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Pour l'implantation d'un réseau d'information sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire au Maroc
Publié dans Jeunes du Maroc le 20 - 07 - 2013


par BENANI Abdelhamid
ABSTRACT
This contribution studies the opportunity of the setting up on information network on town planning and national development through the activities of the information units which operate in the sector (1980-1990). The approach used is a combination of the Ex-Post-Facto, a sample survey and the cost-efficacity analysis. The result shows that even if the collections are relevant, they are quantitatively inadequate. The users prefer the information and the lending services to be located close by. The preference is given to maps and plans, technical reports, periodicals and to the communication of factual information. The possibility of sparing 56,23 percent of the working time, and 45,87 percent of the expenses allows the realization of objectives which could not be reached otherwise. The aim is to ensure an adequate knowledge transfer, to initiate communication dynamics between the numerous interveners, to set up a "dusty-board" and to promote the information of the public. Facing the numerous obstacles which must be overcome, it is the almost importance to set up a coordination council and to establish a close contact between the members of the network.
RESUME
Cette contribution vise l'étude de l'opportunité de l'implantation d'un réseau d'information sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire, et ce à travers les activités des unités d'information qui s'y rapportent (1980-1990). L'approche adoptée découle d'une combinaison de la méthode ex-post-facto, de l'enquête par questionnaire et interview, et de l'analyse coût-efficacité. Les résultats obtenus lors de l'étude sur laquelle la présente contribution se base, révèlent que si la pertinence des collections est bien appréciée, leur insuffisance quantitative enregistre une large adhésion de la population étudiée. Celle-ci manifeste une nette préférence des collections pour la localisation géographique de l'information et du service de prêt. L'étude des besoins informationnels traduit l'intérêt accordé aux cartes et plans, rapports techniques, périodiques scientifiques et à la communication de l'information factuelle. L'opportunité d'économiser 56,23% du temps de travail et 45, 87 % des dépenses financières, offre la possibilité de réaliser des objectifs ambitieux ; inaccessibles autrement. Il est question d'assurer un transfert efficace des connaissances, de provoquer une "dynamique de communication" entre les multiples intervenants, de mettre au point un "tableau de bord" et de promouvoir l'information du public. Face aux nombreux obstacles qui pointent à l'horizon, il est impératif d'instaurer un conseil de coordination et de recourir au contact entre les membres du réseau.
I-CADRE GENERAL
1.1- Information-documentation
L'époque actuelle est caractérisée tant par l'ampleur et la rapidité de l'évolution scientifique et de l'innovation technologique que par les transformations diverses et profondes qui en découlent. Cette situation annonce l'érection d'une ère nouvelle où "les technologies ne transforment plus seulement la matière, mais aussi traitent l'information" (Lemoine, 1982, 9). Cela signifie que la civilisation contemporaine est soumise à une profonde mutation matérialisée par le passage d'une "société de production à une société d'information et de savoir".(El Manjra, 1992,3) De ce fait, l'infrastructure informationnelle n'est plus seulement un des soucis majeurs dans le développement économique et social, mais intervient comme étant l'élément moteur de ce développement. Ceci est d'autant plus évident que si "le développement se mesurait jadis, à l'aune de la capacité de production de capitaux, il peut être défini aujourd'hui en fonction de la capacité de production, de traitement, de stockage, d'actualisation, de transmission et d'utilisation rationnelle de l'information par une société déterminée". (El Manjra, 1992, 3) Face à cette situation, notamment l'explosion informationnelle, il est impératif de développer non seulement les techniques de stockage et de recherche de l'information, mais aussi et surtout d'amorcer une série de réflexions qui va dans le sens d'une gestion rationnelle des moyens et des ressources disponibles. Cependant, cette gestion de l'information ne peut être valablement conçue que sur la base d'une coopération étroite entre les différentes unités d'information qui devrait nécessairement aboutir à l'implantation de réseaux d'information, véritable catalyseur de tout "système national d'information". Le réseau d'information est perçu comme une philosophie d'organisation visant la promotion d'une stratégie d'action commune entre unités d'information, basée sur le partage des coûts et des tâches en vue d'améliorer les services à rendre et de réaliser des objectifs inaccessibles autrement.
