Par : BENANI Abdelhamid Abstract Information society, system and network After having briefftly defined the two concepts : system and network, this contribution aims at identifying the multiple potentialities which are vehiculated by the information systems and networks, and stresses this strategic role in the "information society". The success of such a strategy depends on its capacity to mat the challenge of the numerous constraints and limits which can hinder it. In this article, special attention is given to the differences between developed and developing countries, in what concerns the hindrances and constraints which must be overcome. Résumé : Après une brève tentative de définition des concepts "système" et "réseau" d'information, cette contribution vise à identifier les multiples potentialités véhiculées par les systèmes et les réseaux d'information et à mettre en évidence leur rôle stratégique à l'heure de la "société de l'information". Néanmoins, la réussite d'une telle stratégie d'action demeure tributaire de la capacité à faire face aux nombreuses contraintes et limites qui pointent à l'horizon. Aussi cet article a-t-il accordé une attention particulière aux variations enregistrées entre les pays développés et les "pays en développement" et ce tant en termes de potentialités qu'en termes de contraintes et d'obstacles à surmonter. ***** I- INTRODUCTION L'ampleur des transformations actuelles et les tendances des mutations futures engagent la civilisation contemporaine dans une profonde mutation caractérisée par l'écroulement progressif de la "société de production" sous la pression de la "société de l'information". Cette évolution n'est pas sans poser de problèmes complexes qui suggèrent un nouvel état d'esprit, une nouvelle manière de percevoir et d'apprécier la réalité. Face à cette situation, le recours aux systèmes et aux réseaux d'information ne répond nullement à un simple désir de modernité, mais constitue une nécessité évidente compte tenu des multiples potentialités véhiculées et de leur rôle stratégique à l'heure de la société de l'information. Conscient de l'intérêt et de l'opportunité de cette philosophie de l'organisation, les pays développés ont depuis longtemps conçu des stratégies d'intervention, fruit d'un effort constant et soutenu d'études et de réflexion, de conception, de mise en œuvre et d'évaluation continue d'une grande variété de systèmes et de réseaux d'information. Cependant, si les pays développés ont pu saisir ces opportunités, il est donc légitime de s'interroger sur les réticences des "pays en développement" à l'égard de ces phénomènes. Par cette attitude, ces pays ne risquent-ils pas de rater la révolution informationnelle comme ils ont déjà raté la révolution industrielle ? Pourquoi tiennent-ils tellement à rester à l'écart de cette révolution ? Quels sont les risques et les contraintes qui poussent ces pays à adopter une telle attitude ? Quelles sont les conditions préalables susceptibles de garantir une exploitation rationnelle des potentialités des systèmes et des réseaux d'information ? Il est tentant, en effet, de croire qu'il suffit d'investir dans l'infrastructure des "autoroutes de l'information" pour prétendre éviter l'exclusion. Plus tentant, aussi, est-il de croire en la possibilité de l'aboutissement des efforts de mise à niveau eu égard à l'écart considérable qui sépare les deux groupes de pays. Voilà autant de question qui méritent des réponses, des études et des réflexions approfondies sur la situation actuelle et les perspectives des pays en développement à l'heure de la société de l'information. Néanmoins, cette contribution n'a pas pour ambition d'apporter des éléments de réponse à toutes ces interrogations, mais s'attache plutôt à appréhender les systèmes et les réseaux d'information et à cerner leurs potentialités et leurs limites eu égard au rôle stratégique qui leur incombe. 2- CONCEPTS "SYSTEME" et "RESEAUX" Il est largement admis par les travaux d'étude et de recherche, publications et manifestations consacrés aux systèmes et aux réseaux, que la définition de ces concepts est une entreprise extrêmement délicate. Cet état de fait découle de nombreuses considérations liées non seulement à leur nature complexe, mais aussi et surtout aux implications à la fois diverses et profondes qui en découlent. Ceci est d'autant plus évident que ces concepts véhiculent une ambiguïté et une imprécision remarquables du fait qu'ils sont soumis à de multiples variations sémantiques selon les époques, les auteurs et les pays. Ces difficultés tendent nettement vers l'accentuation lors de toute tentative de trouver une ligne de démarcation entre les deux concepts. Si