L'élection de Muhammadu Buhari, Président du Nigeria pour un nouveau mandat, va certainement permettre de renforcer les relations de coopération entre Rabat et Abuja, grâce, notamment, à la réalisation du méga-projet du Gazoduc Nigeria-Maroc et l'adhésion du Royaume à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Réélu avec quelque 5 millions de voix d'avance face à son principal rival, Abubakar Atiku, Muhammadu Buhari, 76 ans, a été reconduit pour un mandat de quatre ans. Pendant ces quatre années, le Chef de l'Etat nigérian tentera de donner un nouvel élan à ses relations bilatérales avec le Maroc, dans le cadre d'un partenariat stratégique basé sur la confiance et le respect mutuel. Ce voeu a d'ailleurs été exprimé par le Roi Mohammed VI dans le message de vœux et de félicitations à Muhammadu Buhari, à l'occasion de sa réélection à la magistrature suprême de son pays. Le Souverain a ainsi "réitéré sa ferme détermination à continuer à œuvrer, de concert avec le président Buhari, pour renforcer les relations de coopération fructueuse entre le Maroc et le Nigeria et leur donner un nouvel élan dans tous les domaines, de manière à en faire un modèle à suivre au niveau du continent africain". Déploiement de l'axe Rabat-Abuja à l'échelle continentale Il faut dire que les relations de coopération fructueuse entre les deux pays sont appelées à connaître un développement soutenu, grâce aux multiples accords et conventions de coopération conclus lors de la visite royale à Abuja en décembre 2016 et qui constituent la plateforme idéale pour un déploiement de l'axe Rabat-Abuja à l'échelle continentale. Parmi eux, l'on cite l'accord relatif au méga-projet du Gazoduc Nigeria-Maroc, passant par la façade atlantique de l'Afrique de l'Ouest, signé le 10 juin 2018, lors d'une visite au Maroc du Président Buhari. Sachant que l'étude de faisabilité avait commencé en mai 2017 pour s'achever en juillet 2018, la phase 1 des pré-études de détail ("front-end engineering design" ou FEED) devrait être achevée d'ici la fin du premier trimestre 2019. Modèle de coopération Sud-Sud, «ce projet permettra naturellement l'acheminement du gaz des pays producteurs vers l'Europe. Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l'Afrique de l'Ouest», avait affirmé le Souverain dans son discours au 28e sommet de l'Union africaine en janvier 2017. Dans une déclaration à Hespress, le professeur Moussaoui Ajlaoui, chercheur à l'Institut de recherches africaines de l'Université Mohammed V-Agdal, a fait savoir que la réélection du Président Buhari à la tête de son pays, « est bénéfique pour le Maroc. Car, elle va permettre d'endiguer tout obstacle susceptible d'entraver la réalisation de ce projet stratégique ». Accélérer les projets d'électrification dans la région de l'Afrique de l'Ouest Le projet de gazoduc atlantique Nigeria-Maroc aura un impact sur plus de 300 millions d'habitants et permettra d'accélérer les projets d'électrification dans toute la région de l'Afrique de l'Ouest, servant ainsi de base pour la création d'un marché régional compétitif de l'électricité. Toutefois, la mise en œuvre de ce projet suscite des inquiétudes chez certaines parties, aussi bien en Afrique qu'ailleurs. Dans ce sens, il faut rappeler qu'au lendemain de l'annonce du projet, Alger s'est empressée d'annoncer officiellement la relance de son projet de 2002, sans pour autant convaincre le Président Buhari de renoncer à son partenariat avec Rabat. Pourquoi? "Parce que le projet constitue une opportunité pour tous les pays par lesquels le gazoduc passera et permettra aux pays de la Cédéao de s'approvisionner sans dépendre de la destination finale", commente l'expert marocain. Fort soutien à la demande du Maroc d'adhérer à la Cédéao Le Nigeria constitue un fort soutien à la demande du Maroc d'adhérer à la Cédéao, car ce pays occupe une place de choix au regard de son positionnement géographique au carrefour de l'Afrique, de son poids démographique (population de 186 millions d'habitants) et de ses richesses énergétiques (parmi les sept premiers producteurs mondiaux de produits pétroliers), sans oublier son potentiel agricole important (80 millions d'hectares de terres arables dont seule la moitié est à présent cultivée). Actuellement deuxième économie africaine (après l'Afrique du Sud), avec un PIB de près de 250 milliards de dollars, ce pays est pressenti pour devenir la première puissance économique de l'Afrique à l'horizon 2025. Pour Moussaoui Ajlaoui, le soutien du Nigeria au Maroc, qui est sur le point d'intégrer officiellement la Cédéao, est fortement sollicité. Le Royaume, qui se trouve à la fois au nord et à l'ouest de l'Afrique, joue un rôle primordial par son engagement en faveur du développement économique du continent et son appartenance à son espace africain.