1.2-Urbanisme et aménagement du territoire
Au Maroc, la volonté d'œuvrer en faveur de la promotion d'une politique urbanistique harmonieuse fut affirmée dès l'indépendance. Celle-ci s'est traduite par la mise au point de diverses stratégies d'intervention en vue de faire face aux violentes perturbations qui ont secoué l'espace national durant le protectorat. En effet, la structuration de l'espace national en fonction d'une logique exogène : introduction de capitaux, monétarisation des échanges, appropriation des meilleures terres, extractions minières..., a entrainé un changement brutal des structures économiques, sociales et culturelles. Cette évolution a conduit à la rupture de l'équilibre entre les groupes humains et le milieu naturel. Ce lourd héritage du colonialisme, accentué par une urbanisation accélérée, qualifiée de "l'une des plus rapides des pays non industrialisés" (Pisani, 1966), engageait le Maroc indépendant dans une situation délicate, difficile à maîtriser. En effet, le recensement général de 1982 attribue au Maroc 20 419 000 habitants contre 15 379 259 habitants en 1971. Les villes sont les principales bénéficiaires de ce jaillissement démographique du fait que la population citadine est passée de 5368 000 habitants en 1971, à 8 730 000 en 1982 ; soit un taux d'urbanisation de 43 %. Si ces tendances se maintiennent, les prévisions pour 2005 estiment la population citadine à 18 millions d'habitants ; soit 50% de la population totale. (Ministère de l'Intérieur, 1990,1)
Les conséquences de cette évolution sont lourdement ressenties et posent d'énormes problèmes liés non seulement à l'emploi, à l'habitat, à l'équipement, à l'assainissement, mais aussi à l'organisation et à la répartition judicieuse des hommes et des activités à travers l'espace national. Celui-ci présente les symptômes de désordres et de disparités à tous les niveaux, régions, agglomérations urbaines et rurales, notamment la concentration des hommes et des activités sur l'axe littoral atlantique Casablanca-Kenitra.
1.3 Problématique
Il est actuellement admis et reconnu que vu l'extrême complexité des phénomènes qui relèvent de la gestion de l'espace et de son aménagement, ainsi que la diversité des utilisateurs et pourvoyeurs d'information qui y participent, la maîtrise des impératifs de la gestion de l'espace ne peut aboutir sans une organisation systématique et efficace de l'identification, la collecte, le traitement et la diffusion de l'information. Cette situation découle essentiellement de l'importance de la recherche concertée et pluridisciplinaire dans ces domaines, d'où la nécessité de satisfaire les besoins en information sur de larges domaines d'activité, et de l'opportunité de bénéficier d'une information relatant les aspects positifs et négatifs d'expériences réalisées dans d'autres villes et pays. Elle est liée également à la volonté d'améliorer la communication entre les acteurs de l'aménagement et le citoyen, notamment les effets de la presse sur les actions entreprises ou prévues en matière d'architecture, d'urbanisme et d'aménagement. L'ensemble de ces facteurs se conjuguent aujourd'hui pour souligner l'urgente nécessité de définir des objectifs, de formuler une politique d'information claire et précise, et d'explorer les voies et moyens permettant d'aboutir à la meilleure adéquation possible entre le besoin informationnel à satisfaire et les structures à mettre en place.
