Le secteur de l'enseignement est actuellement plongé dans une véritable crise depuis le début de la saison scolaire. La situation découle notamment de l'adoption d'un statut unifié par le Conseil du gouvernement, sans pour autant parvenir à un consensus final avec les syndicats. Ce statut peine à répondre aux légitimes revendications du corps enseignant, laissant des milliers d'enfants sans école et privés d'éducation en raison des grèves successives des enseignants. Les raisons de cette crise prolongée au sein du secteur éducatif demeurent floues. Pourquoi le gouvernement n'arrive-t-il pas à résoudre définitivement le problème des enseignants qui perdure depuis plus de quatre ans ? Cette impression persistante que certaines parties prenantes dans cette crise semblent peu soucieuses de l'avenir de l'école publique et des élèves, malgré leurs discours enjolivés, suscite des interrogations légitimes. Le problème est-il purement financier ? Pour éclaircir ces questions qui suscitent l'inquiétude de l'opinion publique marocaine, Hespress Fr s'est entretenu avec Younès Firachine, secrétaire général du Syndicat national de l'enseignement (SNE) affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT). Ce syndicat vient en effet de publier un communiqué dénonçant les déclarations d chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui s'est engagé à résoudre le problème des enseignants en mettant en place une commission ministérielle. Les récentes déclarations d'Akhannouch ont provoqué l'indignation du SNE, en ce sens qu'il avait affirmé lors de la réunion de la majorité gouvernementale que les salaires devaient être augmentés de 2.500 Dh, mais que les syndicats ont exprimé le souhait que cette augmentation soit liée à l'évolution de la carrière professionnelle. Younes Firachine a souligné que ces déclarations confondent hausse des salaires et promotion. Il a également critiqué les déclarations de responsables qui semblent mal informés sur le dossier tout en s'exprimant comme des experts. « Les déclarations du chef du gouvernement portent des confusions entre la hausse des salaires et la promotion, qui est un droit non seulement des enseignants, mais de l'ensemble des employés. Le dossier de la catégorie supérieure, ou grade exceptionnel, est une correction pour une catégorie de plus de 220.000 enseignants qui étaient bloqués dans diverses échelles et n'avaient pas la possibilité de développer leur parcours professionnel. La demande principale est, comme dans tous les secteurs, une augmentation de salaire pour les enseignants. C'est la principale revendication. Ensuite, il y a d'autres revendications dans le cadre du statut unifié« , a confié Firachine. Selon notre interlocuteur, les syndicats ont besoin d'un interlocuteur unique critiquant ainsi les multiples interventions de responsables qui semblent ne pas maîtriser les détails du dossier. « Il y a des responsables qui déclarent qu'une augmentation de 2.700 DH a déjà eu lieu. Où ça ? Est-ce qu'ils parlent des enseignants au Maroc ou d'un autre pays ?. Puis, les déclarations provocatrices ont commencé avec le ministre de l'éducation nationale, lorsqu'il a fait plusieurs sorties médiatiques qui ont alimenté la tension au sein du corps enseignant. Aujourd'hui, c'est au tour du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, de se pencher lui aussi sur le sujet qu'il ne maîtrise pas. Il y a des enseignants qui n'ont jamais fait grève ni participé à un sit-in, mais l'ont fait après la déclaration d'Ouahbi« , a-t-il ajouté. Tout en soulignant que la création d'une commission ministérielle par le chef du gouvernement était une étape positive, Firachine a précisé que les syndicats ne souhaitent pas participer à des discussions et des réunions sans obtenir des réponses concrètes à leurs demandes. En réaction aux déclarations du porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, sur le dialogue, Firachine a exprimé sa surprise, soulignant que c'est au gouvernement de convoquer les syndicats s'il souhaite résoudre le dossier et non l'inverse. Concernant son avis sur la finalité de cette crise, Firachine estime qu'une réelle volonté politique de réformer l'école publique est nécessaire. Sans cela, la boucle de la crise persistante continuera, et les principales victimes seront l'école publique, les élèves et les enseignants, a-t-il insisté. Interrogé sur la raison réelle de cette crise, et si elle est purement financière, Firachine a rappelé que le gouvernement a indiqué que le dialogue dans le secteur a coûté 9,5 milliards de dirhams. « Si cette somme est distribuée de manière équitable au niveau des fonctionnaires de l'éducation nationale, soit 330.000 personnes, cela fera 2.500 net pour chacun« , a-t-il expliqué, soulignant que la clé réside dans une gouvernance adéquate et une distribution équitable de ces fonds. En somme, la crise persistante dans le secteur de l'enseignement au Maroc témoigne des défis complexes auxquels sont confrontés les enseignants et le corps éducatif. Les déclarations contradictoires des responsables gouvernementaux et des parties prenantes, couplées à un manque de consensus sur le statut unifié, alimentent l'incertitude et la frustration au sein de la communauté éducative, mais aussi parmi les parents qui observent avec désespoir l'avenir de leurs enfants s'envoler sans pouvoir agir.