Perçues comme un prolongement du scrutin présidentiel d'avril dernier, les élections législatives françaises du 12 juin n'en demeurent pas moins cruciales pour les principales formations politiques du pays, organisées en trois blocs principaux, qui chercheront à capitaliser sur les performances de leurs leaders lors de la course à l'Elysée et peser aux structures de prise de décisions. Si la majorité présidentielle réunie au sein d'une confédération baptisée « Ensemble » regroupant le parti d'Emmanuel Macron La République en Marche (LREM) -rebaptisé « Renaissance » -, MoDem et Horizons, ambitionne d'obtenir une large majorité à l'Assemblée nationale, afin de poursuivre les chantiers lancés lors du premier quinquennat du président réélu, elle aspire également à éviter une majorité relative, synonyme d'une cohabitation difficile entre le chef de l'Etat et son Premier ministre. Même si, depuis le passage du septennat au quinquennat lors du référendum organisé par Jacques Chirac en l'an 2000, ce risque de cohabitation a presque totalement disparu en France, explique l'essayiste et chargé d'enseignement en droit constitutionnel à l'université Paris Cité, Jérôme Besnard. La nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, aura toutes les chances de se maintenir à Matignon si elle est élue dans sa circonscription de Normandie, note notre source, qui observe néanmoins qu'un certain nombre de données sont encore incertaines à la veille de ces élections. Les oppositions, aussi bien de gauche que de droite, mobilisées au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron, auront pour missions de rallier plus de sympathisants à leurs programmes à la lumière des soutiens et des résultats obtenus lors de l'élection présidentielle dans la perspective de faire bloc à la majorité présidentielle et instaurer un équilibre de pouvoirs. Rassemblée sous la bannière de la « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » (NUPES), qui regroupe la France Insoumise, le Parti socialiste, le Parti communiste français et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), la coalition de gauche veut surtout capitaliser sur le charisme et les excellents résultats de son ténor, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle avec une petite différence par rapport à la dirigeante du parti d'extrême droite, le Rassemblement National (RN), Marine Le Pen. La coalition ambitionne en effet de s'ériger comme la principale force d'opposition, en faisant élire un nombre de députés conséquent, alors que Jean-Luc Mélenchon veut occuper le poste de Premier ministre en cas de majorité absolue à l'Assemblée nationale, même si, dans la Constitution, rien n'oblige le chef de l'Etat à le placer à Matignon en cas de victoire. L'extrême droite voit, pour sa part, dans ce scrutin l'opportunité de réaffirmer l'exploit de sa dirigeante Marine Le Pen, qui a porté ses couleurs pour la deuxième fois consécutive au second tour des présidentielles, avant de s'incliner face à Emmanuel Macron en obtenant 41,45 % des suffrages. Marine Le Pen aura pour objectif de constituer un groupe parlementaire de la droite nationale pour la première fois depuis 1988, estime Jérôme Besnard. La droite conservatrice et libérale, constituée des Républicains (LR) et leurs alliés, pense, elle, pouvoir maintenir son groupe parlementaire à un niveau significatif malgré une absence de leader, remarque l'universitaire. Affaiblie par la défaite cuisante de sa candidate Valérie Pécresse, actuelle présidente d'île de France, lors du scrutin présidentiel, et le départ du chef de son groupe à l'Assemblée, Damien Abad, qui a été nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées au sein de la nouvelle équipe gouvernementale, la droite républicaine aura pour mission de signer des résultats à même de lui permettre de continuer à peser à l'Assemblée en tant que force d'opposition. « Le véritable enjeu de ces élections législatives c'est surtout la composition de la future opposition présidentielle », relève l'essayiste, pour qui, quels que soient les résultats, les trois oppositions « auront beaucoup de mal à s'entendre et à contrecarrer la politique du Président de la République ».