La crise des futurs médecins du Maroc est dans « l'impasse ». Menant un boycott des cours, des stages hospitaliers et des examens de S2 depuis plus de 3 mois, les étudiants en médecine (générale, dentaire, pharmacie) n'ont pas pu, pour autant, obtenir gain de cause sur leur dossier revendicatif. Ayant épuisé tous les recours pour résoudre cette crise avec les deux ministères de tutelle, le ministère de la Santé et le ministère de l'Enseignement supérieur, qui ont montré «clairement» leur incapacité à gérer ce dossier sensible, la coordination nationale des étudiants en médecine du Maroc (CNEM) a adressé une lettre ouverte à la présidence du gouvernement, demandant son aide, mais aussi au ministère de l'Intérieur qui a répondu favorablement à leur appel. En effet, un représentant du département de Laftit a bien reçu, lundi 1er juillet, quelques membres de la CNEM pour discuter de leur dossier revendicatif et du point de discorde avec leurs deux ministères de tutelle, à savoir le concours de résidanat. Une réunion « positive », nous confie Yassine Fadili membre de la CNEM et étudiant en médecine générale à Rabat, durant laquelle il a été décidé de créer une commission composée de représentants de l'ensemble des intervenants, directs et indirects, dans le dossier des futurs médecins. Il s'agit des représentants de la présidence du gouvernement, de la CNEM, des ministères de la Santé et de l'enseignement supérieur, du ministère de l'Economie et des finances et du syndicat des enseignants. « Cette commission devra commencer son travail dès cette semaine, nous indique Yassine, pour achever sa mission fin décembre 2019. Elle travaillera principalement sur deux volets: Le premier porte sur le dossier revendicatif des étudiants en médecine du public et le deuxième concerne les problèmes que rencontrent les étudiants en médecine lors de leur formation à la faculté et aux centres hospitaliers universitaires (CHU). Pour le point du résidanat, « véritable pierre d'achoppement » avec les ministères de tutelle, et sur laquelle les futurs médecins ne veulent pas céder, notre source avance que « si les deux ministères promettent d'augmenter les postes de résidanat» il ne sont pas contre. Toutefois, il y a plusieurs points à résoudre avant cela. Comment ? Yassine nous explique qu'il y a d'abord le problème des espaces de stage réservé aux étudiants. « Comme vous le savez, les CHU et les services disponibles peuvent à peine supporter les étudiants de la faculté publique (+ de 18.000 étudiants). Il faut donc élargir les terrains de stage en urgence ». « Il faut aussi équiper davantage les CHU et les aménager de telle sorte que chaque étudiant peut profiter pleinement d'une formation de qualité. Et en fin, augmenter l'effectif des enseignants puisque comme vous le savez, les professeurs en médecine fuient actuellement la faculté publique ce qui engendre un manque énorme. Donc il y a plusieurs points à régler avec les deux ministères de tutelle avant d'accepter, ou pas, l'augmentation des postes destinés aux concours de résidanat », relève-t-il. À cet effet, Yassine « espère qu'il y aura une réelle volonté politique pour régler cette crise ». « C'est sûr que nous maintenons notre boycott ouvert jusqu'à ce qu'on trouve une solution concrète à notre dossier notamment le point du résidanat. Si on arrive à des solutions dans le dossier revendicatif et surtout le point du résidanat c'est sûr que d'ici fin juillet on mettra fin à la grève. Mais en parallèle, il doit y avoir un accord voté par les étudiants et signé par la CNEM et les deux ministères de tutelle, et la commission poursuivra sa mission jusqu'à fin décembre » a déclaré Yassine Hespress Fr. Et si la commission parvient à une solution avant décembre, comment se déroulera la reprise des cours ? Yassine nous explique que « normalement une fois l'accord signé avec les deux ministères, il y a un plan des modalités de reprise qu'on va discuter avec les enseignants et les doyens des facultés. Ce plan comportera 3 axes importants à savoir : les étudiants doivent repasser la session normale et la session de rattrapage des examens, il faut mettre en place un nouveau système de stage pour que les étudiants n'aient pas à les refaire dès le début, et aussi décaler les concours d'internat et de résidanat de 2019 jusqu'à janvier 2020 ».