Le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro a confirmé, jeudi 4 janvier, son intention de transférer l'ambassade du Brésil à Jérusalem. Après quelques doutes sur cette intention qu'il avait annoncée juste après son élection, il confirme prendre parti pour Israël. C'est dans une interview télévisée que le président brésilien, nouvellement élu a confirmé les doutes sur le transfert de l'ambassade du Brésil de Tel-Aviv à Jérusalem, ville sainte, et déchirée entre Palestiniens et Israéliens. « Comme l'a dit le Premier ministre israélien, la décision est prise, il ne reste qu'à déterminer quand elle sera mise en application », a déclaré Jair Bolsonaro durant son interview. D'après lui, cette décision a été discutée lors de son entretien avec Benjamin Netanyahu, alors que la presse avait annoncé que ce sujet n'avait pas été abordé durant leur rencontre, à l'occasion du déplacement du Premier ministre israélien au Brésil pour assister à l'investiture de Jair Bolsonaro. Opération séduction La visite du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'était pas anodine. Arrivé plusieurs jours en avance (le 28 décembre) à Rio de Janeiro pour célébrer l'entrée en fonctions du nouveau président de droite Jair Bolsonaro qui a officiellement été investi le 1er janvier, c'était le signe révélateur que quelque chose se tramait. D'autant plus, que c'était la première fois de l'histoire qu'un Premier ministre israélien se rendait au Brésil. Jair Bolsonaro avait tendu la perche à Israël pendant sa campagne électorale. Il avait parlé de son intention, s'il devenait président, de délocaliser l'ambassade brésilienne à Jérusalem comme l'a fait le président américain Donald Trump en mars dernier. Une intention qu'il a renouvelé au lendemain de l'annonce des résultats de la présidentielle, puis qu'il a nuancée, plus tard, en disant qu'aucune décision n'a été prise en ce sens. Mais la stratégie de Bolsonaro est claire, elle rompt complètement avec le « soft balancing » que le Brésil a toujours eu sur la question palestinienne. En effet, jusqu'ici, il suivait la majorité des pays du monde qui estime que pour Jérusalem, tout statut doit être négocié par les deux parties et qu'aucune ambassade ne doit s'y installer jusqu'à trouver une solution acceptée des deux côtés. Depuis 2004, durant la présidence Lula, le Brésil a montré son intérêt pour la question palestinienne en nominant un ambassadeur à Ramallah, un premier pas vers la Palestine. Côté Israël, Brasilia a tenu à éviter toute friction en ayant des relations diplomatiques et commerciales « saines » sans engager de bras de fer. La Brésil a cherché pendant toutes ces années à adopter une position forte sur le conflit Israëlo-palestinien, en tentant la médiation et cela, dans une perspective plus générale visant à renforcer son image à l'internationale. Un choix assumé Le président brésilien d'extrême droite, surnommé le « Trump tropical », a pris le parti d'Israël, dans le conflit Israëlo-Palestinien, suivant l'exemple américain. Pourtant, le plus grand pays d'Amérique latine est un important exportateur de viande halal à destination des pays du Moyen Orient et, avec cette décision, il risque de perturber un marché générateur de revenus pour le Brésil, en plus de se voir privé des pétrodollars de ces mêmes pays. Néanmoins, Jair Bolsonaro, même s'il n'a pas une grande maîtrise de l'économie, sait qu'en s'alliant avec les Etats-Unis et Israël, c'est une promesse de gagner plus d'argent et d'avoir un appui considérable au niveau de la Défense de la première puissance mondiale. En 2017, les Etats-Unis étaient le deuxième client le plus important du Brésil, représentant 12,5% des exportations, tout en étant également le deuxième exportateur du pays. Sur le total des importations brésiliennes, les Etats-Unis se sont classées également secondes avec 16,7% après la Chine (18,1%). Enfin, pour justifier sa décision critique au niveau diplomatique, Jair Bolsonaro a défendu l'hypothèse selon laquelle « une grande partie du monde arabe est aligné ou en train de s'aligner sur les Etats-Unis, et cette question de la Palestine lasse les gens dans une grande partie du monde arabe », a-t-il déclaré.