La baisse des créances en souffrance s'explique par deux phénomènes combinés. L'un correspond effectivement à la récupération réelle des créances en souffrance à l'amiable, alors que l'autre n'est qu'un phénomène d'illusion optique, puisqu'il s'agit d'un simple reclassement comptable. e CIH qui traînait avec lui plus de 11,5 milliards de dirhams de créances en souffrance offre une parfaite illustration de cette politique de récupération des créances qui a donné ses fruits. La direction générale de la banque privilégie depuis l'arrivée de Khalid Alioua le recouvrement amiable. Il a même proposé à certains débiteurs des abandons de créances, notamment sur les intérêts de retard. C'est ainsi que Mohamed Benamour, PDG de KTI-KTH, Ouakrim Benlahcen, PDG d'Agadir Beach Club Hôtel ainsi que la famille Bichara, propriétaire de l'hôtel Andalous de Marrakech, entre autres, sont passés à la caisse. Au final, cette stratégie du CIH, élargie à la clientèle de l'immobilier et des particuliers, pour récupérer ses créances, s'est traduite par la récupération de 2,25 milliards de DH dont 1 milliard sur les Erac. Mais le taux de créances en souffrance reste toujours important, dont l'essentiel est détenu par le secteur hôtelier, près de 6 milliards de DH, et l'autre par l'immobilier, près de 3 milliards de DH. Il est clair que les autres banques également ont fourni des efforts importants pour récupérer les créances, mais toujours par la même méthode amiable. Il suffit de jeter un œil sur les états financiers de 2005 pour s'en convaincre. La BMCE Bank a pu reprendre 437 millions de DH de provisions et de pertes sur créances irrécouvrables, contre 352 millions en 2004. Le groupe Banques Populaires a enregistré, pour sa part, une reprise de 1,4 milliard de dirhams grâce à la bonne politique de recouvrement. Attijariwafa Bank, pour sa part, a battu tous les records en reprenant quelque 1,9 milliard de dirhams. Toutefois, il convient de noter que la politique de recouvrement est accompagnée de mesures purement comptables. Car, comme le soulignait Bank Al Maghrib, les banques de la place avaient tendance à maintenir, dans leur bilan, des créances qu'elles savaient devenues irrécouvrables pour de simples considérations fiscales. L'Institut de contrôle a ainsi mis la pression sur les établissements bancaires pour qu'ils procèdent au reclassement nécessaire. Aussi a-t-on pu constater, dans les comptes d'Attijariwafa bank, une perte sur créances irrécouvrables d'un montant de1,384 milliard de dirhams en 2005, contre 915 millions de dirhams seulement une année auparavant. Chez la Banque populaire, les chiffres donnent simplement le tournis. Puisque la perte constatée est de 901 millions de dirhams en 2005 contre 61,2 millions seulement en 2004.