Aussitôt la poursuite pour « participation à un homicide volontaire » du dirigeant et élu parlementaire PJD Abdelali Hamieddine rendue publique ce lundi 10 décembre, le secrétariat général du parti a tenu une réunion extraordinaire pour « étudier le sujet sous tous ses aspects » et plaider l'innocence de intéressé. L'instance a aussi décidé de former un comité la présidence du Mustapha Ramid qui va notamment « fournir l'appui et le soutien nécessaire au frère Hamieddine« . Chronologie Pour le PJD, la future comparution du ténor islamiste Abdelali Hamieddine devant la Cour d'appel de Fès dans le cadre de l'Affaire Aït El Jid ne passe pas. Ramid: « surpris« , mais pas « nihiliste« Dans la foulée de cette annonce, l'avocat et député PJD Abdessamad El Idrissi a dénoncé sur sa page Facebook une « politisation » de ce dossier vieux d'un quart de siècle, suivi du ministre PJD chargé des droits de l'Homme Mustapha Ramid qui, dans une longue tirade sur le même réseau social, se dit « surpris » et « étonné » de constater la réouverture d'une enquête du juge d'instruction. « Que s'est-il passé pour qu'on se rabaisse à un niveau qui n'honore aucunement notre pays, il sert plutôt le nihilisme, il l'approuve et lui fournit un argument solide pour défendre la droiture de ses positions » fustige le responsable gouvernemental, qui surenchérit en parlant de « déviation grave« . تلقيت باندهاش كبير إحالة عبد العلي حامي الدين على الغرفة الجنائية من أجل المساهمة في القتل العمد من قبل قاضي… Publiée par المصطفى الرميد sur Lundi 10 décembre 2018 Les observateurs de la scène politique marocaine n'ont pas manqué de souligner un « double langage » du ministre chargé des droits de l'Homme, ancien ministre de la Justice, entre ses commentaires sur poursuites et jugements des activistes des mouvements de contestations du Rif, de Zagora et de Jerada et la poursuite en justice de son camarade de parti, Abdelali Hamieddine. Les frères en conclave Durant cette même après-midi du lundi 10 décembre, le vaisseau PJD a sonné le branle-bas de combat. Abdelali Hamieddine est un membre du secrétariat général du parti, vice-président de son Conseil national et coordinateur régional de Rabat-Salé-Kénitra. Le parti annonce dans un premier temps la tenue d'une réunion extraordinaire pour « examiner les faits nouveaux liés à la saisine par le juge d'instruction du dossier du frère Abdelali Hamieddine » et tous les cadors de la formation ont répondu présents aux Orangers, où se situe le siège du parti. Malgré les divergences (Abdelali Hamieddine fut un partisan d'un troisième mandat d'Abdelilah Benkirane à la tête du PJD et n'hésite pas à prendre position contre le gouvernement El Othmani), le communiqué de l'instance dirigeante tâche d'exprimer l' »unité » des frères. Salves d'honneur Le document, signé Saâd-Eddine El Othmani, et dont Hespress FR détient une copié, évoque dans le cadre de l'Affaire Aït El Jid « des actes pour lesquels le pouvoir judiciaire a déjà rendu des jugements définitifs, satisfaisant tous les degrés du litige depuis 1993 ». Pour rappel, Abdelali Hamieddine a écopé de deux ans de prison ferme en 1994 pour sa présumée implication dans le meurtre de l'étudiant Mohammed Aït El Jid Benaïssa, avant d'obtenir réparation de l'Instance équité et réconciliation (IER) en 2005. Le PJD n'en démord pas. La poursuite de Hamieddine « touche en profondeur un des principes fondamentaux du procès équitable représentés dans le principe de préséance » d'après le communiqué du secrétariat général qui renchérit: « cette convocation menace la stabilité et la souveraineté des décisions de justice et touche en profondeur à la sécurité judiciaire« . Et dans un appel voilé aux organisations des droits de l'Homme, le communiqué présume que le présent dossier « est celui de tous les défenseurs des droits de l'Hommes qui se soucient de l'Etat de droit. El Othmani, laconique « Souleimane (El Amrani, numéro 2 du PJD, NDLR, vous donnera une déclaration que j'approuve d'ores et déjà dans ses moindres détails. On s'est mis d'accord sur qui va parler, qui va rédiger le communiqué et qui va suivre l'affaire » lançait Saâd-Eddine El Othmani aux journalistes souhaitant recueillir ses propos à la sortie de cette réunion extraordinaire. Remontant dans sa voiture, le secrétaire général ne s'exprimera plus. Son second, Souleimane El Amrani, ne sera pas avare de mots: « la dégringolade de Hamieddine ouvrira la porte de l'enfer. Si notre pays va dans cette direction tous les dossiers qui ne sont pas devenus prescrits seront à nouveau ouverts », estime-t-il.