alimentation de 30.000 foyers ruraux est prévue.