La visite controversée de 24 jeunes Marocains en Israël, organisée par l'association « Maroc de la Coexistence » en collaboration avec l'Association « Charaka » basée à Tel Aviv et financée par le gouvernement allemand, a suscité une grande polémique sur les réseaux sociaux. Cette visite comprenait des rencontres avec des responsables israéliens, dont Amir Yohanna, président de la Knesset, et Meir Ben-Shabbat, ancien conseiller à la sécurité nationale israélienne et actuellement à la tête de l'Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste. La controverse est d'autant plus vive que cette visite coïncide avec la poursuite de la guerre totale menée par Israël contre Gaza, et qui est largement et régulièrement dénoncée par de nombreux Marocains demandant la fin de la normalisation des relations et la rupture des liens avec Israël. Les organisateurs de cette visite, qui a normalement pris fin 13 juillet, ont défendu leur initiative malgré l'apparition de vidéos les montrant dansant lors d'un concert avec des citoyens israéliens à Jérusalem. Ils considèrent qu'ils ont le droit d'exprimer leurs convictions personnelles et de manifester leur solidarité avec un « État ami » qui reconnaît la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud. En revanche, les critiques voient dans cette visite une déviation par rapport à la position populaire exprimée par les Marocains dans la rue, accusant Israël d'exploiter ces jeunes pour redorer son image et masquer les « crimes » commis contre les Palestiniens. Joint par Hespress FR, Khalid Sefiani, membre du secrétariat du Groupe d'action nationale en faveur de la Palestine, a qualifié cette visite de « stupidité extrême« , notant que « la relation avec l'entité sioniste, en temps normal, était considérée comme un crime, imaginez donc aujourd'hui, avec la visite de ces jeunes qui regardent en direct le corps des enfants remplir les rues de Gaza et de la Palestine. Ils voient les crimes perpétrés par l'armée contre le peuple palestinien et ont eu l'audace d'y aller quand même« . « Il y a même une première historique de la CIJ (Cour international de Justice), qui a évoqué un 'génocide', en plus des accusations de terrorisme perpétré par Netanyahu contre le peuple palestinien. Face à ces crimes dénoncés par le monde entier, on voit 'des jeunes' en visite chez les sionistes. C'est un crime extrême. De plus, un de ces jeunes est fier de dire dans une vidéo qu'il est 'marocain, arabe, musulman et sioniste'... Il essaie même d'impliquer le roi du Royaume dans cet acte ignoble. C'est inacceptable », a-t-il estimé. Dans ce sens, Khalid Sefiani a appelé à l'intervention immédiate de l'Etat marocain, qui devrait, selon lui, ouvrir une enquête concernant cette affaire. « L'État marocain doit donner sa position vis-à-vis de ce comportement. D'ailleurs, le Roi a tranché au sujet de la guerre à Gaza à plusieurs reprises et différentes occasions, en dénonçant ce massacré perpétré contre les civils et en appelant, à chaque fois, à un cessez-le-feu. Et à côté, il y en a qui défendent le droit d'Israël à mener cette guerre. C'est inacceptable. Ces jeunes sont complices des crimes perpétrés en Israël, et l'État doit enquêter sur eux, surtout qu'il y a un de ces jeunes qui a dit qu'il était membre du Mossad. Donc, s'il affirme cela, doit-il être jugé au Maroc ou pas ?« , interroge le militant. Enfin, Sefiani estime que l'Etat hébreux est « en train de profiter de ces jeunes pour soigner son image ». « Et c'est dommage d'impliquer le Maroc dans ces manœuvres« , dit-il, raison pour laquelle il appelle encore une fois l'État marocain « à enquêter sur ces jeunes, parce qu'ils ne représentent pas le Maroc qui, dans l'ensemble de sa population, est contre les tueries perpétrées contre le peuple palestinien. En plus, il suffit d'être humain pour dénoncer cela et ne pas l'accepter, rien à voir avec la religion« .