le terme "système" est relativement récent, le réseau, par contre, puise son origine du terme latin "rétis" qui signifie filet, utilisé par les Romains pour capturer les animaux. Le Robert assimile le système à "un ensemble des lignes, des voies de communication... qui desservent une même entité géographique et dépendent d'une même compagnie". Cette définition identifie deux caractéristiques essentielles, qui distinguent le système par sa tendance à la centralisation du fait de sa dépendance de la même compagnie et de sa concentration sur une même entité géographique. Dans sa "Théorie générale des systèmes", Bertalanffy définit le système comme un "complexe d'éléments en interaction", alors qu'il perçoit le réseau comme une espèce particulière de système. (J.V. Bertalanffy, 1973). Cette définition insiste sur deux aspects essentiels : L'un structurel (ensemble d'éléments), et l'autre fonctionnel (interaction). Mais c'est ce deuxième aspect qui permet de mieux saisir le sens de système ou de réseau. L'interaction est, selon le Larousse, "un phénomène qui permet à une collection d'individus de se constituer en groupe et qui consiste dans le fait que le comportement de chaque individu devient stimulus pour un autre". Bien qu'elle n'exclue pas l'aspect structurel, cette définition insiste davantage sur la notion d'influence réciproque qui devrait présider à la relation entre les éléments. Au demeurant, la signification réelle de ces concepts et la difficulté de trouver une ligne de démarcation ne se limitent pas seulement à des niveaux de structuration présentant certaines nuances. Au-delà de ces considérations terminologiques et conceptuelles, le réseau est un phénomène qui tend à gagner en ampleur en préconisant un nouvel état d'esprit, une nouvelle philosophie de l'organisation dotée d'un puissant pouvoir d'organisation et d'action. Cette puissance organisatrice est beaucoup plus du côté des liens qui président aux relations entre les éléments que du côté de la structure du réseau. Son importance découle, d'abord, de sa tendance à intégrer l'ensemble des disciplines de la connaissance. En effet, le domaine des sciences sociales autorise une certaine opposition du réseau au "nécessaire individualisme du marché" de l'économie classique. D'ailleurs, le passage du "chaos" au réseau est clairement reflété par des modèles mathématiques de percolation qui assimilent le réseau à un niveau de solidarité entre ses éléments. Ces modèles ont tendance à démontrer comment la multiplication des liens entre des couples de points d'un ensemble débouche sur un véritable réseau qui solidarise l'ensemble après un certain seuil (Gabriel Dupuy, 1992). Cela signifie que les effets du réseau ne peuvent se produire qu'après un certain seuil de solidarité entre ses éléments. En urbanisme, l'approche éco-systémique des années soixante percevait la réalité urbaine comme un ensemble de systèmes reliés par des interactions exprimées par des flux multiples qui ne se limitent pas seulement aux mouvements de personnes, de biens et de capitaux, mais intègrent également l'information (Reine Vogel, 1995:78). D'autres disciplines reconnaissent l'importance des réseaux et leur utilité évidente, notamment la biologie, la médecine, les transports, l'électricité, l'hydraulique et les télécommunications, etc. L'Islam, dans sa conception globale de la communauté musulmane la "Oumma", apporte une parfaite illustration de la philosophie du réseau, en préconisant la promotion de l'esprit de solidarité, d'entraide et de coopération pour l'intérêt de la communauté. En effet, l'Islam ne se limite pas seulement à préciser et à défendre les intérêts de l'individu (élément de la communauté), mais veille également à assurer un équilibre harmonieux entre ses droits et ses obligations envers la "Oumma". Au demeurant, cette remarquable interaction entre l'individu et la communauté est parfaitement illustrée par les propos du Prophète Sidna Mohammed ; cités par Al Boukhari :"Il est des croyants dont leur solidarité et leur mutuelle amabilité comme un seul corps, le moindre organe qui souffre met en émoi tous les autres par l'insomnie et la fièvre". Bien qu'ils vérifient l'ensemble des aspects développés auparavant, les réseaux d'information se démarquent nettement par la nature, la finalité et les caractéristiques spécifiques du concept "information", perçu comme l'ensemble des données qui permettent de réduire l'incertitude et qui ont une valeur pour la prise de décision. Ils se distinguent également par le caractère abstrait de l'information et par le fait qu'elle se présente comme "l'unique ressource qui s'enrichit lorsqu'elle est partagée" (Mahdi El Mandjra, 