Ramadan est l'occasion pour les Marocains de changer leurs habitudes alimentaires. Le poisson et la volaille sont des alternatives plus «saines» à la consommation de viandes rouges. Tour du marché de Rabat pour voir la situation durant le mois sacré. Le mois de ramadan revient comme chaque année avec son lot de changements. Les habitudes alimentaires sont les plus marquées par ces variations, surtout que ce mois représente une occasion à saisir pour les personnes qui souhaitent faire le «ménage» dans leur corps. Bon nombre de Marocains se tournent ainsi vers des mets plus «healthy», dans l'objectif de perdre quelques kilos, se débarrasser du cholestérol et de préparer leur silhouette pour l'été. En plus des soupes à base de légumes, fruits et autres aliments «sains», les consommateurs marocains abandonnent petit à petit la viande rouge au profit du poisson et de la volaille durant le mois de ramadan. Cela dit, ces aliments subissent aussi le courroux de la fluctuation, puisque leurs prix atteignent des sommes qui ne sont pas à la portée de tous. Pourtant, les autorités n'arrêtent pas de dire que ces produits sont disponibles en quantités suffisantes, ce qui ne devrait en aucun cas impacter le prix de vente finale. Mais, malheureusement, la réalité est autre sur le marché. Le poisson est disponible, les prix aussi Hespress FR a fait le tour du marché central et de la Médina de Rabat, afin de s'enquérir des prix pratiqués par les marchands durant ce mois sacré. Le constat est que le poisson et autres fruits de mer sont bien disponibles auprès des différents marchands, qui étalent leurs produits à la vue des clients. En passant des petits poissons comme les sardines, les soles et les anchois, aux merlans, pageots, rougets, espadons, raies et requins, sans oublier les crevettes et calamars, etc., l'offre est bien là. Cela dit, le prix est bien en hausse par rapport à ce qui était pratiqué quelques jours avant ramadan. Selon les différents marchands avec lesquels on a pu parler, cela est dû à la forte demande sur ces produits, ce qui les pousse à s'approvisionner à intervalle de deux jours par semaine. «D'habitude, j'achète une caisse des espèces qui sont le plus demandées. Maintenant, je dois partir au marché de gros tous les deux jours pour apporter de la marchandise pour mes clients. Quand on a des habitués, il faut bien savoir répondre à leurs besoins pour les garder», nous a indiqué l'un des marchands de poisson. La hausse des prix n'est pas «si importante que ça», selon les marchands, qui disent qu'ils ont des coûts en plus à payer, surtout que les vendeurs à la source profitent de ce mois pour augmenter leurs prix. Les crevettes sont ainsi vendues entre 100 et 120 dirhams pour le calibre moyen, le merlan de 60 à 70 dirhams, le colin est pour sa part vendu à 50 dirhams. Pour ce qui est des sardines, dont raffolent les consommateurs durant ce mois, selon les marchands, il existe deux variantes. La première est issue des zones sud du royaume, notamment Tantan, Boujdour et Agadir, et est vendue à un prix allant de 10 à 15 dirhams le kilo, alors que la deuxième espèce est proposée à des prix allant jusqu'à 25 dirhams le kilo. «Ces sardines sont d'une qualité supérieure par rapport à celles en provenance des régions du sud, mais elles restent bonnes aussi. Il faut savoir que la caisse de ces sardines peut être vendue jusqu'à 500 dirhams. Ce prix est justifié par la taille du poisson, et la quantité de chair dont il dispose», nous a expliqué l'un des marchands, qui dit que les sardines des régions du sud n'ont rien à envier à celles «premium», contrairement à ce que l'on voudrait faire croire aux consommateurs. La volaille a des ailes, mais vole avec son prix Si le poisson s'avère « hors de prix » pour le citoyen, celui-ci peut toujours se tourner vers le poulet, mais qu'en est-il des prix à ce niveau ? En effectuant un tour du côté des marchands de volailles de la Médina, on a pu constater une augmentation des prix par rapport à ceux que nous avons pu relever fin avril. Ainsi, le poulet d'élevage est passé de 16-17 dirhams à 18-20 dirhams. Le poulet fermier pour sa part est passé de 70 à 75 dirhams, alors que le coquelet est à 40 dirhams. Une fois de plus, cette situation est expliquée, selon les marchands, par la forte demande sur ces produits, qui s'avère être plus «sains» selon les consommateurs, «qui suivent les conseils de médecins et des émissions de nutritions à la télévision et la radio», selon un marchand. Le consommateur serait-il donc son propre ennemi dans l'histoire ? Cela est peut-être le cas quelque part, puisque, selon notre constat, tout pousse à dire que les prix dépendent de l'offre et la demande, mais surtout de la demande. Si l'Etat indique bien une suffisance de la production nationale pour ces produits, pourquoi les consommateurs s'acharnent à les acheter comme si une situation de pénurie allait avoir lieu, mais surtout, qu'en est-il du contrôle des prix dont on ne cesse de parler ? Des marchands nous ont bien indiqué que les autorités compétentes effectuent des descentes surprises pour s'enquérir des prix pratiqués, mais cela n'empêche pas que ceux-ci partent à la hausse sans réelle justification.