En réaction aux violents heurts qui ont émaillé les récentes sessions du Conseil de la ville de Rabat, le secrétariat provincial du PJD a organisé un point de presse pour expliquer sa version des faits en tenant son rival du PAM comme « responsable » de situation. La prochaine réunion extraordinaire, le 7 novembre prochain, du Conseil s'annonce tumultueuse. Le PJD section Rabat se met à l'offensive. Dans son siège centrale ce mercredi 31 octobre, le parti a aligné ses cadors locaux pour donner sa version sur l'ensemble des cas de violence qui émaillent les sessions du Conseil de la ville de Rabat, présidé par un cador de la maison : Mohamed Sadiqi. Aux côtés du député-maire de la capitale, le président de l'arrondissement de Youssoufia Abderrahim Laqraâ, le parlementaire et secrétaire régional PJD Abdelali Hamiddine, le secrétaire provincial Hafid Moustaïne et le président de l'Association des élus PJD, Mouh Rejdali sont venus appuyer la position peu enviable dans laquelle se trouve l'élu. Après 4 séances de travail pour le compte de la session ordinaire d'octobre, le maire n'arrive toujours pas à et à boucler son budget 2019. Et pour cause : les altercations verbales mais surtout physiques mettant aux prises les conseillers du PJD et du PAM entravent tout bon déroulement des réunions. Dernier fait en date, l'occupation du pupitre présidentiel normalement réservé au maire, à ses adjoints et au représentant du Wali par des édiles du PAM. Les scènes de pagaille généralisée qui s'en sont suivi ont fait le tour du web. Et les hôtes n'ont pas manqué de le rappeler en exposant une compilation de vidéos où l'on voit des conseillers PJD malmenés par leurs confrères de l'opposition. Lire aussi : Rabat : Pourquoi le blocage au sein du Conseil de la ville s'éternise Responsabilité politique « Ceux qui prétendent appliquer la loi doivent être les premiers à s'y conformer », fustige d'emblée le secrétaire provincial du parti de la Lampe Hafid Moustaïn. Les éléments de langage ne mentent pas : le PJD section Rabat est bel est bien en phase offensive. De l'intitulé du point de presse aux arguments redondants des intervenants, les termes « baltajiya » (voyouterie), « blocage » fusent pour décrire une « situation perverse » dont les élus PAM seraient « les seuls et uniques responsables ». « Les communales de 2015 ont donné le PJD grand vainqueur à Rabat. Nous l'avons emporté dans 4 arrondissements sur 5 en y faisant chuter le PAM qui les présidait. Et c'est ce qui a conduit ses élus à nous déclarer la guerre par tous les moyens possibles et imaginables », tance Abdelali Hamiddine. Le conseiller parlementaire en appelle à « la sagesse du secrétaire général du PAM (Hakim Benchamach, ndlr)» qui, selon lui, « doit prendre ses responsabilités et se prononcer sur les cas de violence perpétrée contre les conseillers PJD de Rabat ». De même, Abdelali Hamiddine s'est adressé aux élus FGD de la ville, les incitant à sortir de leur mutisme, eux qui « refusent de choisir entre le bourreau et la victime ». Youssoufia, épicentre de la lutte PJD/PAM Président PJD de la circonscription de Youssoufia, Abderrahim Laqraâ est intervenu pour « dénoncer les manœuvres du PAM qui bloque le bon fonctionnement des travaux » dans son fief. Il dirige cette circonscription très disputée et fortement peuplée à la tête d'une coalition comprenant le MP et l'UC (un total de 30 sièges sur les 43 du Conseil). Mais c'est le PAM d'Ibrahim Joumani qui donne du fil à retordre à cette alliance restée fragile. C'est que l'homme fort du parti du Tracteur à Rabat est accusé par le PJD de vouloir « faire chuter la coalition et destituer le PJD de la présidence ». De plus qu'un rapport sur la gestion administrative et financière de l'arrondissement de Youssoufia par l'inspection de la Direction générale des Collectivités locales relevant du ministère de l'Intérieur divise les deux parties. Pas encore rendu public, cette « boite noire », comme l'appelle Laqraâ « ne contient aucune donnée remettant en cause le travail de la présidence » selon lui. Mais l'élu et parlementaire PJD assure qu'il ne fera « aucun commentaire de fond sur cet audit, tant que sa version électronique ne sera pas rendue publique ». Lui aussi dénonce « des cas de violences aggravées, rapportés dans les PV des réunions du conseil de la circonscription ». Un maire discret et sur ses gardes Resté muet tout au long de ce point de presse, le maire Mohamed Sadiqi ne s'est exprimé que suite aux questions des journalistes. Interrogé par Hespress FR sur l'état d'avancement du Plan d'action communal (PAC) que le Conseil devait adopter durant la première année de son mandat comme l'exige la Loi organique relative aux communes, l'élu répond qu'il a été parmi les premiers au Maroc à lancer la procédure d'adoption en juillet 2016. Année éléctorale et « relations difficiles avec certains responsables des autorités (allusion faite à l'ancien Wali devenu ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit, ndlr) » obligent, le maire dit avoir reçu une lettre lui demandant de « suspendre la procédure d'élaboration du PAC ». « Le bureau de la présidence est rempli de cadres compétents. Ce n'est pas un problème de difficulté à faire porter ce Plan » justifie-t-il. En outre, Mohamed Sadiqi ajoute que le lancement du grand programme « Rabat ville lumière, Capitale marocaine de la culture » voulu par le roi Mohammed VI retient toute l'attention du Conseil. « Que vaut notre PAC en comparaison à un tel chantier ambitieux ? », se demande Mohamed Sadiqi dans une question rhétorique. Espérant le dénouement de ce long feuilleton opposant sa majorité au PAM, le maire donne rendez-vous le 7 septembre prochain pour la session extraordinaire du Conseil de la ville. Soit sa manière de mettre l'opinion publique à témoin de tout excès de comportement.