La Chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca a repris, ce jeudi, l'examen du dossier médiatisé des "fils à papa" (oulad lfchouch), poursuivis pour des actes présumés de jets d'œufs et de pierres sur des véhicules empruntant un tronçon autoroutier. Une affaire qui a suscité l'indignation de l'opinion publique, relançant le débat sur l'impunité supposée de certains enfants de notables. Lors de l'audience, les prévenus ont tenté de se dédouaner des faits qui leur sont reprochés, niant en bloc toute implication dans cette affaire qui remonte au 19 février dernier. Hamza J., fils d'un célèbre promoteur immobilier casablancais, a affirmé n'avoir "aucun lien avec les jets d'œufs", expliquant être sorti ce soir-là pour "rompre la routine des révisions". Il a soutenu n'avoir ni vu ni participé à l'agression routière, et déclaré qu'aucune vidéo ne prouvait les faits. Même ligne de défense pour le second mis en cause, Touhami H., qui a réfuté toute relation avec les autres prévenus et affirmé que le procès-verbal de la police ne lui avait pas été lu avant signature — ce qui a soulevé des protestations au sein du collectif d'avocats. Le troisième accusé, quant à lui, a également contesté le contenu des procès-verbaux faisant état de la présence d'œufs dans le véhicule qu'il occupait. Il a évoqué "un simple jeu entre jeunes" sans intention de nuire, précisant que cela n'avait pas eu lieu sur la voie publique. Face à ces déclarations, le ministère public est resté ferme. Le substitut du procureur général a rappelé que les prévenus avaient reconnu les faits dans les procès-verbaux de la police judiciaire, assurant qu'ils avaient été entendus dans le strict respect de la procédure légale. Il a par ailleurs souligné la dangerosité potentielle de ce type de comportements, précisant que les jets d'œufs pouvaient être plus nocifs que ceux de pierres, notamment en perturbant la visibilité des conducteurs via les essuie-glaces. Des quantités d'œufs auraient d'ailleurs été saisies dans le véhicule de l'un des prévenus, selon les éléments présentés par l'accusation. Les avocats de la défense, de leur côté, ont dénoncé des "irrégularités de procédure" et une "faiblesse probatoire" des procès-verbaux, pointant plusieurs contradictions entre les déclarations des victimes, des témoins et celles du parquet. Ils ont également insisté sur l'absence d'identification formelle des accusés, rappelant que le gardien de voitures entendu dans l'enquête avait été incapable de reconnaître les mis en cause. L'affaire a connu plusieurs rebondissements depuis l'interpellation, en flagrant délit, de sept jeunes circulant à bord d'un véhicule 4×4, après signalement d'un échange de jets de pierres et d'œufs sur une voie rapide de la périphérie casablancaise. L'un des conducteurs avait alors pris la fuite, tandis que les autres étaient interpellés sur les lieux par les services de police d'Aïn Chock. Après plusieurs heures de débat, la Cour a décidé d'intégrer les exceptions de forme au fond du dossier, dans l'attente du verdict de première instance, lequel pourra faire l'objet d'un appel dans un délai de dix jours.