Le Saoudien Acwa Power vient de confirmer le début d'exécution des travaux de la future centrale solaire à concentration (CSP) de 160 MW à Ouarzazate dans le sud du Maroc. Ce groupe à capitaux saoudiens avait emporté en septembre 2012 l'appel d'offre pour la construction de cette première tranche du méga projet piloté par l'agence publique Masen. Le projet, réalisé par des contractants espagnols dont Acciona, doit coûter 500 millions d'euros. C'est parti pour le début effectif des travaux de la première centrale solaire d'Ouarzazate. Le groupe saoudien Acwa Power vient de donner l'ordre ce 29 avril à un consortium espagnol de lancer les travaux de construction de ce qui doit être la plus grande centrale solaire à concentration au monde. Sa capacité sera de 160 MW. Ouarzazate est située dans la région de Souss-Massa-Draa, au sud-ouest de Marrakech. À l'origine du projet : l'agence gouvernementale Masen (Moroccan Agency for Solar ENergy) qui a pour but, pour le compte de l'Etat, le développement des projets de production d'électricité à partir de l'énergie solaire en s'appuyant sur des opérateurs privés. Suite à un appel d'offre en 2011, Masen avait attribué la réalisation de la centrale d'Ouarzazate, la première du genre dans le royaume au groupe Acwa, via sa filiale Acwa Power. Celle-ci a donc donné un ordre d'exécution restreint à ses prestataires EPC (engineering procurement and construction). Il s'agit du groupement constitué pour l'essentiel des entreprises espagnoles Acciona, Sener et TSK. Le coût de ce projet a été estimé à 500 millions d'euros. Selon des informations recueillies par L'Usine Nouvelle en début d'année, cette première centrale serait financée à 80% par de la dette et 20% en fonds propres, dont 15% apportés par Acwa et 5% par Masen. Mais le montage peut avoir évolué. De nombreux bailleurs de fonds doivent participer au projet : Banque Mondiale, BEI (Banque Européenne d'Investissement), BAD (Banque Africaine de Développement), KfW (banque de développement allemande) ou l'Union Européenne en son nom propre, sans oublier l'Agence Française de Développement (AFD). L'AFD dans une convention de financement signée en 2012 a ainsi prévu une ligne de prêts de 100 millions d'euros pour participer au projet. Quant au début des travaux, "l'adjudication du contrat EPC est en ligne avec notre planning de développement et devrait nous permettre de respecter l'objectif d'une mise en marche commerciale de la centrale au cours de la seconde moitié de 2015" a déclaré à la presse marocaine Paddy Padmanathan, président directeur général d'Acwa Power. Acciona est un des principaux groupes espagnols opérant dans les infrastructures, les énergies renouvelables, l'eau et les services liés. Coté en bourse, il emploie plus de 30 000 employés avec une présence dans plus de 30 pays. Au Maroc, outre ce projet solaire, sa filiale Acciona Agua, en consortium avec le groupe marocain de BTP EMT a emporté un contrat de 59 millions d'euros pour une usine de traitement de l'eau potable située à Oum Azza pour améliorer l'approvisionnement en eau de la région de Rabat-Casablanca. Sener Ingenieria y systemas pour sa part a été créé en Espagne voilà plus de 50 ans et opère dans l'ingénierie (génie civil, aérospatiale, naval...) avec une forte composante sur l'énergie. Employant plus de 2 500 personnes, ce groupe basé à Las Arenas (Pays Basque) a ouvert une quinzaine de bureaux dans le monde. Il a participé à plusieurs projets de CSP en Espagne. Enfin, le troisième prestataire du consortium est TSK, société spécialisée dans l'ingénierie et la fourniture d'équipements. Elle réalise un chiffre d'affaires de plus de 250 millions d'euros avec 650 salariés. Basée à Gijon (Asturies), la société TSK a aussi à son actif la participation à plusieurs projets CSP en Espagne notamment. Il doit être aussi fait appel à des entreprises locales pour assurer le développement d'une filière nationale autour du projet. Cette centrale est la première d'une série utilisant différentes technologies d'énergie solaire dont le lancement sera piloté par Masen sur le même site. Elle doit disposer, par ailleurs, d'un système de stockage thermique lui permettant de couvrir sur 3 heures le pic de consommation de 19 à 22 heures. La centrale doit permettre de réaliser l'économie d'environ 470 000 tonnes de CO2 équivalent par an et surtout d'alléger les achats de carburants (charbon, fuel...) du royaume pour sa production d'électricité. La société Nomac, filiale d'Acwa Power assurera l'exploitation et la maintenance du projet. Masen achètera l'électricité produite selon l'accord signé en novembre 2012 pour ce projet structuré en BOOT (build own operate transfer). Acwa Power Maroc, sera gérée par l'algérien Badis Derradji, ancien PDG de NEAL (New energy Algeria) une société algérienne d'énergies renouvelables. Outre Ouarzazate, le plan solaire marocain prévoit quatre autres sites (Ain Bni Mathar, Foum Al Oued, Boujdour et Sebkhat Tah) considérés comme prioritaires du fait de leur ensoleillement. L'objectif est d'atteindre 2 GW en 2020. Masen a par ailleurs lancé en janvier un appel d'offre pour une deuxième centrale solaire géante à concentration (340 MW) sur le même site d'Ouarzazate. La phase de pré-qualification est en cours et le résultat final devrait être connu cette année. Nasser Djama - www.usinenouvelle.com