Depuis que la crise entre le pouvoir central chinois et les habitants de Hong Kong a éclaté il y a de cela deux mois, Pékin ne cesse de donner des signaux d'alerte subtils pour faire calmer le jeu du côté des manifestants. Mais, ces dernières semaines, les menaces ont pris le dessus. Même Huawei, son emblème national en matière de technologie est attaqué. Pékin qui est en pleine guerre commerciale avec Washington depuis un an, avec des négociations qui butent toujours sur le transfert de technologies refusé par les Etats-Unis, n'avait de cesse, jusqu'ici, de défendre son poulain, numéro 2 mondial après Samsung en termes de ventes et qui avait pris la place d'Apple. Mais depuis que des utilisateurs ont fait remarquer un jeu subtil de changement de nom de pays selon la langue utilisée sur les téléphones, les critiques se sont mises à pleuvoir sur les réseaux sociaux notamment sur Weibo, le Facebook chinois. L'enfant chéri, Huawei, critiqué En effet, sur certains téléphones Huawei, lorsqu'on sélectionne le fuseau horaire avec la langue locale traditionnelle utilisée à Taiwan et à Hong Kong, les terminaux indiquent « Taïpei, Taïwan » par exemple. Le changement ne se fait que lorsque l'ont sélectionne le fuseau en écriture simplifiée, utilisée uniquement en Chine. C'est là qu'apparaît « Taïpei, Chine » comme exigé par le parti communiste chinois (PCC). Cette différence d'appellations observée concernant Taiwan et Hong Kong a provoqué l'ire des nationalistes chinois puisque Pékin revendique les deux territoires. Pour les chinois, cela est d'autant plus impensable venant de la plus aimée et défendue firme chinoise. Dans les commentaires des internautes chinois, la colère est ressentie. Ils ne comprennent pas comment le fleuron de la technologie chinoise puisse reconnaître Taiwan et Hong Kong comme indépendants, comment ont-il pu transgresser les lois du pays? Les critiques se sont faites acerbes envers Huawei, surtout en rapport avec la guerre commerciale qui oppose la Chine et les Etats-Unis et qui a visé l'entreprise chinoise puisque Washington a sanctionné le géant de technologie en lui bannissant l'achat de certaines composantes fabriquées aux Etats-Unis. Les autorités chinoises ont défendu bec et ongles leur entreprise, demandant entre autres à la population de soutenir la marque en achetant plus de produits Huawei. Plusieurs marques internationales visées Mais Huawei n'est pas la seule entreprise visée dans son secteur d'activité, puisque la numéro 1 mondial, le sud coréen Samsung a aussi fait les frais d'une large campagne contre la marque à cause de son site internet. Le portail web de la marque reconnait Taiwan et Hong Kong comme des Etats indépendants dans sa liste quand il s'agit de choisir où ils sont localisés. Même si l'île de Taiwan n'obéit plus aux mêmes règles que la Chine continentale depuis sept décennies, que Hong Kong a son propre système et sa propre monnaie, pour certains internautes, dissocier les deux entités de la Chine est une grave erreur. C'est en ce sens que plusieurs stars ont boycotté la marque avec qui ils ont décidé de ne plus collaborer. Ce mouvement de nationalisme chinois a également touché d'autres marques internationales, pas seulement dans la téléphonie. Des maisons de haute couture telles que l'italienne Versace, la française Givenchy, ou encore l'américaine Coach ont été dans le collimateur des chinois, de telle sortes qu'elles ont dû se confondre en excuses. Les chinois, qui font partie des plus grands acheteurs de luxe dans le monde, n'ont pas apprécié que ces marques étrangères proposent des t-shirts suggérant l'indépendance de Taïwan et de Hong Kong. Erreur ou stratégie de communication? Les maisons de haute couture n'ont pas été épargnées par les critiques en tous cas. Elle ont été quelque peu forcées de présenter des excuses publiques pour rattraper le coup, comme le joaillier Swarovski qui a présenté Hong Kong comme pays sur son site web. Mais ces excuses n'ont pas arrangé les choses avec certaines des stars chinoises, notamment les acteurs, les chanteurs, les artistes et autres icônes de la mode qui ont arrêter de collaborer avec ces marques jugées hostiles à l'unité de la Chine.