Or, constatant l'absence d'une véritable politique de coopération entre les diverses unités d'information spécialisées, particulièrement au sein d'une conjoncture caractérisée par les compressions budgétaires et par "l'explosion informationnelle", qui tend à gagner en quantité et en complexité, nous pensons que l'implantation d'un réseau spécialisé est de nature à rationaliser la gestion des moyens disponibles en vue d'améliorer l'efficacité des services à rendre et de réaliser d'autres objectifs inaccessibles autrement. En effet, l'implantation de ce réseau d'information véhicule l'opportunité d'apporter une contribution efficace aux efforts déployés pour résoudre les nombreux problèmes d'urbanisme et d'aménagement du territoire. Celui-ci devrait normalement développer une stratégie d'action permanente visant l'atténuation de la "crise de communication" qui semble caractériser les rapports entre les multiples intervenants dans ces domaines : représentants de l'administration, collectivités locales et autres organismes semi-publics ou privés. Cette crise se manifeste nettement à travers la carence d'articulation entre les documents d'urbanisme, l'absence d'une action permanente d'information, de sensibilisation et d'incitation du plus grand nombre d'institutions et d'administrés. Elle se manifeste également par l'incapacité de fournir une information fiable, suffisante, reconditionnée, vérifiée et facilement accessible aussi bien lors de la définition de la politique d'urbanisme et d'aménagement que lors de sa mise en œuvre. Il est clair que les conséquences de cette évolution sont très lourdes socialement et financièrement, et conduisent le plus souvent à s'interroger sur l'utilité même de la production des documents d'urbanisme et d'aménagement tant que leur opérationnalité paraît compromise. Pour ce faire, nous proposons de vérifier la relation de causalité entre l'implantation d'un réseau et l'économie de moyens et l'efficacité des services. Nous tenterons de vérifier cette affirmation à travers l'étude du réseau d'information sur l'urbanisme, l'aménagement du territoire et l'architecture, susceptible d'être constitué par les unités d'information qui s'y rapportent.
II-APPROCHE METHODOLOGIQUE
2.1-Objectifs de recherche
Cette contribution a pour finalité d'appréhender l'opportunité de l'implantation d'un réseau d'information sur l'urbanisme, l'architecture et l'aménagement du territoire. Les objectifs qui en découlent s'articulent autour de cinq axes essentiels : 1- l'évaluation des activités des unités d'information spécialisées, et ce à travers les collections disponibles, les produits et les services assurés ; 2- la localisation des imbrications entre les collections, en vue de cerner leurs implications en termes de temps de travail consenti pour leur traitement et de dépenses investies pour leur acquisition ; 3- l'étude du besoin informationnel de l'utilisateur afin de déterminer les sources d'information à partager et les services à rendre ; 4- l'étude du comportement informationnel de l'utilisateur manifesté par ses recours aux unités d'information externes ; 5- la conception du réseau d'information à la base des résultats obtenus, tout en définissant ses objectifs, ses fonctions et les structures de coordination à instaurer.
2.2- Méthodes de recherche
L'organisation en réseau est une réalité complexe qui implique une diversité d'éléments à appréhender : utilisateur, personnel, fonds et produits documentaires, services assurés et dépenses financières. L'étude de tous ces éléments suppose le recours à une combinaison de plusieurs méthodes de recherche. A ce propos, l'approche adoptée résulte de la combinaison de la méthode Ex-Post-Facto, de l'enquête par questionnaire et interview et de l'analyse coût/efficacité. Au demeurant, cette recherche a pour finalité de simuler les activités des unités d'informations spécialisées dans les domaines étudiés (1980-1990), en vue de vérifier si l'implantation d'un réseau aurait permis d'améliorer le rapport coût/efficacité. Ces considérations sont de nature à légitimer le recours à la méthode Ex-Post-Facto, dont l'objectif "remains the establishment in an emperical fashion of the validity of what is referred to as conditional statments or if ... then" (Misky, 1989, 12).
III- COCEPTION DU RESEAU D'INFORMATION
Il est maintenant vérifié, sur la base des résultats obtenus, que l'implantation du réseau d'information constitue une opportunité d'améliorer sensiblement le rapport coût/efficacité en vue de réaliser d'autres objectifs, ambitieux et inaccessibles autrement. En effet, cette opportunité est d'autant plus évidente que la diversité des partenaires de l'aménagement de l'espace et la complexité des problèmes posés conduisent à la prolifération et à l'accentuation d'une certaine "crise de communication" entre les multiples intervenants impliqués. Cette crise, dont les conséquences sont très lourdes socialement et financièrement, découle notamment :
* du grand nombre d'intervenants dans ces domaines : les départements ministériels, les établissements publics, les collectivités locales, les promoteurs privés (Henry, 1977,41) ;
* du volume et de la diversité de l'information produite : imprimée, photographique, cartographique, audio-visuelle ;
* de la diversité des supports d'information requis ;
* de son caractère subjectif car "les informations véhiculées ne sont pas toujours claires, pondérées, confirmées. Ce sont des rumeurs, des opinions, des intuitions et des demi-faits" (Rogers, 1977, 66) ;
* de sa finalité qui consiste à cerner l'évolution nécessaire entre les institutions et le citoyen, d'une part, et du citoyen avec l'administration, d'autre part (Noël, 1982, 9).
