Chaque été, le scénario de rendez-vous pour visa se répète, et cette année, le calvaire est particulièrement pénible. Une situation qui a fait sortir les voyageurs marocains de leurs gonds. Des dizaines de citoyens marocains ont manifesté aujourd'hui devant le consulat espagnol à Casablanca pour exprimer leur mécontentement face aux retards importants dans la prise de rendez-vous pour obtenir un visa de voyage, soulignant ainsi les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Des hommes, des femmes et des jeunes ont brandi des slogans tels que « Non à la monopolisation des rendez-vous pour les visas par les intermédiaires » et « Non aux retards dans la prise de rendez-vous pour les visas« . Les manifestants, venus de plusieurs villes, ont dénoncé l'existence d'un réseau d'intermédiaires qui s'approprient les créneaux de rendez-vous de manière illicite pour les revendre à des prix exorbitants. Ils ont affirmé que cette situation rend difficile l'organisation de réunions familiales et l'obtention de rendez-vous, du fait des pratiques des intermédiaires qui s'accaparent tous les rendez-vous disponibles pour les revendre alors que les rendez-vous sont gratuits. Ils ont critiqué la gestion de l'entreprise responsable de la prise de rendez-vous, appelant à une intervention ferme pour mettre fin à ces abus et aux pratiques des intermédiaires. Les manifestants, arborant les drapeaux marocain et espagnol, ont également signalé que le site dédié à la réservation des rendez-vous devient inaccessible après l'annonce des créneaux disponibles, en raison de la réservation automatisée par des « robots » utilisés par les intermédiaires. De nombreux citoyens marocains voyageant vers l'Espagne se retrouvent en difficulté en raison de l'expiration de leurs documents légaux. Autrefois réputée pour être une destination "abordable et facile d'accès", l'Espagne affiche désormais des procédures de plus en plus complexes. Les manifestants ont appelé les autorités espagnoles, par l'intermédiaire de leur consulat, à intervenir pour réguler ce processus et combattre les pratiques des intermédiaires, qui ont fait grimper les frais de réservation jusqu'à 30.000 dirhams. Le problème ne concerne pas seulement les rendez-vous pour les visas espagnols, de nombreux candidats au voyage, au regroupement familial ou à la poursuite d'études dans plusieurs pays européens rencontrent également des difficultés dues à l'absence de créneaux disponibles. Il est désormais impossible aux demandeurs de rendez-vous d'en obtenir sans passer par ces intermédiaires, qui ont profité de failles informatiques pour contrôler l'accès aux créneaux et en demandant des sommes élevées pour leurs « services ». Selon les données révélées par le portail Schengen.News : les Marocains ont dépensé l'année dernière (2023) près de 10,9 millions d'euros pour des demandes de visa rejetées, une somme astronomique qui souligne l'ampleur du problème. Il s'agit d'une augmentation de 14,2 % par rapport aux niveaux de dépenses de 2022. Compte tenu de l'importante somme d'argent que les Marocains ont gaspillé en raison des visas Schengen refusés, les députés marocains ont exigé qu'un remboursement soit effectué à toutes les personnes concernées. Les visas pour l'Espagne ne sont pas les seuls à créer la frustration chez les demandeurs de visa marocains, la France n'en est pas en reste. Cependant, pour faire face à cette situation, récemment, l'ambassade de France a levé le voile, juin dernier, sur un nouveau dispositif visant à fluidifier les formalités de visa pour les anciens étudiants marocains ayant fréquenté les établissements d'enseignement supérieur français. Mais le problème reste le plein pour tous les autres demandeurs qui se retrouvent dans une situation des plus embarrassantes et préjudiciables pour ces pays européens qui voient leurs réputation se ternir.