Le débat sur les subventions liées aux matières premières regagne le devant de la scène. Le pain, aliment de base et symbole culturel au Maroc, est au cœur d'une controverse acharnée sur les subventions gouvernementales. L'État maintient son soutien au blé tendre, mais les discussions autour de la libéralisation du secteur ou de sa décompensation suscitent des inquiétudes quant à une augmentation substantielle du prix du pain, susceptible de mettre à mal les finances des ménages les plus vulnérables. Les données statistiques sont éloquentes : le pain est un aliment omniprésent dans la vie quotidienne des Marocains. Il représente une part significative des dépenses alimentaires des ménages, en particulier pour les plus modestes. Face à cette réalité socio-économique, la question des subventions devient primordiale. Si certains peuvent supporter une éventuelle hausse, il est indéniable que pour les familles nécessiteuses, cette augmentation constitue un fardeau financier supplémentaire. Cependant, le débat s'enrichit lorsqu'il est question de l'utilisation des subventions. Des voix s'élèvent pour demander des comptes sur la répartition de l'aide gouvernementale. A cet effet, des parlementaires s'activent pour mettre en place une commission d'enquête temporaire afin d'identifier les bénéficiaires des subventions liées à la farine. Mais derrière les portes closes, des intérêts obscurs s'agitent, cherchant à contrer ces démarches transparentes. Des marchands sont soupçonnés d'avoir détourné l'aide alimentaire destinée aux plus démunis vers le marché noir, usant de fausses cartes d'approvisionnement pour leur profit personnel. Les témoignages de citoyens des régions éloignées révèlent l'ampleur de la crise. À Chichaoua et dans d'autres zones rurales, la disparition de la farine subventionnée est ressentie durement. Les organisations civiles dénoncent les manipulations des quotas de farine, revendue à des prix exorbitants sur le marché noir. Cette situation soulève des questions cruciales sur l'équité de la distribution des subventions et met en lumière les inégalités persistantes auxquelles sont confrontés de nombreux Marocains. Dans ce contexte, l'intervention de l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) prend une dimension cruciale. Face à la sécheresse qui frappe le pays et impacte la production locale de blé, l'ONICL vient d'annoncer la mise en place d'un mécanisme de soutien visant à encourager le stockage du blé tendre par les importateurs. Cette initiative comprend l'octroi de subventions dédiées au stockage ainsi qu'une subvention exceptionnelle sur l'importation du blé tendre, sous réserve d'éligibilité à l'allocation. Dans le cadre de cette périodicité, la quantité maximale éligible au soutien est fixée à 10 millions de quintaux de blé tendre, avec une majoration de 10 %. Le Bureau attribuera ces 10 millions de quintaux aux importateurs en fonction de leurs déclarations d'importation, suivant le principe de priorité. Il convient de noter qu'un plafond mensuel de 3 millions de quintaux est instauré pour les mois de février et mars 2024, et de 4 millions de quintaux pour le mois d'avril 2024. La prime de stockage, fixée à 2,5 dirhams par quintal, sera versée pour les quantités importées et déclarées par l'opérateur dans le secteur des céréales. Ces quantités doivent être conservées dans ses entrepôts pendant une période de deux semaines complètes. L'Office explique que le calcul de la prime se fera sur une base bihebdomadaire chaque mois et sera accordée pour le stock détenu les 1er et 16 de chaque mois, les sorties étant déduites du stock déclaré pour les deux semaines précédentes. Les défenseurs de ces subventions soutiennent qu'elles sont nécessaires pour garantir la sécurité alimentaire du pays dans un contexte de crise climatique. Pourtant, les critiques soulignent les abus et les inégalités dans la distribution des subventions. Les principaux bénéficiaires de ces subventions justifient cette politique comme un nécessaire incitatif à l'importation de blé dans un contexte de sécheresse prolongée. Ce débat complexe met en lumière les défis auxquels est confronté le Royaume dans la gestion de ses ressources alimentaires. Plus qu'une simple question économique, la question des subventions alimentaires revêt un enjeu social et politique majeur, appelant à une action concertée et transparente pour répondre aux besoins fondamentaux de la population.