La maîtrise de cette situation passe nécessairement par l'amorce d'une stratégie d'action visant la promotion de la dynamique de communication entre les multiples partenaires de l'urbanisme et de l'aménagement. Cette dynamique devrait constituer l'essentiel des attributions des unités d'information déjà opérationnelles ou à implanter. Leurs objectifs communs peuvent être cernés en quatre axes.
4.1- Transfert des connaissances
L'intérêt de ce transfert des connaissances théoriques et pratiques en matière d'organisation et d'administration des villes n'est plus à démontrer. Celui-ci permettra de suivre l'évolution rapide des connaissances et de réaliser un meilleur rapport coût/bénéfice par la connaissance des aspects positifs et négatifs d'expériences similaires réalisées dans d'autres pays (Lecour, 1977, 227). A ce propos, il semble qu'"il est possible de trouver des solutions à beaucoup de nos problèmes urbains en comparant et en consultant les documents publiés par d'autres villes" (Kennington, 1977,18). Au niveau national, la carence d'un transfert efficace de cette masse informationnelle est lourdement ressentie et se reflète nettement à travers l'étude du pouvoir local et l'espace urbain au Maroc, qui rapporte que "malgré la diversité des auteurs, les études reprennent les mêmes arguments, utilisent les mêmes chiffres et aboutissent aux mêmes conclusions" (Abouhani, 1988,92). Ceci est dû notamment au fait que la masse informationnelle disponible et accessible "ne brasse qu'un petit nombre d'idées, toujours les mêmes et dont seule la récurrence crée une impression d'épaisseur remarquable" (Abouhani, 1988,82).
4.2-Favoriser la concertation entre les divers intervenants
La mise en place de structures nouvelles et appropriées pour assurer le suivi et la mise en œuvre de la politique d'urbanisme et d'aménagement du territoire, constitue désormais une priorité nationale conformément aux Hautes directives Royales prodiguées lors du discours du 3 mars 1991. Au demeurant, la maîtrise des impératifs de l'aménagement de l'espace passe nécessairement par l'organisation systématique et efficace de la capitalisation, du traitement, du stockage et de l'exploitation de l'information pertinente. Il est, en effet, légitime de s'interroger sur l'utilité même de la production, très coûteuse, des documents d'urbanisme tant que leur opérationnalité paraît compromise. Aussi, l'intérêt de ces documents est très controversé en l'absence de structures informationnelles appropriées à même de créer les conditions favorables pour une meilleure concertation entre les intervenants. Celle-ci devrait intervenir aussi bien lors des préliminaires qui président à la promotion de la politique urbanistique que lors de son suivi et de sa mise en œuvre.
Face au caractère subjectif de l'information urbaine, sa diversité et sa complexité, le réseau d'information préconisé devrait favoriser le développement de la "contre information" afin d'éviter aux administrations compétentes de travailler sans tenir compte de l'information de provenance externe, aux collectivités locales de ne pas utiliser l'information produite par l'administration, se privant ainsi d'un moyen de concertation indispensable à la maîtrise des impératifs de la gestion et de l'aménagement des villes. Par ailleurs, la coopération entre les unités d'information destinées aux praticiens et celles destinées aux universitaires devrait, normalement, favoriser la concertation entre les praticiens tant du secteur public que privé d'une part, et les universitaires d'autres part, particulièrement les enseignants-chercheurs, et ce dans l'optique de l'adéquation recherche-développement. Cette concertation est de nature à contribuer positivement à résoudre les problèmes posés. L'ensemble des ces dispositions devrait normalement déboucher sur la mise au point d'une politique cohérente de la gestion et de l'aménagement de l'espace, fruit d'un véritable consensus entre les divers partenaires impliqués. L'adéquation recherche-développement s'inscrit dans l'optique de la mobilisation de toutes les potentialités, notamment intellectuelles, en vue de trouver les meilleures solutions possibles aux problèmes posés.