1984:57). Dans cette optique, les systèmes ou les réseaux d'information s'attachent à établir des relations entre une diversité d'éléments qui peuvent être des automates, des processeurs, des ordinateurs et plus généralement les individus perçus comme émetteurs et récepteurs de l'information. L'importance de cette philosophie d'organisation ne dépend pas uniquement de la nature physique de ce qui est communiqué, mais demeure intimement liée au transfert de l'information qui se présente comme une entité totalement abstraite. Toutes ces considérations, conjuguées à la capacité de plus en plus performante de numérisation des données et au rythme de plus en plus rapide du transfert de l'information, sont de nature à imprégner la notion de système ou de réseau d'une connotation particulière. Désormais, la signification réelle véhiculée par les systèmes et les réseaux d'information tend nettement vers un espace de liberté, profondément marqué par la libre circulation de l'information, la libre communication sans contraintes de temps ou d'espace. 3- POTENTIALITES DES RESEAUX D'INFORMATION Il n'est pas nécessaire de recourir à des extrapolations rigoureuses pour constater le rôle stratégique des réseaux d'information à l'heure de la société de l'information. Cette importance est nettement reflétée à travers la large introduction de ces concepts dans de nombreux domaines de la connaissance et par les multiples travaux d'étude et de recherche qui s'accordent à considérer que le fonctionnement en réseau est réputé préférable au non réseau. Son avantage découle à la fois de la capacité de générer les idées, les projets et les réalisations les plus grandioses et de l'opportunité de rationaliser la gestion des moyens disponibles et d'améliorer l'efficacité des services. 3.1- Rationalité et efficacité Cette philosophie d'organisation doit sa grande popularité à la possibilité de rationaliser la gestion des moyens disponibles, humains, financiers et matériels, en vue d'améliorer sensiblement l'efficacité des services. Ce pouvoir d'organisation reconnu au réseau a suscité un vif intérêt de la part de nombreux chercheurs qui ont tenté d'étudier les potentialités liées au fonctionnement dans un environnement réseau. Ces travaux s'accordent largement à considérer que les réseaux d'information sont constitués pour un meilleur partage des coûts et des tâches et une meilleure rentabilité par l'augmentation de la clientèle qui devrait nécessairement impliquer l'ensemble des composantes d'une société donnée, notamment les citoyens. Ils permettent également de rationaliser la gestion des moyens par la répartition des tâches entre les divers partenaires du réseau en vue de faciliter les échanges et d'éviter des doubles emplois inutiles (Guy Cloutier, 1982). Il est, de ce fait, évident que le recours au réseau est légitimé par l'opportunité de réaliser des économies substantielles tant en termes de dépenses investies qu'en termes de travail consentis pour le repérage, la capitalisation, le traitement, le stockage et l'exploitation rationnelle de l'information, dans les plus brefs délais et au moindre coût. Cela signifie que le réseau plaide en faveur d'une coopération à une grande échelle, basée sur le partage des coûts et des tâches, en vue d'améliorer l'efficacité et la rentabilité des services assurés et des actions envisagées. Il convient de souligner à ce propos que les résultats de l'étude portant sur l'opportunité de l'implantation d'un réseau d'information ont permis de cerner les économies éventuelles véhiculées par le réseau à 47% des moyens financiers disponibles et à 56 % du temps de travail consacrés au traitement de l'information. (Benani, 1992) Cependant, ces économies ne constituent pas une fin en soi, mais véhiculent des alternatives d'utilisation susceptibles d'améliorer l'efficacité des services à assurer auprès des diverses communautés d'utilisateurs. En effet, les économies financières ainsi obtenues peuvent servir pour assurer une couverture plus large de la production informationnelle mondiale. Aussi, les économies des efforts humains peuvent être consacrées à un traitement plus fin de l'information axé sur le cumul des connaissances au lieu d'une simple présentation plus ou moins ordonnée des références bibliographiques. Cela suppose donc un effort considérable d'analyse de l'information, de son évaluation et de son reconditionnement en vue de réunir les conditions favorables permettant d'améliorer le processus de prise de décision. Ces considérations d'économies et d'efficacité constituent, certes, des arguments attrayants qui plaisent en faveur du réseau, mais cette philosophie d'organisation se démarque nettement par l'opportunité de réaliser d'autres objectifs beaucoup plus ambitieux. 