0- fin de la poésie... Au départ, il est question de se positionner dans le sillon de la thématique : « la mémoire »... C'est-à-dire de composer avec / contre la mémoire. celle historique, celle humaine, celle des livres, celle des disques durs et toutes les autres notions de mémoires physiques et métaphysique... Et qui dit « composer » avec la mémoire, sous-entend « décomposer », moins dans la logique du démantèlement que de la décomposition organique. En prenant la mémoire comme un cadavre abandonné sur les bas-côtés de l'autoroute de l'histoire sous le soleil et les somptueux charognards qui sont les vautours, pour en tirer quelque chose qui nous permettra de raconter une histoire. 1- la figure contournable du Flash-Back... Décomposer la mémoire c'est l'aider à exister par autre chose que par la chaîne d'air et la toile d'éther de la pensée. Et en ces temps de mémoire virtuelle et de cheminement vers la mode de l'amnésie comme way of life, époque où chacun délègue ses souvenirs, donc se délègue à des disques durs externes à des PC portables, à des clés USB et autres imageries numériques...Il est de plus en plus compliqué de laisser filtrer des bribes d'émotions et de poésie dans ce qui nous est arrivé dans le passé... Il y a toujours un « capteur de souvenirs » toujours quelqu'un qui filme ou photographie le quotidien, nos amis adeptes des miniDV et des appareils photos numérique, générant des parcours obligés dans notre CV de vivant. Des images qui dessinent la cartographie de notre vie en lui enlevant tout mystère, laissant de moins en moins de blancs entre les photos dans les albums de famille. Il n'y a plus de place pour le « flou », plus de place à l'imagination et à l'embellissement des souvenirs (hors palette graphique et Photoshop !!)... Désormais, tout est là, notre vie s'allonge devant nous comme des bobines de films qu'on peut projeter et rembobiner à souhait. Chaque image, information et séquence de film MINI-DV remplit sa fonction de « preuve judiciaire » de ce qui est réellement notre passif... Et dans nos simples quotidiens de mortels, il n'y a plus de place à la mythologie qui se développe comme une sorte de cancer pour sublimer les évènements qui traversent nos vies en les rendant plus contrastés en leurs taillants des habits dans l'étoffe de l'inoubliable. La tendance est de ne plus laisser les souvenirs s'épanouir dans nos esprits mais de les archiver dans les dédales des mémoires virtuelles, on est poussé à épingler nos souvenirs comme autant de papillons numériques sur les écrans plasma de nos PC et Mac et donc le rigorisme historique inutile remplace la poésie de la mythologie/manie et tout devient clair, sans relief, mathématique, « binaire » pour être dans la tendance, des ZEROS et des UN... 1-0-1-0-1-0... Vrai-faux-vrai-faux-vrai... 0- tous ça pour... « la vie, c'est la mort à l'œuvre » Lunati(K)a est l'histoire sublimée de la rupture d'un couple où tous passe par le souvenir mourant qui « prend vie »... Atika, le personnage central de Lunatika souffre du « syndrome du néant » elle se retrouve toujours dans le noir où les éléments de sa vie se désagrègent dans l'obscurité pour ne laisser rien au moment d'allumer la lumière. Elle est obligée de reconstituer le monde comme elle peut avec seulement de la craie. Mais comment, créer un monde qu'on ne connaît plus ? Réponse : en s'accrochant à nos souvenirs qui ont traversé notre inconscient pour devenir des traumatismes. Des souvenirs tatoués en nos comme des codes barres de nos identités profondes. Et Atika s'accroche à ses traumatismes comme à des bouées de secours pour recommencer à recomposer son monde. Une histoire d'amour mnémonique. Une histoire de passion qui sublime le souvenir pour lui insuffler de la vie pour le faire exister comme une extension d'elle-même c'est la prétention narrative de Lunati(K)a...