4.3- La collecte systématique des données requises
La collecte systématique des données requises pour la mise au point d'un "tableau de bord", notamment les données statistiques et les indicateurs de l'urbanisation, revêt une importance capitale pour l'aménagement et la gestion des villes. En effet, l'habitude de limiter la collecte et le traitement de l'information à la phase de production des documents d'urbanisme, leur confère un caractère statique qui se traduit par une certaine inadéquation entre les données socio-économiques projetées et l'évolution effective sur le terrain. Il se manifeste également lors de la comparaison des programmes retenus par ces documents avec ceux effectivement réalisés. Aussi, "la prise en compte du phénomène de la durée est évident, du fait que le processus interactif a tendance à modifier le sens même des messages que l'administration se voit obligée d'adapter ses propos aux besoins de ses interlocuteurs" (Noël, 1982,49). De là découle la nécessité urgente d'assurer la capitalisation systématique de l'information requise pour l'élaboration du "tableau de bord", dont l'utilité est fort évidente, non seulement pour les gouverneurs et les élus, mais aussi pour les administrations centrales compétentes et les inspections régionales de l'architecture et de l'urbanisme.
4.4- L'information du public
Etant donné que l'urbanisme et l'aménagement du territoire revêtent un caractère de responsabilité collective, il est évident que la réussite de toute politique urbanistique reste tributaire de la capacité d'informer, de sensibiliser et d'associer le plus grand nombre d'institutions et de citoyens à toutes les étapes de l'élaboration de l'action publique. Pour ce faire, le réseau d'information est appelé à promouvoir trois formes d'intervention qui varient d'une diffusion unilatérale entreprise par les institutions envers les administrés, à une information à double sens visant l'instauration d'un dialogue permanent entre les institutions et les administrés (Noël, 1982, 30). Or, si l'information générale n'enregistre que des actions ponctuelles, encore timides, il reste néanmoins beaucoup à faire quant à l'information orientation et l'information conversationnelle.
En effet, l'information orientation implique d'assurer les fonctions d'accueil, de renseignement, d'aiguillage et de promouvoir l'information destinée à influer le public, en l'amenant à adopter un comportement favorable à l'égard de la protection de l'environnement, de la préservation des espaces verts et du bon usage des équipements collectifs. L'information conversationnelle a pour finalité d'instaurer un dialogue permanent entre les institutions et les administrés, notamment les collectivités locales. Cette information implique à la fois l'évaluation des effets des réalisations des institutions et la concertation avec les administrés qui conduit les institutions à reconsidérer les modalités de leurs actions dans l'optique de l'adéquation des programmes aux besoins et attentes des citoyens. 4.5- Structure de coordination Le réseau est d'abord une philosophie d'organisation et d'action qui s'oppose à toute structure existante. N'est-il pas l'antithèse de toute structure organisationnelle ? (Duduy, 1992,879). Il en résulte une multitude d'obstacles qui pointent à l'horizon de tout projet d'une telle envergure : politique, organisationnel, fonctionnel, technique, juridique, financier et humain. En effet, la littérature scientifique révèle une forte résistance de l'élément humain à l'égard des réajustements liés au réseau. Cette réaction peut émaner d'une ou d'un groupe de personnes réunies par leur appartenance à une association professionnelle, par les positions occupées dans le processus de prise de décisions ou par leurs activités. Elle peut résulter également du refus des services administratifs de se dessaisir des données qu'ils produisent au profit d'une structure informationnelle appropriée ou que "les directions nationales de l'urbanisme ne souhaitent généralement pas évoluer vers une fonction de service et de coordination en matière d'information urbaine" (ministère de la Coopération, 1990,21).