3.2- Les objectifs spécifiques du réseau Il est indéniable que les principaux facteurs qui ont favorisé l'implantation et le développement des réseaux d'information découlent de la possibilité de réaliser des objectifs spécifiques qui ne peuvent être accessibles autrement. En effet, les réseaux d'information véhiculent des opportunités évidentes qui ne se limitent pas seulement à assurer un transfert efficace des connaissances, mais intègrent également la possibilité de générer une "dynamique de communication" entre les multiples acteurs du développement économique et social d'une société déterminée. Aussi, les réseaux d'information ont tendance à garantir une exploitation rationnelle de l'information pertinente et à favoriser l'association et l'intervention de la population dans le processus de prise de décision. Cette stratégie a fait l'objet de nombreuses réflexions, études et plans d'action, notamment le plan Lange qui intègre la dimension territoriale en matière d'organisation des réseaux. Sa promotion à base sectorielle par grandes disciplines a fortement marqué les efforts de l'Institut international de la coopération intellectuelle de la Société des Nations (SDN). Le plan Farmington de 1942 (USA) établissait les bases d'une action concertée impliquant une grande variété de services d'information en vue d'assurer une couverture plus large de la production informationnelle mondiale. Cette action est de nature à favoriser un transfert efficace des connaissances concourant ainsi à réaliser un meilleur rapport coût/bénéfice des programmes envisagés par l'identification préalable des aspects positifs et négatifs des expériences réalisées dans d'autres pays. Actuellement, cet objectif est largement à la portée des Américains grâce au développement surprenant du réseau Internet qui a tendance à devenir le maillon essentiel des "autoroutes de l'information". Il est désormais évident que la définition des priorités de développement et la mise en œuvre des programmes ne peuvent être valablement menées sans une organisation efficace de l'identification, la capitalisation, le traitement et l'exploitation rationnelle de l'information par une société donnée. En effet, la complexité de la problématique du développement économique, social et culturel, la diversité des intervenants qu'elle implique ainsi que la multiplicité des centres de décision ont tendance à accentuer la "crise de communication" qui caractérise les rapports entre les diverses composantes de la collectivité nationale (Benani, 1995). Les conséquences d'une telle situation sont très lourde socialement et financièrement et conduisent le plus souvent à chercher des solutions par le recours aux réseaux d'information, largement légitimé par le symposium de l'OCDE (1977) et par les récents travaux relatifs au génie urbain (Bernard, 1995:65). Ce recours est d'autant plus nécessaire que le réseau est doté d'un puissant pouvoir d'organisation et d'action susceptible de générer une dynamique de communication afin d'assurer un environnement favorable à une concertation effective de l'ensemble des composantes de la société. En effet, la réussite de toute stratégie de développement économique, social et culturel est intimement liée à la capacité d'informer, de sensibiliser et d'associer le plus grand nombre d'institutions et de citoyens au processus de prise de décision. Agir autrement conduirait inévitablement à l'inadéquation des programmes retenus aux attentes de la population. D'ailleurs, la gestion des projets et le processus de prise de décision qui se veulent démocratiques sont très délicats à mettre en œuvre "car les objectifs du gouvernement local ne joignent pas toujours ceux de la population" (Guy Peyretti, 1995:75). De là découle la nécessité urgente de reconnaître d'autres formes d'intervention qui ne se limitent pas seulement à une simple diffusion unilatérale de l'information entreprise par les institutions vers les administrés. 