Depuis le Brexit, une relation économique spéciale s'est développée entre la Grande Bretagne et le Maroc. Et depuis que Londres a décidé de recourir à une électricité produite par l'énergie solaire au Maroc, une alliance stratégique entre les deux pays est à l'œuvre confortant un historique des plus anciens et des plus précieux. La reconnaissance britannique de la souveraineté du Maroc sur son Sahara ne devrait être qu'une question de temps et d'agendas. Et pour cause. Lorsque l'administration américaine sous la conduite de Donald Trump l'avait fait, position reconduite et confirmée par le démocrate Joe Biden, la conviction était installée dans les différentes chancelleries que la position du Royaume-Uni allait suivre dans la foulée. Et ce pour deux raisons essentielles. La première est la proximité des approches diplomatiques traditionnelles entre Washington et Londres, liés par une convergence de destins. La seconde est la relation très spéciale que les deux Royaumes, marocain et britannique, entretiennent entre eux, non pas au fil des années mais au fil des siècles et qui rendrait bien possible une reconnaissance britannique de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Cette évolution probable dans la relation entre les deux pays vient de connaître une séquence politique assez prometteuse. Un groupe de 30 députés britanniques et Lords britanniques ont adressé, ce vendredi, une lettre ouverte au ministre des Affaires Étrangères, David Cameron, l'invitant à soutenir « officiellement et sans tarder » le plan d'autonomie marocain comme « seule solution » au conflit artificiel autour du Sahara marocain. Non seulement il s'agit d'une démarche inédite à ce stade de la relation entre les deux pays mais son intérêt majeur réside dans les raisons invoquées par les députés dans leur lettre pour tenter de convaincre l'exécutif britannique d'aller de l'avant. Le constat fait par ces députés britanniques est que la relation avec le Maroc est précieuse et mérite que leur pays clarifie une bonne fois pour toute sa position sur le Sahara. Déjà que les accords commerciaux signés entre les deux pays couvrent la Sahara marocain, ce qui équivaut à une forme de reconnaissance juridique et économique, l'enjeu aujourd'hui est de reconnaitre que l'initiative d'autonomie proposée par le Maroc pour le Sahara « respecte les traditions locales et les aspirations démocratiques, offre une solution viable pour parvenir à une paix et une stabilité durables ». Cette fameuse lettre ouverte des députés pour convaincre David Cameron met en avant les énormes potentialités qu'offre le Sahara en termes d'opportunités d'investissements et de développement dans cette région et dont pourraient profiter aussi bien l'économie britannique que le pays et la région. Les députés britanniques, pour consolider leurs argumentaires mettent avant le succès que rencontre l'option de l'autonomie dans la plupart des forums internationaux. De très nombreux pays la perçoivent déjà comme la seule solution viable et crédible à cette crise régionale, entretenue par l'Algérie. La diplomatie britannique devrait pousser dans le même sens pour affermir la stabilité et l'essor économique de cette région qui joue selon elle, un rôle primordial dans la sécurisation des chaînes de distribution, si vitales pour la prospérité des deux Royaumes. Cette lettre est importante dans la mesure où elle déroule un implacable argumentaire qui devrait mettre fin à toute hésitation ou à toute procrastination diplomatique du 10 Downing Street, le bureau du Premier ministre Rushi Sunak. Un argumentaire basé sur les développements sécuritaires de la région menacée par l'impact de la détérioration des situations au Proche-Orient au Sahel, sur les pays de l'Atlantique, de la Méditerranée et de l'Europe. La reconnaissance britannique participerait à créer une nouvelle architecture de sécurité qui protège les intérêts des deux pays face aux immenses défis qui les attendent. Ces députés mettent en avant le fait que ces constats ne sont pas le fruit d'une réflexion loin de toute réalité. Ils sont le fruit de visites de terrain et d'observations basées sur le vécu réel de cette région chargée de potentialités et en pleine mutation. David Cameron, ministre des Affaires étrangères britannique ne pourra pas faire comme si cette missive interpellatrice n'existait pas. Il est dans l'obligation quasi politique d'y répondre. D'ailleurs dans les grandes démocraties, les lettres ouvertes ou les tribunes prestigieuses sont souvent le moyen de préparer les esprits à une grande évolution et à un grand tournant. L'occasion de transformer l'essai et de répondre favorablement aux doléances de ces députés à destination de David Cameron est proche. La prochaine session du dialogue stratégique entre les deux royaumes offre une belle opportunité et une occasion pour la diplomatie britannique d'opérer le grand tournant attendu sur le Sahara qui permettra en outre de donner à la qualité de ses relations avec le Maroc une nouvelle dimension.