La Turquie a montré, encore une fois, qui est le maître, dans l'histoire du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre à l'intérieur du consulat saoudien à Istanbul. En plus de réfuter la version du meurtre par le procureur saoudien, la Turquie en rajoute une couche. Le procureur général saoudien annonçait jeudi 15 novembre, que le parquet saoudien avait requis la peine de mort pour cinq des accusés dans le meurtre du journaliste ennemi du pouvoir, tout en écartant l'implication du roi Salmane et son prince héritier Mohamed Ben Salmane dit MBS dans ce meurtre où le président turc Recep Tayyip Erdogan ne cesse de marteler qu'il a été prémédité aux plus hauts sommets de l'Etat sans pour autant nommer les parties prenantes. Le haut fonctionnaire saoudien a par ailleurs évoqué en détails la version saoudienne de ce meurtre, une énième version mensongère qu'Ankara n'a pas hésité à remettre en cause, encore une fois par le biais de la presse, qui s'est imposée comme étant le premier ennemi à craindre par Ryad. En effet, la presse turque a dit disposer de preuves évidentes notamment un deuxième enregistrement audio discréditant la version saoudienne. Ankara rabat le claquet à Ryad Ryad a déclaré la veille que le journaliste a été « drogué et démembré » au sein du consulat après que le leader de l'équipe menant l'opération ait décidé de son propre chef de le tuer, contrairement à la mission qui leur a été confiée, celle de ramener Jamal Khashoggi de gré ou de force en Arabie Saoudite. Seulement, selon les médias turcs, à travers l'éditorialiste Abdulkadir Selvi du quotidien Hürriyet, les autorités turques disposent de deux enregistrements sonores sans équivoque, montrant que d'aucune manière, les Saoudiens n'ont tenté de convaincre le journaliste de les suivre en Arabie Saoudite, et que la victime a été étranglée à l'aide d' »une corde » ou d'un « sac en plastique« . Par ailleurs, un enregistrement de 15 minutes précédant le meurtre permet ' »d'entendre l'équipe saoudienne en train de discuter de la façon d'exécuter Khashoggi, passer en revue son plan préparé à l'avance et rappeler à chacun de ses membres son rôle« , a écrit l'éditorialiste turc. Selon Abdulkadir Selvi, les autorités turques auraient également en leur possession d'autres preuves sonores, des appels téléphoniques effectués à l'international qui ont suivi le meurtre. Fethullah Gülen fait l'objet d'un deal avec les USA Faisant pression sur l'allié traditionnel des Etats-Unis, Ankara se trouve en position de force pour tirer profit du jeu en négociant l'extradition de l'opposant Fethullah Gülen (responsable du putsch raté contre le président Erdogan selon le pouvoir turc) qui, selon NBC News, ferait l'objet d'un deal entre Washington et Ankara. D'après le média américain, l'administration Trump chercherait un moyen d'expulser l'opposant turc exilé aux Etats-Unis depuis 1999, notamment en demandant au département de Sécurité intérieure de lui fournir des informations sur son statut juridique pour justifier une éventuelle expulsion. L'une des options privilégiées pour se défaire de l'opposant serait de le faire installer en Afrique du Sud.