4- CONTRAINTES ET LIMITES En dépit des potentialités remarquables des systèmes et des réseaux d'information et de l'urgente nécessité d'œuvrer en faveur de leur implantation, la promotion de toute stratégie d'action d'une telle envergure est une œuvre de longue haleine dont la réussite est fonction de la capacité à faire face efficacement aux multiples contraintes et limites susceptibles d'entraver sérieusement sa mise en œuvre. Cette situation est beaucoup plus délicate pour les "pays en développement" qui doivent opérer au sein d'un environnement très défavorable à l'épanouissement de cette philosophie d'organisation, avec des moyens humains, financiers et matériels extrêmement limités. Ceci est d'autant plus problématique que ces pays sont appelés à réduire l'écart considérable qui les sépare des "pays développés" et à surmonter des obstacles et des contraintes qui ont tendance à gagner en quantité et en complexité. Il est à rappeler, cependant, que les effets du réseau ne peuvent se produire qu'après un certain seuil de solidarité entre l'ensemble de ses éléments. Cela suppose que les potentialités des réseaux d'information passent préalablement par la capacité de promotion et de mise en œuvre d'une stratégie d'action efficace adaptée au contexte particulier d'une société déterminée. Aussi, la réussite d'une telle stratégie est-elle largement tributaire de l'aptitude à trouver les meilleurs solutions possibles à une grande variété de contraintes et de limites aussi diverses que complexes et englobent, non seulement les problèmes politiques, institutionnels et juridiques, mais intègrent également les contraintes organisationnelles, techniques, financières et humaines. D'autres aspects beaucoup plus complexes méritent par conséquent une attention particulière, notamment les problèmes éthiques (droits de l'Homme), déontologiques, culturels ainsi que la notion de pertinence sociale de l'information. (Mahdi El Manjra, 1984:57) Les contraintes institutionnelles découlent du fait qu'un réseau implique la participation d'un certain nombre d'institutions qui divergent tant en termes de missions et d'objectifs qu'en termes d'autorités de dépendance et de sources de financement. Ces difficultés sont beaucoup plus ressenties par les "pays en développement" qui se démarquent nettement par la forte résistance à l'égard de toute action visant à dynamiser les courants de communication entre les diverses composantes de la collectivité nationale, notamment les rapports entre les institutions et entre ces dernières et le citoyen. Dans bien des cas, des projets pertinents d'implantation de réseaux d'information sont rejetés pour la simple raison qu'ils présentent une certaine évolution par rapport à ce qui est routinier. Ceci est d'autant plus évident que les réseaux d'information visent la promotion d'une dynamique de communication qui constitue un élan considérable en matière de transparence et que sa prolifération n'est pas encore clairement admise par ces pays. Les contraintes juridiques sont aussi décisives que les précédentes et intègrent deux aspects fondamentaux. Le premier est lié à la nécessité de promulguer des lois visant à assurer un équilibre harmonieux entre la nécessité de garantir le droit d'accès à l'information, les exigences du respect de la vie privée des individus et des droits d'auteur. Le second aspect a trait à l'impératif de réglementer les rapports entre l'ensemble des partenaires du réseau. Il est question, notamment, de la définition des méthodes et des procédures de partage des coûts et des tâches, de la précision des procédures et des protocoles d'accès aux services communs, de la détermination des obligations financières et des limites des responsabilités légales, des conditions de rupture et des modalités de règlement des conflits. L'implantation et le développement des systèmes et des réseaux d'information est une entreprise de longue haleine, qui devrait bénéficiait d'un soutien constant et d'un appui financier permanent, suffisant et sans faille. Elle est également fonction de la capacité de générer un consensus des divers partenaires à la fois lors de la définition des objectifs communs et au moment de la mise en œuvre des règles et des procédures qui doivent présider au partage des coûts et des tâches entre l'ensemble des participants du réseau. Ces problèmes tendent nettement vers l'accentuation pour les "pays en développement" qui doivent opérer avec des moyens financiers extrêmement limités et faire face à des difficultés aussi complexes que multiples. Il en découle un nécessaire recours aux appuis financiers extérieurs qui conduisent, le plus souvent, à se démarquer des objectifs initiaux de ces projets. L'élément humain est très probablement l'un des facteurs déterminants qui conditionne largement l'issue de toute tentative de promotion de stratégies d'action axées sur la sensibilisation et la coopération judicieuse de l'ensemble des composantes d'une société déterminée en vue de son adaptation aux transformations actuelles et aux mutations futures. Ce double effort de réflexion et d'action est d'autant plus nécessaire que les risques véhiculés sont à la fois énormes et complexes. Ils impliquent non seulement les problèmes liés à la vulnérabilité de l'information et à la confidentialité des données qui transitent