Lieu magique où corps nus, odeurs suaves et couleurs s'emmêlent. Symbole de la féminité marocaine, de la force des femmes, du pouvoir apaisant de l'eau, mais surtout héritage ancestral du culte du corps. Temple sacré de la tradition où s'opère le rituel de la propreté. Un endroit d'où les souvenirs ressurgissent chargés de vapeur et de moiteur, de seaux pleins à rebord d'une eau chaude et claire, de cris joyeux d'enfants courant un peu partout... « El hammam » et sa tiédeur, son sol froid et ses murs en zellige, ses « guellassat » et ses pièces multiples, les plus chanceux d'entre nous on déjà connu cela... Je me souviendrai toujours de ces femmes aux gants noirs, de leur chair, de leurs formes... Ces femmes se prélassant à même le sol, leurs corps luisants se languissant mollement, évacuant fatigue et mauvaises tensions... Ces femmes se dandinant de pièce en pièce, puis se penchant pour puiser de l'eau dans la « barma »... Ces femmes aux voix puissantes criant pour qu'on chauffe l'eau qui devenait trop froide... Ces femmes aux longues chevelures miroitantes, les peignes, le henné, le « saboune elbeldi », l'huile de cade et bien d'autres mixtures aux vertus miraculeuses... Ces petites mains essayant, tant bien que mal, de remplir des minis seaux d'eau froide.... Ces grands-mères lavant amoureusement leurs petits enfants... Ces si belles femmes enceintes veillant à la propreté de leur corps, récipient contenant la vie... Ces jeunes filles aidant leurs aînées, ces discutions de femme à femme, tantôt plaintives, tantôt philosophiques, ces rires joyeux... Ces futures mariées, dont on chantait la vertu, se livrant à un ultime bain comme pour laver leurs pêchés... Le bain maure offre un spectacle certes singulier mais unique. Il nous offre le pouvoir d'apaiser nos sens. Il nous donne le pouvoir de nous rappeler notre culture, puisque lui-même fait partie de nous... mouna oualid