Le Maroc s'apprête à accueillir début décembre le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, Olivier De Schutter. Il est attendu pour examiner les efforts du gouvernement pour éradiquer la pauvreté et doit présenter son rapport le même mois. En Algérie, la situation est différente, les autorités refusent l'entrée du rapporteur de l'ONU. « Ma visite en décembre sera l'occasion d'écouter et d'en apprendre davantage ainsi que de faire des recommandations au gouvernement sur la manière dont il peut protéger les plus vulnérables de ces chocs », a déclaré l'expert belge qui doit se rendre au Maroc du 6 au 19 décembre. Olivier De Schutter a été nommé par le Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies à ce poste en mai 2020. Il est chargé de mener les enquêtes indépendantes du Conseil et des mécanismes de suivi qui portent soit sur des situations nationales spécifiques, soit sur des questions thématiques dans toutes les régions du monde. « Le Maroc, comme la plupart des pays, a dû subir le double choc du Covid-19 et de la montée en flèche de l'inflation, avec des années de progrès en matière de lutte contre la pauvreté maintenant en déclin », a-t-il ajouté Le rapporteur de l'ONU doit faire rapport sur la question de la pauvreté au Maroc et formuler des recommandations. Sa visite intervient dans un contexte inédit, après deux ans de pandémie qui a sévèrement touché le pays et surtout le secteur non conventionnel, une crise mondiale dont les effets se font ressentir sur les prix des produits de consommation, et le nouveau modèle de développement du Maroc ainsi que le chantier royal de protection sociale pour tous. Selon le Haut-Commissariat au plan, La combinaison de la pandémie et de la hausse des prix à la consommation a plongé 3,2 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté ou la vulnérabilité au Maroc. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, devra examiner la situation pendant deux semaines et devrait également se pencher sur la qualité des systèmes de santé, de logement et d'éducation du pays, selon l'ONU. Il devra également aller à la rencontre des groupes les plus fragiles, les plus touchés par les effets de la pandémie et de l'inflation, à savoir les femmes, les enfants, les personnes en situations de handicap, les personnes âgées et les migrants. L'expert de l'ONU se rendra dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, du Grand Casablanca, la province de Ouarzazate et la région de Marrakech-Safi pour rencontrer des responsables gouvernementaux nationaux et locaux, des individus et des communautés touchés par la pauvreté, ainsi que des organisations internationales et nationales de la société civile. Une situation différente en Algérie A l'inverse du Maroc, l'Algérie a refusé l'accès à son territoire au rapporteur spécial onusien qui devait s'y rendre en principe en septembre pour effectuer une visite et faire son rapport. Dans le cas de l'Algérie, le rapporteur Clément Nyaletsossi Voule, nommé rapporteur spécial sur les libertés en 2018, devait rencontrer les responsables des partis d'opposition et ceux de la société civile autonome pour faire un rapport sur la situation des droits de l'Homme après les événements du Hirak et la montée au pouvoir d'Abdelmadjid Tebboune. Cette situation de détérioration des droits de l'homme s'est accompagnée d'une vague de répression sans précédent dans le pays où près de 300 personnes sont emprisonnées pour diverses charges essentiellement liées à leur participation aux manifestations anti-système du Hirak ou de suspicion d'appartenance au mouvements Rachad et MAK récemment inscrits par les autorités algériennes comme « organisations terroristes ». La visite Clément Nyaletsossi Voule qui devait se dérouler du 12 au 22 septembre a été annulée début septembre à la demande de la partie algérienne, et le gouvernement aurait demandé le report de cette visite jusqu'en 2023. Depuis 2020, les autorités algériennes n'ont eu de cesse de reporter cette visite malgré l'urgence de l'évaluation indépendante de la situation. Cependant, il faut remonter à 2011 pour trouver la date du premier refus. L'Algérie a été critiquée à plusieurs reprises ces 4 dernières années par plusieurs pays, instances et institutions internationales sur la question des droits de l'homme et des libertés publiques. Le 11 novembre, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont ouvertement critiqué l'Algérie lors de son examen périodique universel (EPU) au Conseil des droits humains (CDH) à Genève.