Une politeïa est toute société civile qui a en vue l'intérêt général à l'opposition de la société despotique qui ne cherche que des intérêts particuliers. Aristote affirmait que « la politeïa est une politeïa », désignant par le même terme « gouvernement » et « constitution ». Il signifiait que le bien commun, que la chose publique, sont mieux assurés ou atteints plus simplement lorsque le titulaire du gouvernement est le grand nombre, du moins un nombre satisfaisant d'individus (le peuple). Or il apparaît que le peuple ne peut qu'à de brefs instants exercer directement sa souveraineté (référendums), dans la logique rousseauiste, pour des raisons pratiques et qu'il est amené à déléguer pour un temps donné sa souveraineté à des représentants. C'est dans cette dualité de ces principes que l'exercice de la démocratie se réalise. Le peuple changeant d'opinion aisément, il lui est nécessaire de communiquer ses souhaits à ses représentants afin que ces derniers ne détourne pas la souveraineté qui leur fut concédée pour une durée déterminée. Les démocraties modernes ont vu l'apparition de partis politiques qui se bâtirent progressivement en intermédiaire entre gouvernants et gouvernés. Un parti politique peut se définir d'après la définition de Lapalombra et de Weiner comme une organisation durable, agencée du niveau national au niveau local, visant à conquérir et à exercer le pouvoir, et recherchant à cette fin, le soutien populaire. Le parti semble alors concurrencer l'exercice de la souveraineté par le peuple. Le parti politique participe au fonctionnement de la démocratie en permettant au peuple d'exprimer ses revendications, qui lors des élections peuvent être concrétisées lors de son arrivée au pouvoir. Néanmoins, il doit se repositionner et se redéfinir dans la société contemporaine afin de rester fidèle à sa tâche. Les partis politiques assurent une fonction essentielle dans le régime des démocraties occidentales puisqu'ils permettent aux citoyens de transmettre leur revendication sur la scène politique nationale. Chaque citoyen est autorisé à s'exprimer sur les choix de société et c'est notamment par l'intermédiaire des partis que celui-ci peut mieux faire entendre sa voix. C'est ainsi qu'on passe d'une conception individualiste de la participation politique à l'acceptation plus réaliste d'action en commun permettant ainsi d'exprimer les choix des citoyens partageant des idéaux ou des intérêts communs. La conception moderne du pouvoir rime avec démocratie et faire-part des choix. Puisque les citoyens sont appelés à voter en conscience pour exprimer leur choix, ceux-ci doivent être informés des débats de sociétés. Les partis politiques participent à la publicité des enjeux sociétaux en maintenant une conscience politique. Ils participent à la clarification et à l'alimentation du débat politique par l'organisation de meetings, de distribution de tracts. S'ils peuvent être reprochés de propagande, leur pluralité permet au citoyen de faire le bon choix entre toutes les « vérités » en confrontant les arguments. Exercer ou chercher à exercer le pouvoir signifie que les partis doivent soumettre à l'électeur des programmes, des politiques qu'ils s'engagent à mettre en œuvre s'ils accèdent au gouvernement. Pour se démarquer des partis concurrents, ils présentent des options tranchées, entre lesquelles les électeurs peuvent exercer un véritable choix. Cette fonction de programmation donne son vocabulaire au suffrage : le vote cesse d'être un acte d'allégeance envers tel individu, il devient le choix de telle option politique. La meilleure preuve témoignant de la contribution des partis au fonctionnement de la démocratie est donc leur institutionnalisation, c'est à dire la reconnaissance, l'intégration constitutionnelle des partis dans le système politique. La plupart des candidats proposés aux électeurs sont désignés par les partis. Il aurait pu se poser le problème de l'oligarchie si les candidats n'étaient pas choisis par les électeurs. C'est pourquoi leur organisation doit répondre à certains critères démocratiques. Les partis sont en effet historiquement, le cadre nécessaire aux masses populaires entrant réellement dans la vie politique qui permettait de recruter, en eux-même leurs propres élites. Le principe de la représentation est donc essentiel et est contraire à toute dérive oligarchique. Il existe une certaine coordination entre les parlementaires élus pour une action politique plus efficace. C'est pourquoi une des tâches des partis est de les encadrer. De plus ils maintiennent un contact permanent entre les élus et les électeurs à la fois dans un sens descendant pour expliquer l'activité parlementaire aux électeurs, et dans un sens ascendant, ils informent l'élu des réactions, des attentes des électeurs. Certains partis, théoriquement hostiles au système politique et à ses valeurs, peuvent à la fois constituer une gêne réelle mais non insurmontable pour ce système politique et contribuer cependant de façon indirecte au maintien de certains éléments de ce système. Par exemple, un parti pourrait faire office de porte-parole de la contestation antidémocratique. Cela lui permet de s'exprimer et de peser sur le débat politique et de respecter les fondements de la démocratie au moins dans les actes. Le parti politique doit compter avec diverses organisations ayant également le rôle d'intermédiaire. Ainsi ils doivent tenir compte des groupes associatifs. Lors de leur arrivée au pouvoir, les partis se heurtent en matière économique, sociale, administrative à de multiples acteurs qui souvent sont beaucoup plus puissants dans leur propre secteur. Ils sont en compétitions avec des groupes d'intérêts de toutes sortes et avec les bureaucraties qui jouent un rôle essentiel dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Le problème de la corruption dans les partis politiques dû en partie aux problèmes que ceux-ci ont dans la recherche de fonds pour le financement de leur activité les délégitime. Cette perte de confiance fragilise la démocratie. La difficulté des partis politiques à recruter des membres pour les intégrer et remplacer les anciennes générations illustre la chute du désir d'engagement des citoyens dans la participation à la vie politique. Si les partis ne se régénèrent plus, la menace pèse sur leur existence et sur le fonctionnement de la démocratie. De nouvelles formes de participation sont alors à penser ou alors une plus grande campagne de sensibilisation est à mener. Le parti politique concoure au fonctionnement de la démocratie en permettant à tous les citoyens de connaître et de se positionner sur les enjeux sociétaux. Si le peuple ne peut exercer directement en permanence sa souveraineté, les partis politiques sont un moyen essentiel pour lui permettre de voir se réaliser ses programmes politiques. Les élections permettent de repositionner gouvernés et gouvernants dans une logique de représentation par l'intermédiaire des partis. Cependant la société se transformant, les partis sont appelés à se transformer afin de rester un pilier aidant au maintien du système démocratique.