par les "autoroutes de l'information", mais intègrent également les risques de prolifération et d'accentuation de certains fléaux, notamment le racisme, le terrorisme, la criminalité organisée, la fraude fiscale sous ses diverses formes et l'atteinte de la vie privée des individus. D'autres risques supplémentaires surgissent dès qu'il est question d'aborder la situation des "pays en développement". D'ailleurs, est-t- il légitime d'évoquer ce phénomène de "société de l'information" pour les pays du sud qui émergent nettement par les taux remarquablement élevés de la population analphabète. Celle-ci demeure exclue tant qu'une stratégie d'action d'envergure n'entre en jeu pour éradiquer ce phénomène ou du moins en limiter les effets. Au demeurant, comment peut-on légitimer un projet de société dans sa globalité, notamment les efforts de mise à niveau, alors que la part la plus importante de la population est dans l'incapacité de bénéficier de l'énorme investissement que cela suppose. 5- CONCLUSION A l'heure de la "société de l'information", les opportunités véhiculées sont si évidentes et si attrayantes qu'ils s'affirment de plus en plus comme l'unique solution rationnelle et incontournable. Néanmoins, l'ampleur et la complexité des nombreuses contraintes et limites qui pointent à l'horizon et la diversité des conditions préalables requises posent d'énormes problèmes, notamment pour les "pays en développement" qui se trouvent dans une situation extrêmement délicate, difficile à maîtriser. Ces problèmes s'accentuent davantage pour les pays arabes dont la langue est confrontée à certaines difficultés spécifiques qui supposent des efforts considérables d'adaptation aux exigences des nouvelles technologies de l'information et de la communication. En effet, les "pays en développement" en général et les pays arabes en particulier sont appelés à opérer avec un retard considérable, apparemment irréversible, car le niveau actuel des grands systèmes et réseaux est le fruit de deux siècles de gestation, d'étude et de réflexion, de conception et de mise en œuvre, d'évaluation et d'adaptation permanentes. Cela signifie que l'utilisation rationnelle des nouvelles technologies de l'information et de la communication est fonction de l'aptitude à favoriser la promotion d'un nouvel état d'esprit, d'une nouvelle philosophie d'organisation et d'une nouvelle manière de percevoir et d'apprécier la réalité. Elle passe également par des efforts constants et soutenus d'étude et de réflexion, de conception et d'action en vue de mieux évaluer l'importance des enjeux des nouvelles technologies de l'information et la complexité remarquable des mutations actuelles et futures. Par ailleurs, la réussite d'une telle stratégie d'action est intimement liée à la possibilité de définition d'objectifs clairs et précis, adaptés au contexte particulier de la société en question. Aussi, la mobilisation des ressources humaines, financières et matérielles suffisantes et la capacité de trouver les meilleures solutions aux multiples contraintes et obstacles sont autant de facteurs qui conditionnent dans une large mesure l'issue de toute stratégie d'action en matière de systèmes et de réseaux d'information. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Archer, Bernard (1995). Vous avez dit :"Génies urbains", Urbanisme 281, p.65. Benani, Abdelhamid (1992). Opportunité de l'implantation d'un réseau d'information sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire, Rabat, ESI, mémoire du cycle supérieur de l'ESI. Benani, Abdelhamid (1995). Pour l'implantation d'un réseau d'information sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire, Revue de la Science de l'Information,1, Rabat Bertalanffy, J.V. (1973). Théorie générale des systèmes, Paris, Dunod. Christian, Paul (2000). Du Droit et des libertés sur l'Internet, rapport présenté au premier ministre Cloutier, Guy (1982). Nature et rôle d'un réseau, Documentation et bibliothèques, 28 (3), p. 101-103. De Rosney, Joël (1999). La société de l'information au XXIe siècle : Enjeux, promesses et défis, Ramsès 2000. De Rosnay, Joël (1999). Innovation et réseau : les nouvelles structures de la recherche, Les Echos, p.58 Dupuy, Gabriel (1992). Réseaux : philosophie de l'organisation, Universalis, 19,p. 875-882. El Mandjra, Mahdi (1984). Où va l'information ? Futuribles, 74, p. 54. El Mandjra, Mahdi (1996). Conditions de réussite des systèmes et des réseaux au Maroc, Table ronde, Rabat. Peyretti, Guy (1995). Les deux paradis de l'ingénieur, Urbanisme, 281, p. 75. OCDE (1977). Une documentation pour l'urbanisme, Paris, Documentation française. Vogel, Reine (1995). Retour à la centralité, Urbanisme, 281.