Huit ans après la dernière augmentation générale des salaires dans le secteur public et privé sur fond de relations tendues entre le gouvernement, les syndicats et le patronat, les trois parties ont officiellement signé jeudi soir le premier accord social sous le gouvernement El Othmani. Quelles incidences ? Un accord tripartite triennal (2019-2021) a donc été signé hier entre le gouvernement, le patronat représenté par la Confédération générale des entrepreneurs marocains (CGEM) et trois des quatre centrales syndicales les plus représentatives (UMT, UGTM et UNTM). Pour sa part, la CDT a rejeté l'accord pour motif qu'« il n'a pas inclus » ses récentes observations. « L'accord résulte de négociations qui n'avaient que trop duré. Nous avons insisté pour que le gouvernement change d'approche, révise à la hausse les augmentations proposées et surtout implique le patronat car il n'était pas normal de sortir d'un dialogue social où les salariés du secteur privé ne tirent aucun bénéfice de ces plusieurs années de lutte », commente un membre du secrétariat national de l'UMT, première centrale syndicale dans le secteur privé. Pour autant, notre interlocuteur souligne que ce sont les négociations sur les augmentations des salaires dans le secteur public qui ont donné du fil à retordre aux syndicats. Une augmentation échelonnée sur trois ans L'accord prévoit une augmentation générale des salaires des fonctionnaires des administrations publiques, des collectivités et établissements publiques à caractère administratif. Dans les faits, il s'agit d'une augmentation mensuelle nette de 500 DH pour les titulaires de l'échelle 6, 7, 8 et 9, ainsi des échelons 1 à 5 de l'échelle 10 (ou l'équivalent). Cette revalorisation sera adoptée sur la base de 200 DH à compter de ce 1er mai, de 200 DH en janvier 2020 et de 100 DH en janvier 2021. Pour les fonctionnaires titulaires des échelons 6 à 10 de l'échelle 10, l'augmentation mensuelle nette sera de 400 DH, payable sur la base de 200 DH à compter de ce 1er mai, de 100 DH en janvier 2020 et de 100 DH en janvier 2021. L'augmentation des allocations familiales sera de 100 DH par enfant, dans la limite de trois enfants à compter du 1er juillet 2019. S'agissant des grades, la création d'un nouvel échelon a été décidée pour les fonctionnaires dont la promotion se termine aux échelles 8 et 9 de la fonction publique. Dans le cas précise de l'éducation nationale, une amélioration des conditions de promotion des enseignants du primaire et des attachés éducatifs de deuxième degré qui ont été embauchés dans les échelles 7 et 8. Secteur privé, des augmentations au goût d'inachevé Dans les secteurs de l'industrie, du commerce et des services et de l'agriculture l'augmentation des salaires minimums (SMIG et SMAG) accordée par la CGEM sera de 10% sur deux ans. Soit 5% à partir de juillet 2019 et 5% en juillet 2020. Les allocations familiales connaîtront une augmentation de 100 DH par enfant, dans la limite de trois enfants à compter du 1er juillet 2019. L'accord prévoit également la poursuite du dialogue sur de nombreux autres problèmes et dossiers en suspens. C'est notamment le cas du droit de grève. A cette occasion, le Chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani a déclaré que cet accord était « l'aboutissement d'une série de réunions et de rounds dans le cadre du dialogue social, que le gouvernement, avec les partenaires économiques et sociaux, s'est efforcé de réussir. Ces efforts collectifs ont abouti à l'élaboration de cet important accord qui contribuera sans aucun doute à l'établissement de la paix sociale ».