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Le P2P, la loi et le reste !
Publié dans Jeunes du Maroc le 24 - 05 - 2006

Le Peer To Peer (P2P pour les intimes) est sans doute une technologie révolutionnaire. Partager des fichiers est la raison même de l'existence d'Internet, et les programmes P2P savent très bien faire cela. En effet le succès de la technologie P2P est dû principalement à sa robustesse aux pannes, sa facilité d'implémentation et sa disponibilité à grande échelle. Le P2P dépasse de loin le modèle classique ‘client/serveur' pour offrir beaucoup plus de possibilités. Un ordinateur en mode P2P est à la fois un client et un serveur, permettant aux données de transiter directement entre les utilisateurs (sans parler des serveurs d'indexation des fichiers dans les modèles centralisés).
Il y a quelques années, les sociétés de droits d'auteurs ont fait des réseaux P2P leur cheval de bataille, en expliquant que de telles technologies servent au téléchargement de contenu protégé par des droits de copyright. « Il est illégal d'utiliser les logiciels Peer To Peer », on n'a pas arrêté de nous le répéter, jusqu'au point de devenir un véritable axiome. L'utilisation d'eMule, Kazaa, Shareaza ou tout autre logiciel exploitant la technologie Peer To Peer devient un délit et relève du domaine du piratage ! C'est absurde, car comme le P2P, s'il sert à partager des fichiers piratés, il peut aussi servir à partager des données légales ; la même chose est valable pour les couteaux, qui peuvent être utilisés comme des armes pour tuer où des outils pour éplucher vos pommes de terre. Pourtant on n'a jamais interdit de vendre ou d'utiliser les couteaux (à ma connaissance tuer quelqu'un est plus grave que pirater un logiciel).
D'ailleurs, dans le même esprit, les navigateurs web et les gestionnaires de mails doivent être interdits, un navigateur web comme Internet Explorer ou Mozilla FireFox peut très bien être utilisé pour télécharger du contenu illégal, c'est la nature même de son fonctionnement, une page web n'est pas plus qu'un téléchargement http d'un serveur distant, de même qu'on puisse se servir d'un gestionnaire de mails pour envoyer des pièces jointes piratées.
Une autre question éthique surgit, concernant les émissions télévisées, téléchargées par le biais des réseaux Peer To Peer. Le contenu télévisé a toujours été enregistré sur les magnétoscopes VHS sans que cela ne déclenche de polémique, c'est même légal dans la mesure où les spectateurs (supposés être nous) ont déjà payé contribuablement ce qu'ils regardent. Pourquoi cela ne s'applique plus quand on diffuse les mêmes émissions en format numérique via P2P ? En quoi envoyer une émission télévisée par Internet diffère du fait de prêter une cassette VHS à son voisin ? Nous n'avons jamais entendu qu'un individu s'est fait arrêter pour emprunts de cassettes contenant du contenu télévisé, pourtant, nombreux sont ceux arrêtés pour téléchargement (dits illégaux) du même contenu... Nous sommes tous d'accord sur la nécessité de combattre le piratage, mais nous devons déjà nous mettre d'accord pour combattre l'hypocrisie de la loi internationale.
Mohammed SLIMANI
Le Courrier Du Nord
http://blog.syscraft.net


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