Le football marocain a récemment connu une vague inédite d'exode de ses joueurs vers le championnat libyen, avec plus de 30 départs enregistrés ces derniers mois. Ce phénomène reflète clairement la crise financière que traversent les clubs marocains. Bien que cette fuite puisse sembler être une perte, elle soulève en profondeur la question de savoir si elle peut être exploitée pour redorer le blason du football national. Ce mouvement massif est lié à plusieurs facteurs, le plus important étant la situation économique difficile des clubs marocains, confrontés à des dettes accumulées et à des difficultés financières les empêchant souvent de payer régulièrement leurs joueurs. En revanche, la Libye est devenue une destination attractive grâce aux offres financières alléchantes et à la relative stabilité offerte par les clubs libyens, notamment après la levée de l'interdiction des stades libyens et la reprise normale des compétitions. En outre, les joueurs marocains voient dans le championnat libyen une opportunité de continuer à évoluer à un bon niveau, surtout face à la diminution des opportunités de professionnalisation en Europe et dans les pays du Golfe. La Libye représente ainsi un choix garantissant de meilleurs salaires et une participation aux compétitions locales et continentales. L'exode ne concerne plus uniquement les joueurs de second plan, mais aussi des figures majeures ayant une expérience nationale et internationale. Des joueurs du Wydad, du Raja et d'autres clubs de renom comme l'AS FAR et le Maghreb de Fès ont rejoint la Libye, à l'instar de Mohamed Zrida, Zakaria Hadraf, Mohamed Ounajem, Ayman El Hassouni, Zakaria El Wardi et Ayoub Nanah, sans oublier le plus récent, Hamza Jannati, qui ont quitté le championnat marocain malgré leur grande valeur technique. À ces noms s'ajoutent d'autres joueurs comme Abdelghafour Mehri, Imad Rakoui, Hamza Sammoumi, Abdelhakim Basseen, Amine Farhane, Soufiane Aznab et Mohamed Fikri, ainsi que des dizaines d'autres ayant signé des contrats rapides avec des clubs libyens, attirés par des offres financières intéressantes. Ce mouvement ne concerne pas uniquement les Marocains, mais aussi plusieurs étrangers, notamment l'ancien joueur du Wydad, le Mauritanien Sidi Bouna Amar, le Botswanais Thomeesong Orebonye (ancien attaquant de l'AS FAR) et le Malien Cheikhna Samaké, ex-meilleur buteur de l'Olympique de Safi, confirmant ainsi l'attrait grandissant du championnat libyen. Le départ massif de ces joueurs pose plusieurs défis au championnat marocain. Le principal risque est la diminution du niveau de compétitivité en raison de la perte de joueurs clés dans plusieurs clubs, ce qui pourrait affaiblir la qualité technique de la Botola Pro. La majorité des partants étant des piliers de leurs équipes respectives, leur absence pourrait impacter négativement les performances générales des clubs marocains. Cependant, cette migration pourrait aussi être un tournant pour le football marocain, si elle est bien gérée. D'une part, les clubs doivent restructurer leurs finances et adopter des stratégies plus durables pour assurer leur stabilité. D'autre part, l'expérience acquise par ces joueurs dans un environnement de football différent pourrait bénéficier aux équipes nationales marocaines lors des compétitions internationales. La Fédération marocaine à la recherche de solutions La Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) a pris conscience de la gravité de cette vague de départs. Lors d'une réunion récente entre son président Fouzi Lekjaa, le président de la Ligue professionnelle Abdessalam Belkchour et les dirigeants des clubs, la question de l'exode des joueurs vers la Libye a été abordée avec l'objectif de trouver des solutions pour préserver la compétitivité du championnat marocain. Il a notamment été proposé de mettre en place un cadre juridique pour mieux encadrer l'exportation des jeunes talents à l'étranger, tout en insistant sur l'importance d'augmenter les investissements dans la formation au sein des clubs marocains. Un phénomène à analyser en profondeur L'exode des joueurs vers la Libye est une tendance qui mérite une étude approfondie. Elle pourrait soit devenir une hémorragie continue qui affaiblit le football marocain, soit être une opportunité de réorganisation permettant au championnat national de retrouver son éclat perdu.