405,8 millions d'euros (4,38 milliards de dirhams), c'est le montant qui a été mobilisé par l'Agence Française de Développement (AFD) pour des investissements au Maroc en 2018. En progression de 59 % sur les trois dernières années, l'AFD aspire à poursuivre sa lancée au sein du royaume en mobilisant 400 millions d'euros (4,32 milliards de dirhams) d'investissements en 2019. Mihoub Mezouaghi, directeur de l'AFD au Maroc, a procédé à la présentation du bilan de l'Agence au sein du royaume au titre de l'année 2018. Ainsi, il a fait savoir qu'en accord avec la stratégie d'intervention de l'AFD au Maroc sur la période 2017-2021, l'Agence est intervenue sur trois axes principaux pour le développement durable du royaume. Il s'agit notamment de la valorisation du capital humain national, le développement économique et la réduction des disparités spatiales, ainsi que la mise en place d'un climat favorable pour une transition énergétique consciente l'environnement. Ces objectifs ne peuvent être atteints qu'à travers le développement et l'investissement dans le secteur de l'éducation et de la formation professionnelle, la facilité d'accès aux soins et la mise en place de politiques de protection sociale efficaces, l'accompagnement des différentes activités économiques, l'établissement d'un modèle de mobilité intelligent, ainsi que la promotion des énergies renouvelables et la protection de l'environnement. Dans les détails, les principaux investissements de l'AFD au Maroc, entre 2014 et 2018, ont porté sur des projets concernant la mobilité durable (21 %), du développement urbain (16 %), des énergies renouvelables (15 %), de l'accès au financement des TPME et PME (13 %), l'éducation et la santé (11 %), l'eau et assainissement (11 %), l'agriculture (6 %) et la budgétisation sensible au genre et le soutien des ONG (7 %). Une collaboration étroite avec les acteurs nationaux Afin de l'accompagner dans le développement du tissu socio-économique national, l'AFD s'est entouré nombreux acteurs économiques de premier plan au sein du royaume. Ainsi, l'Agence compte des partenaires comme le Groupe OCP, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et l'Agence marocaine pour l'énergie durable (MASEN). De plus l'AFD a engagé un dialogue stratégique avec le ministère de l'Economie et des Finances concernant les politiques publiques, notamment l'impact macro-économique de la transition énergétique, l'incidence fiscale de la réduction des inégalités, ainsi que l'insertion du Maroc dans la zone de libre-échange panafricaine. Cela dit, Mezouaghi a mis la lumière sur les projets accompagnés par l'AFD au sein du royaume pour l'année 2018, tout en mettant l'importance sur 4 grands prêts, à savoir 100 millions d'euros pour l'Office National de l'Eau et de l'Electricité (ONEE) afin de développer l'accès à l'eau potable dans le nord du Maroc, 100 millions d'euros pour le déploiement des lignes T3 et T4 du tramway de Casablanca, 100 millions d'euros pour la budgétisation sensible au genre, ainsi que 100 millions d'euros pour FINEA, filiale de la CDG, pour l'accompagnement des TPE et PME nationales. Au travers de ces contributions au Maroc, l'AFD a contribué à la réhabilitation de 280 établissements scolaires, primaires et secondaires, dans les zones prioritaires, le renforcement des capacités d'exploitation de 28.000 exploitations familiales et de coopératives agricoles, à la formation de 10.000 personnes dans différents centres du pays, à permettre relier 150.000 personnes en eau potable, à la réduction des émissions de CO2 de 500.000 tCO2/an via le développement de l'énergie solaire, notamment le projet NOOR, ainsi que d'assurer à 200.000 personnes d'avoir accès au tramway quotidiennement. L'AFD a investi, depuis qu'elle est établie au Maroc, 6 milliards d'euros, cumulés, dans différents projets. Par ailleurs, Mezouaghi a indiqué que le nombre de projets en cours de réalisation mobilise une enveloppe de 2,9 milliards d'euros. L'avenir est à l'entrepreneuriat Le développement économique du Maroc, et de l'Afrique en général, ne passera pas par l'industrie dans le futur, mais se fera via les porteurs de projets. En effet, le directeur de l'AFD a indiqué qu'à l'image de ce qui se fait à l'étranger, le Maroc, et l'ensemble du continent africain, sont appelés à promouvoir la culture de l'entrepreneuriat et à accompagner les porteurs de projets pour l'essor économique. De plus, il a indiqué que le Maroc est parmi les pionniers sur le continent pour ce qui est du domaine des smart cities, citant l'exemple de la ville de Benguérir. Dans ce sens, Hespress FR s'est entretenu avec Mihoub Mezouaghi, afin d'avoir plus de réponses quant à ces deux composantes. Hespress FR : La tendance mondiale est au développement des projets dans domaine des nouvelles technologies. Qu'en est-il des réalisations de l'AFD au Maroc dans ce sens ? Mihoub Mezouaghi : On est en train de mettre en place des dispositifs d'amorçage dans ce sens. Cela a pour objectif de faciliter l'accès au financement pour les startups de ce secteur. On citera le cas du prêt d'honneur, qui permet aux porteurs de projets d'avoir accès au financement sans intérêts. Où se place le Maroc actuellement, par rapport au reste du monde, pour ce qui est des Smart Cities ? Le cas le plus concret est celui de la ville de Benguérir. Un parc industriel basé sur les nouvelles technologies environnementales est en train d'être développé dans la région. De plus, un Data Center verra bientôt le jour dans la région, qui permettra de disposer d'une capacité importante de traitement et de gestion de données. Toutefois, il faut savoir que la ville de Benguérir, même si elle s'établit aujourd'hui en tant que « ville verte », un décalage important existe avec les régions environnantes. Le challenge sera ainsi qu'elle sert de locomotive, afin de tirer le reste de la région, ainsi que des autres villes à suivre son modèle.