Un parti d'opposition et une association de consommateurs mauritaniens ont haussé le ton face à l'imposition des produits marocains importés. Les deux appellent le gouvernement à agir rapidement pour abandonner la hausse des taxes sur les produits en provenance du Maroc. Décidée le 1er janvier 2024, une taxe visant les légumes importés du Maroc est appliquée en Mauitanie. Cette mesure a suscité l'ire des Mauritaniens, des politiques ainsi que des exportateurs marocains, jusqu'à créer un réel sujet de controverse. Le sujet a même été débattu entre Rabat et Nouakchott au niveau diplomatique, notamment lors des entretiens, lundi 22 janvier à Rabat, entre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita et son homologue mauritanien, Mohamed Salem Ould Merzoug. « Les deux pays continuent de résoudre toutes les questions en suspens entre Rabat et Nouakchott y compris l'affaire des nouvelles taxes douanières. Tout différend trouvera une issue dans le cadre de la concertation et nous travaillons dans ce sens », avait affirmé à la presse, le chef de la diplomatie mauritanienne. Toutefois, le pays n'est pas revenu sur cette mesure, au contraire, un autre ministre a semblé vouloir la maintenir. Ainsi, le ministre mauritanien du Pétrole et des Mines, porte-parole du gouvernement, Nani Ould Chrougha a indiqué que la Mauritanie « n'aura pas besoin d'importer des légumes pendant la prochaine saison du Ramadan ». Cette déclaration intervient alors qu'au même moment, l'Algérie tente d'inonder le marché mauritanien de légumes pour récupérer la place du Maroc. Sauf que cela ne semble pas rassurer les partis politiques ou encore le Forum mauritanien de protection des consommateurs qui menace de faire des sit-in de protestation contre l'augmentation des prix. De même, le parti du Rassemblement national pour la réforme et le développement (TAWASOL), a publié un communiqué s'insurgeant de la flambée des prix des légumes en Mauritanie depuis janvier. Le parti devrait aborder cette question lors de son meeting prévu samedi prochain à Nouakchott, et devrait dénoncer cette mesure injustifiée et irrationnelle (les autorités mauritaniennes ont semblé vouloir protéger la production locale) puisque le manque de produits agricoles sur le marché à entraîné une hausse des prix pour les consommateurs. Le sujet est central, surtout que le pays devrait connaître une présidentielle en juin prochain Le Forum mauritanien de protection des consommateurs a appelé de son côté, le gouvernement à « prendre des mesures urgentes afin de préserver les droits des consommateurs », tout en soulignant que le pouvoir d'achat des Mauritaniens est déjà fortement touché par la hausse continue des prix et le monopole. La Mauritanie reste dépendante des exportations de légumes et fruits frais en provenance du Maroc. Les exportations marocaines représentent près de 50% des importations mauritaniennes venues de pays africains et 73% des pays du Maghreb. En 2022, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de façon exponentielle, allant jusqu'à près de 300 millions de dollars, soit une croissance de 58% par rapport à 2020. Ce développement constant des relations commerciales entre le Maroc et la Mauritanie, provoque de graves jalousies de la part du régime algérien qui y voit une menace politique pour le dossier du Sahara. Alger avait déjà tenté de se positionner en Mauritanie après avoir provoqué les événements d'El Gerguerat, lorsque des camions conteneurs de produits frais marocains ont été empêchés par la milice du polisario d'aller en Mauritanie. Au même moment, l'Algérie avait volé au secours de Nouakchott en lui envoyant des avions chargés de légumes algériens. Par ailleurs, le 24 décembre, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune a annoncé en conseil des ministres, son projet de création d'une zone de libre-échange entre l'Algérie et la Mauritanie, alors que ce point ne figurait pas à l'ordre du jour.