Depuis peu, les médias nationaux louent les mérites du Maroc quant au développement et à la démocratie, dus notamment aux réformes juridiques du statut de la femme. La propagande est alors sans répit ! Même si réformes il y a, l'avancée idéologique est loin d'être acquise, puisque le machisme est omniprésent et le conservatisme sociétal perdure. Ainsi, la nécessité d'un débat sur « l'identité sexuelle » s'impose. Cette identité qui repose toujours sur d'austères normes socioculturelles à prérogative sexiste, liant féminité à asservissement, voire au degré d'abrutissement. Depuis l'enfance, les manuels scolaires sont les piliers de l'imprégnation de la doctrine machiste. Les rôles de chacun y sont expressément discernés : du petit garçon qui joue au football avec son papa, à la petite fille aidant sa maman à faire le ménage ou la cuisine. Puis, il y a les maîtres d'écoles pour mettre en exergue la théorie. Dès un très jeune âge, les préceptes basiques du machisme sont inculqués, à savoir : L'accablant engagement, pour la fille, de se conformer à son infériorité vis-à-vis du mâle et de n'avoir nulle utilité en dehors des tâches ménagères. Dénier par la suite toute source de distraction et blâmer tout loisir sportif. Il paraît que la féminité exige que tout objet de forme ronde, ne devrait aucunement être touché avec les pieds. Le cas échéant, cela risquerait de déclencher un dysfonctionnement hormonal qui engendrerait éventuellement, après la puberté, une production de spermatozoïdes au lieu des ovules ! Si jonglage avec un ballon, il y aurait d'inquiétantes poussées de pilosité au niveau de la poitrine par la suite. Le cas d'un match de football ou d'une compétition d'arts martiaux, c'est toute une transmutation de l'appareil génital ! Par contre si activité physique il devrait y avoir, pas de faux-fuyant à la danse orientale ! Et pour une teinte d'obscurantisme à la perfection, des feuilletons télévisés égyptiens en cas de trêve des tâches ménagères. Décidément, la vie d'une femme n'est conçue que par son dévouement. Tout son entourage est légitimé d'usurper de tout ce qui lui est propre ; ses idées, ses goûts, sa façon d'être et même de son intimité ! Car en cas de mariage, il s'agit de la « donner » dans des conditions de gré à gré dignes des grandes places boursières. Il y aussi le service après vente, alias le légendaire tissu exigé lors de la nuit de noces par la famille, ses voisins, les familles des voisins, par la belle-famille, leurs voisins et leurs familles ! Une fois la transaction achevée, l'acheteur est fier de la « marchandise » immaculée et le vendeur enchanté par l'idée que sa « spéculation » fut enfin rentable. Tout compte fait, en cas de contestation d'au moins l'une de ces normes, c'est tout un autre processus de re-marginalisation. Une femme qui se révolte est destinée vraisemblablement à l'anéantissement progressif de sa féminité ! Car selon la règle d'or : pas de féminité sans conformisme ! Les exigences d'une femme érudite relèvent juste de son caractère insolent et de sa virilité "refoulée"... —Meryem KAGHATE—