Il semble, par ailleurs, que si la dynamique de communication passe préalablement par la capacité de faciliter un accès efficace à l'information, "la multiplication des procédures facilite la rétention de l'information et constitue souvent une source de revenus complémentaires pour les fonctionnaires concernés" (ministère de la Coopération, 1990,21). Face à ces obstacles, il est impératif d'instaurer un conseil de coordination doté de larges prérogatives en matière de gestion de l'information urbaine. Ce conseil doit bénéficier d'un soutien permanent et sans faille lui permettant de développer sa stratégie d'action qui devrait nécessairement prévaloir au sein d'une organisation "devenue le lieu des besoins humains englobant non seulement l'homme et son intellect, mais aussi bien ses tendances impulsives, émotives, non rationnelles" (Belanger, 1980,3).
V- CONCLUSION
Les implications d'un réseau d'information sont si diverses et si profondes qu'elles véhiculent des difficultés réelles lors de toute tentative de les identifier d'une manière cohérente et globale. Diverses du fait qu'elles touchent non seulement aux moyens humains, financiers et matériels, aux produits documentaires et aux services assurés, mais contribuent largement à dynamiser les courants de communication entre les multiples intervenants : représentants de l'administration, collectivités locales, organismes privés et associations professionnelles. Profondes, car les implications d'un tel projet suscitent une nouvelle approche des principes et méthodes de gestion de l'information et de la documentation. Celle-ci affecte aussi bien les structures de gestion et de coordination que les missions et objectifs des unités qui doivent réussir la transition d'unités pourvoyeuses de documentation en unités pourvoyeuses d'information (Cloutier, 1982,102). Etant donné que le réseau d'information permet d'économiser 45,87% des dépenses financières et 56,23% du temps de travail, il est peu concevable que les nombreux projets en cours ne tiennent pas compte de ces opportunités : Le Centre national de documentation des collectivités locales, l'Observatoire sur l'environnement, le Centre de documentation et la banque de données urbaines. Ceci est d'autant plus évident que l'élimination des imbrications entre les fonds documentaires peut assurer une couverture plus large de la production informationnelle nationale et étrangère. Aussi, l'économie du temps de travail devrait être consacrée à un traitement plus fin de l'information axé sur le cumul des connaissances au lieu d'une simple juxtaposition des références bibliographiques (Cloutier, 1982, 102). Cette transition est de nature à provoquer des interactions plus souples entre l'utilisateur d'une part, la masse informationnelle, les produits documentaires et les services assurés, d'autre part.
Il est indéniable que la finalité ultime d'un réseau d'information est d'assurer le bien-être du citoyen : directement par son action permanente de sensibilisation, d'information, de renseignement du public, indirectement par son action en faveur des potentialités humaines chargées de la promotion de la politique urbanistique, de son suivi et de sa mise en œuvre. Par ailleurs, l'urbanisme et l'aménagement du territoire véhiculent une responsabilité collective qui implique la participation et l'adhésion du citoyen. De ce fait, ses attitudes, ses besoins et comportements informationnels constituent des thèmes pertinents pour la recherche dans le domaine des sciences de l'information. En effet, le citoyen en tant qu'utilisateur "est catégorisé selon son âge, ce qui est raisonnable ; selon le moment de la journée ou la saison de l'année, ce qui l'est certainement moins ; selon le niveau intellectuel qu'on lui a attribué pour la vie à cause de l'absence de diplôme, ce qui est odieux" (Alain, 1981,91). Le citoyen "ordinaire" se trouve ainsi condamné à végéter dans son ignorance. L'intérêt de telles approches est d'autant plus évident que les études des attitudes, des besoins et comportements du public en quête d'information révèlent "qu'il existe rarement de rencontres opportunes entre l'information émise et celle qu'un individu sollicite" (Noël, 1982,47).
Il faut donc admettre que si l'administration a beaucoup à dire, elle a aussi beaucoup à entendre et à écouter (Noël, 1982,4). L'ensemble de ces considérations laisse croire qu'il est plus logique en effet d'apprécier la performance organisationnelle en termes d'utilisation plutôt qu'en termes de finalité (Alain, 1981, 93). Outre les recommandations de l'étude de l'opportunité d'un réseau d'information (Benani, 1992,368), ces développements soulèvent autant de questions qui méritent évidemment des réflexions, des réponses, des analyses approfondies de la situation de l'information et de la documentation au Maroc au début du XXIe siècle.
BIBLIOGRAPHIE
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