Des milliers de Tunisiennes et de Tunisiens sont descendus, lundi 13 août, dans la rue pour soutenir le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE) qui réclame, notamment, la consécration du principe de l'égalité des sexes. Organisée à l'occasion de la journée nationale de la femme tunisienne, cette manifestation intervient après la marche initiée samedi à Tunis à l'appel de la Coordination nationale pour la défense du Coran, de la Constitution et du développement équitable en protestation contre ce rapport. « Nous sommes la résistance et nous sommes la rue ! », scandaient les manifestants devant le Théâtre Municipal de Tunis, qui ont également souligné que nulle République ne saurait exister sans liberté. Le rapport controversé de la COLIBE réclame aussi l'égalité dans l'héritage, l'annulation de l'obligation de la dot dans le mariage et le délai de viduité, l'égalité dans l'attribution de la nationalité et le choix du nom de famille, l'abolition de la peine de mort et l'incrimination de l'incitation au suicide. Créée en vertu d'un décret présidentiel, la Commission avait publié en juin dernier son rapport final comportant ses recommandations jugées en conformité avec la Constitution tunisienne de 2014 et les obligations internationales du pays en matière des droits humains. Présenté, le 8 juin dernier, au président tunisien, le rapport a suscité une polémique et des réactions mitigées entre ceux qui ont approuvé son contenu et ceux qui l'ont attaqué allant même jusqu'à accuser les membres de la Commission, et en particulier sa présidente Bochra Belhaj Hmida, de « mécréance ». Samedi dernier, des milliers de manifestants ont scandé des slogans qui dénoncent le contenu de ce rapport, qui, selon eux, est « contraire aux préceptes de l'Islam, aux principes de la Constitution, à l'identité tunisienne et à la famille ». En réaction à ces appels, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, avait annoncé, lundi, qu'un projet de loi sur l'égalité dans l'héritage sera soumis à l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) dès la fin des vacances parlementaires. « Je propose de faire de l'égalité dans l'héritage une loi », a-t-il déclaré dans un discours télévisé à l'occasion de la journée de la femme tunisienne, soulignant « le caractère civil de l'Etat tunisien ». Il a précisé que ce projet de loi controversé devrait donner aux citoyens la possibilité de choisir entre l'application des principes de la Chariaa et ceux de la Constitution. « On va inverser la situation », a précisé M. Caïd Essebsi, en faisant de l'égalité la règle, et de l'inégalité une dérogation. Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'une série de réformes sociétales proposées par la Commission pour les Libertés Individuelles et l'Egalité (COLIBE) mise en place par le président tunisien dans le but de traduire dans la loi l'égalité consacrée par la Constitution de 2014.