Avoir recours à l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR) après chaque acte peut rendre un match insupportable. Cette technologie qui ne facilite pas la tâche aux arbitres, les met par contre très tôt dans le dur. On pensait qu'avec la VAR on n'aurait peut-être jamais à débattre, cependant, on n'a jamais autant débattu qu'en ce moment, et finalement on en arrive à préférer les injustices d'avant VAR aux injustices d'après. Actuellement, on ne parle pas de mauvais jugement des arbitres, mais plutôt de triche. S'il est un sujet qui déchaîne les passions et qui crée systématiquement la polémique, c'est bien celui de l'utilisation de la vidéo dans le football. Juge ou arbitre ? « Régler les problèmes d'arbitrage et mettre fin à ces débats », l'une des raisons majeures derrière le recours à l'assistance vidéo à l'arbitrage, car au final, l'arbitre n'est pas un juge. La nuance peut paraître, aux premiers abords, pompeuse, mais elle est d'une importance cruciale. Alors que le juge est censé « rendre justice » en appliquant strictement le droit, l'arbitre est pour sa part appelé à trancher entre deux parties en fonction de sa sensibilité. L'arbitrage, contrairement au jugement, fait appel à l'appréciation et l'interprétation de l'arbitre. Deux juges ne peuvent différer sur le jugement d'une affaire, les deux font parler le droit et rien que le droit. Leurs références sont les mêmes et leur sensibilité reste en dehors du processus. Pour les arbitres, la chose est différente. Pour une même faute, deux arbitres peuvent avoir des avis différents. Une faute est parfois « sifflable » pour l'un et faisant partie du jeu pour l'autre. Les deux ont raison et chacun a sa propre interprétation de la situation. Les arbitres à leur tour prennent des décisions selon le contexte, le moment et la physionomie du match. En fonction du scénario du match, du comportement des joueurs et des équipes, il réagira d'une manière différente. Il est bien plus difficile de donner un carton rouge à un joueur à la 3ème minute de jeu qu'à la 75ème, après plusieurs accrochages. Il est également beaucoup plus facile de siffler un penalty pour une équipe, après l'avoir fait pour l'adversaire. Les choix sont dictés par la psychologie de l'arbitre qui vit le match autant que les joueurs, et qui fait partie intégrante du jeu. Cette composante humaine ne peut être remplacée par une simple machine, ou une technologie vidéo. Aspects techniques Contacté par Hespress Fr, Mounir Mabrouk, ex arbitre international, actuellement encadrant des arbitres a expliqué que « le protocole de la VAR l'autorise à intervenir dans quatre cas, à savoir trancher sur la validité (ou non !) des buts, accorder un penalty, donner un carton rouge direct et enfin s'assurer de l'identité du joueur ayant commis une faute'». Et Mounir Mabrouk d'ajouter que « seul l'arbitre a le droit de revenir à l'assistance vidéo, et si les joueurs ou les entraineurs demandent à l'arbitre d'aller consulter la VAR, ils seront avertis oralement et risquent d'être sanctionnés par la suite ». Bien maîtriser l'utilisation «D'un côté, l'assistance vidéo à l'arbitrage aura un impact positif sur le développement du football, mais, il faut bien maîtriser son utilisation pour ne pas affecter défavorablement le rythme des rencontres et elle sera tranchante dans plusieurs actions comme les penalties par exemple'', a-t-il dit. Pour rappel, le président de la Fédération royale marocaine de Football (FRMF), Faouzi Laqjaa avait annoncé, lors d'une rencontre avec les dirigeants des équipes marocaines et les arbitres à Skhitrat, que cette nouvelle technologie sera introduite dans la Botola nationale dès la saison prochaine. Pour ce faire, la commission centrale d'arbitrage va organiser, avec l'assistance de la FIFA, des formations pour les différents arbitres marocains. Mauvaise expérience pour le Maroc « VAR is bullshit » ! Tous les Marocains se rappelle ce cri, autant de cœur que de rage du Lion de l'Atlas, Nordin Amrabat, contre l'utilisation de l'assistance vidéo à l'arbitrage. ?Il n'a pas tort @NAmrabat53 #VARisbullshit pic.twitter.com/i4lCmtrj4O — Fabien Lévêque (@FabLeveque) June 25, 2018 Il faut dire que le Maroc y a payé un lourd tribut lors du mondial russe en 2018. En effet, lors de son dernier match contre l'Espagne, alors était déjà éliminé du Mondial après deux défaites (1-0) contre l'Iran et (1-0) face au Portugal, menait 2-1 jusqu'à la 90e minute. Est venu après le but de Iago Aspas, et c'est là que tout a basculé. Considéré d'abord hors-jeu, le but a été finalement validé par la VAR, Mais !. Parce qu'il y avait un Mais. Le corner à l'origine du but a été joué du mauvais côté : concédé à gauche mais joué à droite. Mais ça, la VAR ne l'a pas relevé. Le technicien français des Lions de l'Atlas, Hervé Renard, était dans tous ses états à la fin de la rencontre. « La seule question que je voudrais poser et tous les joueurs se la posent... Sur le deuxième but égalisateur, le ballon est sorti d'un côté, donc on attend le corner d'un côté, il est joué de l'autre, est-ce que c'est autorisé ? ». « Sincèrement, je ne peux pas vous dire si c'est autorisé ou pas », a-t-il dit en conférence de presse d'après le match. « Si cela ne l'est pas, c'est une erreur énorme d'arbitrage », a-t-il martelé. *Abdessamad Amarir (stagiaire)