Sous la présidence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le Conseil du gouvernement a tenu ses travaux ce jeudi 30 novembre. Il a à l'occasion, discuté et approuvé le projet de décret 2.23.1041 fixant les conditions et modalités pour bénéficier du soutien public aux secteurs de la presse, de l'édition, de l'impression et de la distribution, présenté par Mohamed Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, en tenant compte des observations soulevées. Ce projet de décret vise à mettre en œuvre les dispositions de l'article 7 de la loi n° 88.13 relative à la presse et à l'édition, qui vise à soutenir la presse, l'édition, l'impression et la distribution, à réformer le secteur de la presse, à soutenir et moderniser les institutions de la presse et de l'édition, ainsi que les entreprises d'impression et de distribution, sur la base des principes de transparence, d'égalité des chances et de neutralité, afin de renforcer le rôle de la presse nationale et internationale dans la défense des grandes causes du Royaume. Ce soutien public vise aussi à développer la lecture, à promouvoir la diversité et à soutenir les ressources humaines en renforçant les capacités, la formation et l'accompagnement pour la qualification. Il encourage la conclusion d'accords de travail entre les organes représentant les institutions de presse et les syndicats de presse. De plus, il prône l'investissement, la modernisation de la production et de l'équipement, le développement de l'impression de la presse nationale et l'amélioration de ses structures de distribution. Portant sur plusieurs dispositions énonçant les conditions d'utilisation du soutien public par les institutions de presse, les entreprises d'impression et de distribution, le texte précise les conditions communes entre elles ainsi que les conditions spécifiques pour chacune d'entre elles, en plus des conditions propres à chaque publication périodique imprimée ou journal électronique. À cette fin, une commission appelée « Commission de soutien au développement du secteur de la presse, de l'édition, de l'impression et de la distribution » sera créée, a-t-il été annoncé. Cette commission sera chargée d'étudier les dossiers pouvant bénéficier du soutien alloué à la presse, à l'édition, à l'impression, à la distribution et à la diffusion. Ses membres s'engageront à respecter une charte d'éthique. De plus, un secrétariat sera nommé pour la commission, chargé de recevoir les dossiers candidats au soutien, de s'assurer de la conformité de ces dossiers aux conditions d'acceptation et de fournir à la commission toutes les informations et documents requis par ses membres. Bensaid face aux questions des journalistes Lors de la conférence de presse organisée à l'issue du Conseil du gouvernement, la majorité des questions des journalistes présents portaient sur ce projet de décret qui n'a pas plu aux syndicats de la presse et aux associations, encore moins aux journalistes professionnels. Le porte-parole de l'Exécutif, Mustapha Baitas, a donc donné la parole au ministre de tutelle, Mohamed Mehdi Bensaid, qui a commencé par souligner que ce projet de décret a été accéléré à la demande des syndicats et des associations. « Depuis le début de la crise sanitaire Covid-19, le gouvernement marocain a soutenu les entreprises de presse et les médias. Aujourd'hui, la première promesse qui a été faite il y a un an a été tenue. Le budget dédié à soutenir la presse est passé de 60 millions de dirhams à 240 millions de dirhams« , a-t-il expliqué, soulignant que « le cœur de ce décret, que je considère comme un investissement, est le journaliste. Les accords qui ont été signés seront respectés, et le décret fait référence à ces accords« . Selon Bensaid, « les ressources humaines sont les plus importantes dans toute démarche entreprise par le gouvernement, et les journalistes sont l'essence du secteur. Il est attendu que toutes les entreprises adhèrent à cette mission« . Concernant les remarques touchant la « Commission de soutien » qui sera créée pour s'occuper du soutien, le ministre a précisé que les éditeurs seront présents dans cette commission, notant que « la voie de la réforme a été ouverte afin qu'il y ait une représentation des éditeurs les plus représentatifs du secteur« . « On est parti avec le principe de soutenir l'investissement dans le secteur de la presse, parce qu'on veut des médias indépendants, surtout avec la crise des publicités que connaît le secteur. Donc, on veut des médias indépendants qui critiquent le gouvernement, la situation, etc., mais qui aient aussi un impact au niveau international, et qu'on transmette nos messages et notre cause nationale. Il y a beaucoup de correspondants marocains qui travaillent pour des médias étrangers. Pour accompagner ces médias et journalistes qui se sont lancés, on a décidé de soutenir l'entrepreneuriat. Nous voulons faire évoluer le secteur, sans exclure personne. Il y a des médias où on trouve seulement deux personnes . Aujourd'hui, la condition pour soutenir une entreprise, c'est d'avoir au moins 5 employés, même si on trouve que c'est peu« , a-t-il expliqué. Tout en rappelant que le journalisme est un métier noble, Bensaid a précisé que le soutien a été lié directement à la préservation des emplois et à la stabilité des journalistes, notant que les patrons sont également d'accord sur ce point et que la presse ne peut évoluer sans la contribution des associations et des syndicats. Le décret n'est pas une finalité, a poursuivi Bensaid, expliquant qu'il y aura une décision conjointe qui sera publiée prochainement, en partenariat avec les syndicats et les associations les plus représentatifs, notant que la formation continue sera également soutenue via ce décret et que le métier de journaliste sera en constante évolution. Concernant le soutien aux médias étrangers installés au Maroc, Bensaid a été ferme. « On soutient seulement les médias marocains et nationaux, et ce, par la force de la loi, ce n'est pas une volonté politique. Il y en a qui ont lancé des médias nationaux qui publient en langue étrangère, et même s'ils veulent ouvrir des bureaux à l'étranger, ce décret nous permet de les aider, mais pas à 100%, seulement en partie« , a-t-il expliqué. Et de conclure : « Aujourd'hui, le Maroc n'a plus besoin de presse étrangère pour parler de lui, on a des médias et des journalistes marocains qui le font très bien aujourd'hui. En Afrique, par exemple, il n'y avait que le pôle public (MAP, SNRT, ...) qui était présent. Aujourd'hui, le secteur privé y est aussi. Et notre cause nationale, on va la gagner avec la presse marocaine« .