L'accord annoncé jeudi chez Ryanair en Irlande « ne change rien » dans le conflit social qui oppose la direction de la compagnie aérienne à bas coûts à plusieurs syndicats belges et européens, a prévenu la CNE, une des plus importantes centrales syndicales de Belgique. Ryanair a annoncé avoir conclu le 23 août un accord avec le syndicat de ses pilotes irlandais (Forsa), qui pourrait mettre fin à un conflit ayant entraîné cinq jours de grève en Irlande. « Ce syndicat irlandais n'a pas participé à notre mouvement européen, cela ne change rien pour nous », a réagi Didier Lebbe, secrétaire permanent de la CNE qui s'est alliée avec des syndicats portugais, espagnols et italiens pour revendiquer un changement radical de « business model » chez Ryanair. Alors que les pilotes irlandais réclamaient notamment un meilleur système de promotion et de congés annuels ainsi qu'une voix au chapitre quant à leur poste d'affectation, le responsable syndical belge a insisté: « ce ne sont pas du tout les mêmes revendications que les nôtres ». « Nous demandons l'application des législations sociales nationales (dans les différents pays où Ryanair opère, au lieu du droit irlandais, une demande qui ne concerne pas les pilotes irlandais) et nos revendications concernent non seulement les pilotes mais aussi le personnel de cabine », a-t-il expliqué. L'accord conclu jeudi avec le syndicat irlandais ne mettra pas fin à l'ensemble des conflits opposant la compagnie irlandaise à ses employés ailleurs en Europe, mais s'il est voté par les pilotes basés en Irlande, il serait symbolique pour la direction de la compagnie. Les pilotes irlandais doivent encore se prononcer sur cet accord, conclu jeudi après une réunion marathon de 22 heures mais dont le contenu n'a pas été révélé. La compagnie aérienne à bas coût a été confrontée le 10 août à sa première grève paneuropéenne de pilotes, avec des arrêts de travail non seulement en Irlande, mais aussi en Allemagne, en Belgique, en Suède et aux Pays-Bas. Cette grève européenne inédite avait entraîné pour cette seule journée quelque 400 annulations de vols, au départ et à destination de ces cinq pays, touchant pas moins de 55.000 passagers. Sous le slogan « Ryanair must change Now », les pilotes européens exigeaient de la direction de Ryanair des conditions de travail décentes, l'application des législations nationales du travail et l'établissement d'un vrai dialogue social, basé sur le respect mutuel.