« Le Maroc dit sa réalité, dit sa vérité, dit son héritage, dit son histoire ». Conseiller du roi Mohammed VI, président de l'association « Essaouira-Mogador » et militant pour la paix et la coexistence entre les communautés dans le royaume, André Azoulay a saisi l'occasion d'une rencontre dans le cadre des jeudis culturels de la Trésorerie Générale du Maroc, pour parler de « son Maroc », carrefour des civilisations. « C'est une vrai richesse d'être dans mon pays ». Au micro de Hespress FR, Azoulay a exprimé sa fierté d'avoir pu témoigner du travail exceptionnel de Abdelwahab Meddeb à travers son oeuvre, « Islam, part de l'universel » devant « une centaine de personne qui a écouté avec une telle assiduité ». Ce dernier soutient l'idéologie du défunt écrivain dans une approche d'un islam libéral, du refus de la pensée unique et du rejet des dogmatismes. Azoulay raconte que lors du séjour de Meddeb à Essaouira, ce dernier lui avait fait découvrir la profondeur de la relation entre le soufisme musulman et le soufisme juif. Il a fait savoir que ce qui est important c'est cette porosité et cette capillarité qui existaient entre les synagogues et les mosquées, et entre les 17 confréries souffies de la ville et les écoles de la Kabbale à Essaouira. « Il a particulièrement éclairé ma lanterne sur cette capillarité entre les écoles de la Kabbale (une tradition ésotérique du judaïsme, ndlr) d'Essaouira et les Zaouia et les échanges très riches qu'il y a eu entre eux. Il en était lui même profondément imprégné », a t-il expliqué. Le Maroc d'Azoulay Le Maroc d'Azoulay, est un lieu où le pluralisme et la cohésion sociale se renforcent mutuellement. « La diversité culturelle chez nous au Maroc est le réacteur le plus puissant de notre modernité », nous a t-il confié, heureux de constater que le Royaume n'a pas « besoin de renvoyer une image de pays modéré, puisque c'est un pays qui dit sa vérité, son héritage et son histoire ». Le père d'Audrey Azoulay rappelle que le Maroc est le seul pays qui résiste à l'amnésie. Lutter contre l'amnésie, c'est aussi son combat, à travers le festival des Andalousies atlantiques d'Essaouira, crée il y'a quinze ans où se produisent artistes de confession juif mais aussi de confession musulmane. Une façon de faire d'une pierre de coups : la promotion de la culture et du vivre ensemble. On ne peut pas parler d'André Azoulay sans parler d'Essaouira et vice-versa. Ce dernier s'en amuse et ne peut s'empêcher de parler de sa ville de cœur. « Il ne se passe pas deux mois à Essaouira sans qu'il y ait un événement qui enrichisse la ville. La culture ce n'est pas simplement celle d'un concert, c'est ça aussi mais beaucoup d'entre choses ». Essaouira, libre comme le vent Le natif de la ville du vent a tenu à rappeler que cette dernière a accueilli, durant ces dernières semaines, un nombre incroyable de forums, de colloques, de conférences aussi bien nationales qu'internationales pour parler d'enjeu de société, de vivre ensemble et d'altérité avec une forte présence de la culture. « La culture nous permet désormais d'être un carrefour de la pensée, carrefour du débat mais aussi carrefour de la liberté », souligne t-il. Une promotion de la culture aidée par le mouvement hippie. Un mouvement qui a particulièrement marqué le conseiller du roi Mohammed VI, pour l'avoir vécu. « Le mouvement hippie dans la ville d'Essaouira m'a permis de prendre la juste mesure de cet ADN qui a attiré des personnalités d'un profil très particulier pour partager et pour découvrir ce que notre territoire peut rapporter ». L'histoire d'Essaouira, c'est aussi celle de la communauté juive, qui comptait près de 10 000 personnes au milieu du 19e siècle. Un siècle durant lequel « Essaouira a accepté la communauté juive », souligne celui qui continue de promouvoir le dialogue entre les communautés à travers son association.