Le 190 a sonné dans la salle de trafic du siège de la sûreté du district Hay Mohammadi - Ain Sebâa, le 10 mai. Les éléments de la police judiciaire devaient se déplacer vers l'hôpital Mohammed V où ils constateront la présence d'un cadavre. L'homme, âgé de 76 ans, avait le crâne scindé en deux. Trois meurtres en moins d'un mois à Ain Sebâa-Hay Mohammadi : le frère au cou tordu, le vagabond au crâne fracassé et l'homme d'affaires tué par son neveu. Mohamed Jeddaoui, né en 1936 était un homme d'affaires bien connu à Ain Sebâa où il avait construit un palais. Il était tellement riche qu'il s'est remarié 40 jours après le décès de son épouse. Son nouveau mariage ne dépassera pas une quinzaine de jours. Mohamed avait beaucoup de biens immobiliers, entre autres. Et si les membres de sa famille étaient à l'abri de la pauvreté, il avait quand même un neveu sans ressource. Il habitait Hay Moulay Rachid. Hassan Jeddaoui, un jeune garçon, se lassait à ne rien faire. Il a beau bourlinguer dans les rues de Casablanca, fumer, boire et commettre des larcins, mais au fond de lui-même, quelque chose le tracassait. Il cherchait à devenir un Jeddaoui, lui aussi. Du moins, un Jeddaoui qui gagnerait sa vie décemment. L'idée de transformer le garage en bas de chez eux en boutique lui vint subitement. Mais ni la maison ni le garage ne lui appartiennent. Ils sont la propriété de l'oncle Mohamed Jeddaoui. Hassan prend son courage des deux mains et s'en va à Ain Sebâa exposer le projet à Tonton. Il voulait y vendre des légumes. Mohamed, le vieux de 76 ans, n'était pas convaincu de la demande. Pour lui, le jeune Hassan n'avait pas encore la tête sur les épaules et cette histoire de marchand de légumes était, pour lui, de la poudre aux yeux. Il a fait faire à Hassan des allers-retours pendant plusieurs jours pour lui dire, à la fin, qu'il ne pouvait pas lui confier le local. Frustré, Hassan décida, une fois pour toute, de mettre fin à la vie du vieillard. Il s'en alla dans un marché aux puces acheter une hache à 20 DH et prit la direction d'Ain Sebâa. Une fois dans la rue Abdelhamid Ibnou Baddis, Hassan respira profondément avant de mettre les pieds dans la villa-palais. Mohamed venait de prendre son déjeuner et était allongé sur le sofa. Sa jeune épouse lui tenait compagnie. Hassan fit irruption dans le salon, sortit sa hache et assena trois coups à son oncle. Deux des trois coups suffirent pour lui scinder le crâne. Hassan prit la fuite. Mohamed succomba à ses blessures avant son arrivée à l'hôpital. Hassan se rendit, après son forfait, dans une autre villa, à Ain Sebâa même, chez un autre oncle. Mais là, la haine qui le rongeait trahit ses comportements. Ses cousins le chassèrent sans savoir pourquoi. Hassan se débarrassa de la hache en cours de route et s'en alla à Ain Harrouda où il croyait pouvoir se réfugier. Les habitants de la région, une zone rurale, doutèrent de la présence d'un jeune homme rôdant dans les alentours, en short. Ils firent signe à la gendarmerie royale qui a vite fait d'interpeller Hassan qui cracha le morceau. La police était à ses trousses. Conduit au commissariat de police, Hassan a tout avoué. Il a même commencé à dérailler. Pendant sa garde-à-vue, il n'a pas cessé de lire des versets du coran, pleurer pour rire par la suite. Il a été déféré devant le Parquet général pour homicide volontaire avec préméditation et guet à pens.